Gaeth Fitzroy - Long live the King! [FINI]

"Il ne parle pas beaucoup c'petit..."
"Regardez comme il est petit pour son âge! Ne mange-t-il donc pas à sa faim?"
"Fait-il vraiment partie de cette famille? Ce gringalet n'a rien à voir avec ces fiers rois d'antan..."

Des critiques. Toujours des critiques et des quand-dira-t-on qui vous brisent une vie. Malheureusement pour ces ragoteurs et ces personnes sans scrupules, la famille Fitzroy se souda autour du petit bout d'homme qu'était le petit Gaeth. Certes, à 6 ans, il n'était pas grand et paraissait plutôt chétif mais il avait cette lueur dans le regard qui prouvait son intelligence précoce. A l'époque, il n'était pas très bavare et se contentait même de signes pour communiquer avec les autres. Ses parents ne comprenaient pas pourquoi il se comportait ainsi mais il ne le forçait jamais à faire quoi que ce soit, de peur qu'il ne se renferme davantage.
Lors d'une nuit aussi noire que le charbon, le petit garçon, agité, se tournait et se retournait dans son lit. Des images de souffrances, de haine lui parvinrent aussi clairement qu'une peinture réaliste. Alertée par ses cris, la nourrice se précipita à son chevet. C'est alors qu'elle eut un mouvement de recul. Le yeux de l'enfant avait pris une teinte dorée d'un magnifique éclat. D'abord effrayée, la jeune nourrice se souvint ensuite que ce n'était encore qu'un enfant et décida donc de s'assoir à côté de lui et d'attendre qu'il revienne à lui... Gaeth, lui, ne faisait plus attention à ce qui se passait autour de lui. Seule sa vision lui apparaissait réelle: une jeune femme aux cheveux noirs de jais se tenait debout face à une grande assemblée présidée par le roi en personne.... L'atmosphère lui semblait lourde, comme empreint d'une profonde gravité et solemnité. Partout où il posait les yeux, les gens étaient comme figés. Le temps semblait s'être arrêté. Il pouvait voir clairement les faciès de chaque personne présente et ils resteraient à jamais gravés dans sa mémoire. Les yeux de la jeune femme regardaient avec sévérité l'assemblée et il lui semblait voir une ombre noire planer au dessus d'elle. Il savait que quelque chose allait arriver. Il le sentait...

Il se réveilla. Comme d'un long sommeil sans rêve.

Sa première vision avait été douloureuse, pleine de non-sens et de personnes qu'il ne connaissait pas. En pleurs, il se réfugia dans les bras de sa nourrice qui le berça tendrement. "Ne pleures pas, mon enfant... C'est fini maintenant..."Plus tard, ses parents furent mis au courant de la condition de leur fils. Gaeth étant fils unique, ils croyaient en lui et ne lui reprochèrent jamais ce don. En revanche, il ne raconta jamais ce qu'il avait vu. Et pendant longtemps il pensa que cette première vision ne se réaliserait jamais. Jusqu'à très récemment. Etrangement, le choc qu'il avait subi ne le rendit pas plus réservé. Au contraire, il se mit à parler plus facilement, comme s'il était libéré d'un poids. Fuyant les ténèbres de ses visions, Peu à peu, il montra un intérêt croissant pour tous les livres qui tombaient entre ses mains. Dynamique il s'avéra doué en tout ce qu'il faisait, y compris dans les exercices physiques, démentant ainsi ceux qui l'avaient pris pour un incapable.

S'étoffant peu à peu, prenant de l'assurance, Gaeth devint un adolescent plein de sagesse, instruit et apparemment plein de bon sens. Ses premières apparitions à la cour se firent vers l'âge de 15 ans. La famille royale lui fit un très bon accueil et il se sentit bientôt plus à l'aise entourés de nobles que seul dans sa chambre à maudire ses cauchemars... Se contentant tout d'abord découter et d'apprendre, il osa bien vite prendre à son tour la parole pour exprimer ses opinions, notamment sur les tactiques militaires à employer. Fort de ses connaissances sur le sujet, il était persuadé que de ressortir de belles tactiques qui avaient autrefois fonctionné pourrait être pertinent. Malheureusement, on le lui reprocha sévèrement: "Pour qui te prends-tu? Au lieu de nous assomer avec tes écrits vieux comme la pierre, tu ferais mieux de faire marcher ta propre cervelle!" Sans voix, le jeune garçon rumina quelques temps avant de prendre cette remarque au pied de la lettre. Son réel problème était à l'époque qu'il ne voulait simplement pas faire l'effort de penser par lui-même, alors que son intelligence lui permettait de faire des merveilles. Dès lors qu'il se mit en tête d'impressionner ses pairs, il se mit à créer et à écrire de nouvelles stratégies militaires. Même si ses propositions étaient parfois fantaisistes, elles n'en demeuraient pas moins originales et efficaces.



"NON!"
"Calmes-toi mon fils! C'est indigne de toi!" Rétorqua un homme au visage sévère mais juste.
"Vous... Vous m'avez trompé! Vous m'aviez promis... promis que je pourrais choisir celle qui partagera ma vie!"
Un bruit de verre cassé fit sursauter la mère du jeune noble. Les sourcils levés, elle regardait avec inquiétude son fils, craignant qu'il ne mesure pas sa force. Elle avait l'habitude de ses crises, mais il était rare de le voir à un tel point d'énervement. Cela se voyait surtout lorsqu'il commençait à bégayer ou à ne plus réussir à aligner plusieurs mots. Quelque chose n'allait pas... Sa colère était profonde, noire et il ne pouvait que s'énerver sur ce qu'il trouvait à portée de main. Un vase surement très cher à l'occurence. Et le pire, c'est qu'il n'en avait cure. Il ne comprenait pas pourquoi ils avaient pris cette décision sans même lui en avoir parlé avant. Il voyait noir, tournait en rond dans la pièce, sans toutefois pouvoir regarder en face ses parents. Ils ne savaient. Ils ne pouvaient pas comprendre. Bien sur, il ne supportait pas d'être ainsi au pied du mur, et il en voulait terriblement à ses géniteurs de l'avoir mis dans cette situation. Mais c'était tout autre chose qui le mettait de si mauvaise humeur.

La peur.

Oui, il avait peur. Quel sentiment cruel! Son propre pouvoir lui avait jeté de nouveau un sale tour. Car c'était bien l'une de ses visions les plus récentes qu'il craignait, une de celles qui le hantaient jour et nuit. Les images étaient si nettes dans son esprit qu'il pouvait les voir les yeux ouverts, alors même qu'il tentait de se contrôler... Une jeune femme aux yeux clairs l'observait avec souffrance. On pouvait lire dans son regard à la fois l'amour qu'elle avait pour lui et la peur de l'avenir. Il ignorait pourquoi mais il savait qu'elle allait mourir. Horrifié, il ne pouvait rien faire pour la sauver. Il tentait de se débattre, de la rassurer mais il n'y avait rien à faire, la mort était impitoyable. Le pire était bien la fin de sa vision. Le dernier souffle. Un dernier regard. Et puis plus rien. Le néant, et la douleur de la perte... sans jamais l'avoir connu. Bien sûr, Gaeth savait que ce n'était qu'une vision et qu'avec de l'espoir, elle ne se réaliserait jamais. Cette annonce de fiançailles était venu tout boulerverser. Qui sait si la jeune Flore n'était pas cette jeune femme qui mourrait dans ses bras?

Il mit plusieurs minutes à se calmer, retrouvant une respiration normale après avoir accepté de s'assoir. le regard dans le vide, il finit par dire quelques mots d'une voix cassée: "Pardonnez-moi. Je ne voulais pas..." Se relevant, il reprit son visage de façade et plongea son regard sombre dans celui de son père. "Si ces fiançailles peuvent faire la fierté de notre famille alors je ne peux que me plier à votre volonté." Ces paroles étaient celles d'un sage noble. Il n'en pensait pas un seul mot. Son coeur le suppliait de refuser de se plier aux règles, mais la raison était bien plus forte et seule la notoriété des Fitzroy comptait réellement...