Echo des Plaines : Chapitre VII ▬ Le Retour d'Inasmir


 
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 La dissonance au coeur du chant des oiseaux...

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Jullanar Osgrey

Jullanar Osgrey

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MessageSujet: La dissonance au coeur du chant des oiseaux...   La dissonance au coeur du chant des oiseaux... EmptyLun 20 Déc 2010, 13:59

En ce début d’après-midi, le soleil brillait sur la capitale. Jullanar se rendait à grandes enjambées dans le quartier de Perllan où régnait une certaine agitation. Les gens papotaient devant chez eux, des fermiers menaient quelques bêtes jusqu’à leurs pâturages et les acheteurs entraient et sortaient des boutiques ouvertes. La différence entre la cité haute et le milieu presque rural du quartier était assez impressionnante. Ce devait être pour cette raison que beaucoup pensaient que Perllan était un village au pied de la capitale et non un quartier de la ville.

Depuis trois semaines, maintenant, Jullanar se rendait presque tous les jours dans la basse ville, à des heures plus ou moins régulières. Elle entretenait une correspondance étroite, et plutôt urgente, avec l’un des mages du Sanctuaire et, plutôt que d’utiliser leurs pouvoirs qui les videraient de leur énergie en un rien de temps – sans compter que la télépathie avait toujours quelque chose de déroutant – les deux Sorciers avaient choisi d’utiliser des oiseaux pour se donner leurs nouvelles respectives. C’est ainsi qu’après s’être pas mal renseignée, Jullanar avait débarqué chez un certain Lundre Soleren, qui offrait ses services de fauconnier. Avec une certaine surprise, la magicienne s’était rendue compte qu’elle avait affaire avec un confrère, d’un ordre bien inférieur au sien, mais un Sorcier tout de même. Il était plutôt rare de rencontrer des Sorciers du Cinquième Ordre avec un tel mode de vie. Non seulement ils étaient peu nombreux, mais ils travaillaient plus souvent en tant qu’assistant d’un Sorcier d’ordre plus élevé, ou bien se contentaient d’être le « rebouteux du village ». Pour Jullanar, peu important la condition de cet homme, Lundre Soleren était considéré comme l’un des meilleurs fauconniers de la capitale, possédant les meilleurs oiseaux. Il n’y avait pas à tergiverser bien longtemps. De plus, le jeune homme était particulièrement agréable, efficace et discret. Leurs premiers échanges avaient été très cordiaux, comme n’importe quelle relation de vendeur à un client. Et petit à petit, leurs conversations s’étaient faites plus importantes, probablement du fait de leur appartenance à une même caste que de la fréquence avec laquelle Jullanar rendait visite au fauconnier. Ainsi, si aller chercher ou envoyer son courrier presque chaque jour à l’autre bout de la ville pouvait être éreintant, ça n’en restait pas moins un moment que Jullanar appréciait. Même si Lundre Soleren avait l’air d’être un personnage souvent dans la lune et d’avoir un côté garçon qui n’avait pas tout à fait grandi, il n’en était pas moins attachant et d’une plaisante compagnie.

Après un crochet derrière une taverne particulièrement bruyante, Jullanar arriva en vue de la volière. Elle espérait que son courrier était déjà arrivé. La magicienne attendait un pli important de la part de son confrère du Sanctuaire et elle aurait probablement besoin d’envoyer aussitôt une réponse. Une jeune fille vendant des bijoux qu’elle avait sûrement fabriqués elle-même l’arrêta, lui proposant ses créations pour une somme modique, mais Jullanar s’excusa poliment, prétextant une affaire urgente et entra aussitôt dans la boutique du fauconnier, d’où s’échappaient les piaillements des différents oiseaux qu’il possédait.

L’endroit n’était pas très grand, et Jullanar se plaqua contre un mur pour laisser passer un gros bonhomme qui avait décidé de sortir à l’instant même où elle rentrait. La Sorcière haussa les sourcils. Il devait avoir reçu de bien mauvaises nouvelles, ou était trop perturbé par ce qu’il venait d’apprendre, pour oublier toute galanterie. Mais cela n’entacha pas la bonne humeur de Jullanar, qui se rendit tout sourire jusqu’au comptoir.

« Bonjour, Lundre. Avez-vous reçu quelque chose pour moi ? »


Dernière édition par Jullanar Osgrey le Dim 27 Fév 2011, 18:02, édité 1 fois
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Lundre Soleren

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MessageSujet: Re: La dissonance au coeur du chant des oiseaux...   La dissonance au coeur du chant des oiseaux... EmptyMar 21 Déc 2010, 20:34

Une nouvelle fois, le fauconnier tritura le message entre ses doigts. La lettre à laquelle il avait jeté un œil ce matin l’avait troublé. Lundre avait essayé de se persuader, plusieurs fois déjà, qu’il se trompait. Qu’il était victime d’une méprise et qu’il n’aurait d’ailleurs jamais du ouvrir cette lettre, quand bien même ses intentions étaient bonnes. Pourtant, le mal était fait. En essayant de reprendre le message à un oiseau particulièrement énervé, il avait déchiré la lettre et n’avait pu s’empêcher de vérifier si elle était encore lisible. Elle l’était. Assez pour qu’il ne s’inquiète en entendant parler de magie en de tels termes. Si, par un concours de circonstances, l’oiseau qui avait transmis le message n’avait pas été perturbé par un archer qui avait voulu l’abattre, rien de cela ne serait arrivé. Le papier aurait été intact et Lundre aurait pu le mettre à l’abri en attendant sa cliente.

Impossible après ce message de se concentrer sur son travail et d’attendre en toute sérénité la visite de la sorcière qui lui demandait de faire ces échanges de courrier. Il lui semblait qu’un ordre de sorciers aux puissants pouvoirs ne tarderait pas à commettre quelque exaction malhonnête et qu’il était le seul à le savoir. Pouvait-on créer plus grand bouleversement que la chute du Bouclier ? Il n’en avait pas la moindre idée. Situation à laquelle il faudrait remédier dès que possible, en demandant à cette Jullanar ce que signifiait une telle correspondance. Ce moment là n’aurait sans doute rien d’agréable. Mais toute sorcière de Premier Ordre, elle ne s’en prendrait pas à lui, non ? Quels étaient ses pouvoirs, déjà ? La maîtrise d’un élément de manière offensive ? Frissonnant à l’idée que la sorcière qu’il considérait en ami ne s’en prenne à lui, Lundre enferma le message dans un tiroir dont il gardait la clé sur lui. Le troisième tiroir de la gauche de la commode. Celui qui avait du mal à s’ouvrir. Il se soucierait du contenu quand l’intéressée serait là.

D’ailleurs, il y avait mieux, ou du moins plus urgent à faire. Lundre réceptionna un autre oiseau. Tant pis pour la confidentialité : de ce qu’il savait, la plupart de ses collègues ouvraient sans vergogne le courrier pour atténuer l’ennui de longues journées passées au milieu des piaillements. Comment diable pouvait-on s’ennuyer avec des oiseaux ? Il ouvrit la lettre et apprit qu’un de ses clients n’avait pas gagné d’argent dans une affaire qui s’était révélé être une arnaque. L’intéressé ne tarda d’ailleurs pas à se manifester, empêchant Lundre de relire à loisir la lettre destinée à Jullanar qu’il venait de sortir de sa cachette. Affichant un air aussi neutre que possible, il remit la mauvaise nouvelle au propriétaire qui grommela que cet échange de lettres lui avait encore fait perdre de l’argent mais paya quand même. Le fauconnier s’apprêtait à relire le courrier de Jullanar quand il entendit une voix familière le saluer. Il leva le nez. Vit Jullanar. Baissa les yeux, vit la lettre. Mauvais concours de circonstances. Comme toujours, d’ailleurs.

« Bonjour. » répéta-t-il par automatisme « Eh bien … oui … Plus ou moins … »

N’avait-il pas élaboré un discours d’une assez grande éloquence où il lui demandait la raison de tels courriers ? C’est évidemment quand il le fallait qu’il demeurait incapable de s’en souvenir. Il bredouilla un peu, jeta un coup d’œil autour de lui pour apercevoir quoi que ce soit qui l’aide à retrouver le fil de ses pensées … Rien. Après un petit geste un peu paniqué, il grimpa quatre à quatre les marches de la volière, papier en main, en balbutiant à l’adresse de Jullanar de l’attendre. Arrivé à l’étage où reposaient oiseaux et perchoirs depuis qu’il avait connu des problèmes avec un volatile qui avait eu la fâcheuse habitude de s’en prendre aux clients qui entraient, Lundre appela d’un sifflement le faucon qui avait apportée la missive de Jullanar. L’oiseau désormais calme, se posa sur son bras et se laissa emmener sans rechigner. Le fauconnier redescendit, un peu plus blême qu’à l’accoutumée, en posant messager et lettre sur le comptoir.

« J’ai … J’ai reçu une lettre pour vous apportée par Eraps qui … Enfin, il était nerveux et l’a déchirée. J’ai voulu regarder si elle était abî … Mais … Non … Enfin … Pourquoi faire ça ? » Il s’efforça, sans grand succès, d’en venir aux faits. « Jullanar, je ne comprends pas … Vous aviez pourtant l’air sympathique … Alors pourquoi parler de … Ces complots magiques ? Il me semblait que vous étiez … Bienveilante ? Je ne sais pas mais … J’aurais du vous dénoncer, certes … Mais enfin … C’est si invraisemblable que vous décidiez de faire de telles choses … » expliqua-t-il avant de se taire et de la fixer d’un regard déçu, semblable à celui d’un enfant auquel on n’a appris qu’un personnage du folklore populaire n’avait jamais existé. De toute manière, ses explications n’étaient pas assez claires pour mériter cette dénomination.
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Jullanar Osgrey

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MessageSujet: Re: La dissonance au coeur du chant des oiseaux...   La dissonance au coeur du chant des oiseaux... EmptyMer 22 Déc 2010, 13:10

Plus ou moins ? Jullanar haussa les sourcils. Qu’est-ce que cela pouvait signifier ? Que l’oiseau qui transportait sa lettre était revenu sans ? Qu’il avait traversé quelque tempête, rendant le courrier illisible ? Le comportement nerveux de Lundre ne l’aida à saisir ce qui avait bien pu se passer pour qu’il se retrouve dans un tel état. Si le jeune homme ne lui avait pas bredouillé qu’il revenait dans un instant, montant dans la volière, Jullanar aurait cru qu’il s’enfuyait comme un voleur. La Sorcière ne prétendait pas connaître le fauconnier autrement que par leurs échanges polis depuis quelques semaines mais c’était bien la première fois qu’il manifestait une telle nervosité vis-à-vis d’elle. Le plus souvent, il semblait certes timide, bafouillant par instants, mais elle ne l’avait jamais trouvé aussi paniqué qu’en cet instant. Etait-elle venue au mauvais moment de la journée ? Ou l’avait-elle surpris alors qu’il pensait à commettre quelque acte illégal ? Voilà une situation à laquelle elle avait été bien loin de s’attendre en descendant de la cité haute.

Lorsque Lundre redescendit, un faucon posé sur son poignet et le visage aussi pâle que la craie, Jullanar craignit le pire – même si elle n’avait aucune idée de ce que ça pouvait être. Son air fut cependant beaucoup plus interrogateur qu’appréhensif lorsque le fauconnier déposa oiseau et missive sur le comptoir. La lettre semblait avoir été malmenée mais, avant de s’en saisir, Jullanar écouta les explications qui ne tardèrent pas à se déverser de la bouche de Lundre dans un flot de mots désordonnés. Si le début de la tirade était tout à fait compréhensible, la fin la laissa pantoise. Le regard plein de déception qu’il lui lança l’acheva et elle ne dit rien pendant un temps qui lui parut une éternité.

Enfin, elle éclata de rire. Un rire qui l’étonna elle-même tant il était sincère et emplit de soulagement. Jullanar s’était attendu à tout sauf à cela. Il lui fallut un petit moment avant de se calmer, prenant conscience que, pour son interlocuteur, sa réaction devait le dérouter plus qu’elle ne répondait à ses interrogations. La Sorcière finit par retrouver son sérieux, s’empara de l’objet du délit et planta ses yeux dorés dans ceux de Lundre.

« Ainsi, vous avez lu mon courrier. »

Il ne s’agissait pas réellement d’un reproche, puisqu’un petit sourire vint se loger au coin de la bouche de Jullanar. Et il était probable qu’à force de recevoir tout un tas de lettres qui ne vous étaient pas destinées, vous finissiez par avoir envie d’y jeter un coup d’œil. Jullanar garda le silence, tandis qu’elle triturait l’enveloppe et retira la lettre qu’elle parcourut rapidement. Elle ne voulait pas être méchante ou moralisatrice avec Lundre, qui paraissait déjà avoir compris qu’il avait mis le nez dans quelque chose qui ne le regardait pas, mais elle n’appréciait pas qu’on lise son courrier. Qu’il ait voulu vérifier que l’oiseau n’avait pas déchiré la lettre, soit. Mais il n’avait pas besoin de lire la correspondance dans sa totalité pour se rendre compte que le papier n’avait subi aucun dommage. Jullanar jeta un coup d’œil à Lundre avant de relire la lettre. Au début de sa communication, la Sorcière avait informé son ami au Sanctuaire des derniers événements de la capitale, dont le procès de Rhewen Faynn, puis il avait été question de son rapport d’activité magique dans la région de Dorcha Dúil. En lisant la lettre que Jullanar venait de recevoir et sans connaître les éléments qu’il fallait, on pouvait effectivement croire à un complot entre mages noirs. Ainsi, la magicienne comprit mieux les réactions de Lundre et la façon dont il l’avait accueillie. Il n’en restait pas moins que le jeune homme avait franchi une limite et que Jullanar hésitait à lui laisser la confiance qu’elle avait mise en lui et en son service.

« Je ne vous dois aucune explication, Lundre. Vous avez lu une correspondance privée et qui, visiblement, vous dépasse. » La froideur avec laquelle elle venait de prononcer ces mots la surprit. Elle n’avait pas l’habitude de se montrer aussi dure, surtout vis-à-vis de quelqu’un dont le seul crime était la curiosité. « Je vous conseille de faire attention, ou du moins de faire preuve de plus de discrétion. Ouvrez le courrier de la mauvaise personne et cela pourrait mal se terminer. Après tout, si je suis celle que vous soupçonnez, pourquoi vous laisserais-je en vie, maintenant que vous connaissez mes secrets ? » Jullanar se pencha au-dessus du comptoir, pour observer la réaction du fauconnier. Cette dernière phrase lui était venue telle l’inspiration tombée du ciel. Elle avait conscience qu’ainsi, elle allait probablement lui faire peur, et le conforter dans ses idées de complot. Mais il l’avait bien cherché !
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MessageSujet: Re: La dissonance au coeur du chant des oiseaux...   La dissonance au coeur du chant des oiseaux... EmptyMer 22 Déc 2010, 22:55

Un rire ? Mais qu’est-ce que c’était que ce rire ? Sceptique, Lundre haussa un sourcil et se demanda s’il s’agissait là d’un éclat de rire franc et sincère ou d’une sorte de rire malsain d’un quelconque détraqué. La seconde version lui semblait plus plausible, car Jullanar semblait presque se convulser, maintenant qu'il y songeait. A moins que ce ne soit son imagination qui lui joue des tours ? Pas de demi-mesure : ou bien Jullanar était une sorte de mage obscur des plus sournois, ou il faisait fausse route et quelque chose d’autre provoquait son hilarité. Le fauconnier regarda rapidement son visage dans le métal poli d'un bibelot décoratif offert par un client. Rien d'anormal. De quoi la sorcière pouvait-elle rire ? Il n’aimait pas ce ricanement malsain. Et puis il n’aimait pas son regard jaune, un peu … Malsain, justement. Il aurait été de bon ton de lui sommer de partir, quitte à lui donner l'adresse d'un concurrent. Ca ne se faisait pas, tant pis. On n’avait pas idée de rire comme ça des gens après des regards semblables. Même pour les réprimander, ce qui au passage ne se faisait pas.

Lundre prêta peu d’attention à la façon dont la sorcière reprenait la lettre et s’assurait de ce qui était dit dans le courrier découvert. Son esprit quittait l'univers rassurant de l'analyse de gestes pour déterminer qu'il s'agissait bien de quelqu'un d'impoli. Il était accaparé par un constat qui revêtait une importance brusquement primordiale. Le petit détail qu'on n'aurait remarqué avant mais qui prenait tout son sens. Pourquoi ne parvenait-il jamais à se concentrer lorsque la situation l’exigeait ?

« C’est curieux, vous avez un œil plus jaune que l’autre. » remarqua-t-il à voix basse.

Et il se tut. Le temps d’attendre que Jullanar ne développe sa pensée. S’il n’appréciait pas qu’on lui parle d’une telle façon –les réprimandes, il s’en passait aisément depuis qu’il le considérait comme un adulte presque responsable-, Lundre ne tenait pas spécialement à s’engager dans une discussion houleuse. Peut-être était-il déjà trop tard : la sorcière ne se privait pas de le menacer avec un ton inhabituel. Le sorcier resta calme, presque immobile. Il se contenta de croiser les bras, dans l’espoir de cacher le léger tremblement de ses mains. Qu'on soit un modèle de calme ou non, c'était tout de même irritant. Se faire traiter comme un enfant au milieu de menaces diverses n’avait rien d’agréable. Il se serait passé de cette visite. S’il avait été un peu moins honnête, s’il n’avait pas expliqué avoir lu la lettre, rien de cela ne serait arrivé. Elle aurait pris son message, payé, souhaité une bonne journée. Fin de l'histoire. Pourtant, le fauconnier ne parvenait pas à croire qu’il méritait ces paroles. Parce que c’était la première fois qu’il ouvrait un courrier ne lui étant pas destiné ? Parce que ce n’était pas parti d’une mauvaise intention ? Un peu vexé, il retrouva un verbiage moins hésitant que tout à l’heure. Apporter une réponse calme aux menaces, expliquer son geste et parler d’une solution si elle voulait changer de fauconnier. Lundre voulait bien reconnaître qu'il n'avait pas été aussi professionnel qu'on pouvait l'attendre. Si passé les explications, elle continuait de le menacer ... Advienne que pourrait. Toute sorcière qu'elle soit, il la considérerait en hystérique.

« Je ne me sens pas coupable, et je n’ai pas peur de vos menaces. Si j’ai pris soin de vous avertir, c’est bien parce que … Enfin, j’ai du mal à vous imaginer … Hem … Je ne me risquerais pas à dire malsaine, mais disons … que l’idée que vous ayez fait un complot m’est difficile à associer aux jours précédents, où vous avez été fort sympathique. J’ai ouvert cette lettre. Soit. Je reconnais que j’ai eu tort. Vous pourrez aller voir un de mes concurrents pour vos échanges si le cœur vous en dit. Celui d’Unigol possède d’excellents oiseaux qui apportent le courrier dans les régions qui vous intéressent. Je dois bien le lui reconnaître. Je le trouve méprisant mais je doute qu’il ait l’idée de l’être avec un sorcier de premier ordre. »

Ne s’éloignait-il pas un peu du sujet ? Lundre prit le faucon sur son poignet ganté et lissa quelques instants les plumes de l’oiseau. Parler de l’autre fauconnier, c’était fait. Dire qu’il n’avait pas peur semblait être clair aussi. Il se souvenait vaguement d’un troisième point à aborder.

« Et je … heu … Ah oui. La lettre. Je dois vous apporter des éclaircissements. Enfin, il n’y a pas tant à dire, mais … Mon faucon était nerveux, n’a pas voulu rendre la lettre. Comme je me disais que vous ne tarderiez peut-être pas à venir, j’ai voulu lui reprendre rapidement et le laisser se calmer après. Il l’a un peu déchirée. J’ai eu peur qu’elle ne soit pas lisible et j’ai voulu constater la situation. Je me disais que je renverrais au pire des cas un autre oiseau pour demander à votre correspondant de réécrire le message en expliquant qu’il n’avait pu être lu ... Je n’étais pas certain de renvoyer l’oiseau après ou avant votre arrivée : je n’aurais pas voulu vous faire perdre une journée par une erreur de ma part … Enfin … Ca ne me semblait pas très agréable pour vous de venir inutilement et perdre du temps … Je regarde l’endroit où les mots ont été malmenés et instinctivement, je lis … En voyant que l'on évoque un "ordre" et des évènements qui ne déroulent pas comme prévu, je m'inquiète un peu et veut dissiper mes craintes. Inutilement d’ailleurs puisque la suite était tout aussi … Hasardeuse ? Inquiétante ? … Enfin … Je ne veux pas que vous croyiez que j’ai lu le reste de vos courriers … Ce serait … Enfin, je suppose que ce doit être quelque chose de très désagréable. »



[Fichtre, tu me fais trop écrire ! ]
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Jullanar Osgrey

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MessageSujet: Re: La dissonance au coeur du chant des oiseaux...   La dissonance au coeur du chant des oiseaux... EmptyJeu 23 Déc 2010, 14:28

L’affaire semblait être prise très à cœur par le fauconnier. Jullanar ne l’avait que faussement menacé pour lui faire comprendre que si elle avait été réellement celle qu’il croyait, il ne serait sûrement déjà plus là pour continuer la discussion. Apparemment, Lundre avait tout pris au pied de la lettre… pour faire un mauvais jeu de mots ! Soit il manquait cruellement de jugeote, soit il croyait réellement à l’histoire qu’il s’était inventé tout seul. Ce qui devait sûrement revenir au même. En tous les cas, s’il commençait à avoir peur de la Sorcière, il le cachait bien.

Jullanar écouta ses explications avec une certaine patience. Elle n’était pas particulièrement énervée, même si savoir que son courrier avait été lu ne lui avait pas beaucoup plu sur le moment. De plus, le fauconnier reconnaissait son tort et allait même jusqu’à lui proposer d’utiliser les services d’un de ses confrères. Rares étaient les commerçants agissant de la sorte. Si Lundre Soleren était un jeune homme réservé et pourvu d’une curiosité mal placée, il ne manquait pas moins de courage et de franchise pour lui dire tout cela. Peut-être que Jullanar l’avait autant mal jugé que lui.

Elle le laissa néanmoins continuer ses « éclaircissements » embrouillés. Il lui avait déjà raconté une partie des événements quelques instants plutôt, alors qu’il ramenait la lettre et l’oiseau mais, cette fois-ci, il fut plus prolixe et un peu plus compréhensible, bien que certaines phrases n’eurent pas la chance d’avoir une fin. Jullanar avait désormais bien compris que Lundre ne pensait pas à mal quand il avait lu la lettre qui lui était destinée et c’est justement le fait que ce courrier n’était pas à son attention qu’il n’avait pu en saisir la teneur exacte, accusant à tort la Sorcière de complot. Lundre n’avait probablement pas choisi le meilleur moyen d’annoncer la chose à la magicienne, surtout si celle-ci participait réellement à une assemblée de mages noirs, mais sa démarche avait été sincère, désireux qu’il était de comprendre pourquoi. Ce qui nous menait à cette situation de quiproquo plutôt gênante. Alors quand il eut terminé, Jullanar se contenta d’acquiescer. Ce n’était pas agréable, non, mais elle sentait que le jeune homme était honnête quand il lui dit qu’il n’avait pas lu le reste de ses correspondances.

« Je crois que nous nous sommes mal compris, Lundre. » fit-elle en réfléchissant rapidement à ce qu’elle dirait ensuite. « Veuillez me pardonner si je vous ai parue menaçante, ce n’était pas mon intention. Vous n’avez rien à craindre de moi. Contrairement à ce que vous pensez, je ne… complote pas. Il est vrai que sortie de son contexte, la lettre peut paraître alarmante mais il ne s’agit que d’une correspondance entre deux Sorciers désireux de résoudre quelques problèmes magiques inquiétants et de se tenir au courant de leurs progrès. N’y voyez rien de maléfique, ce n’est pas le cas. » Jullanar appuya son propos d’un sourire qu’elle voulait apaisant. « Quant à cette histoire d’ordre, vous êtes bien placé pour savoir que je parle du nôtre, de celui des Sorciers. Mais peut-être devrais-je être plus précise dans ma prochaine lettre, afin d’éviter toute confusion… » La magicienne esquissa une moue malicieuse. Ce n’était peut-être pas le meilleur moment pour faire de l’humour mais elle espérait que cela détendrait quelque peu son vis-à-vis.

Jullanar espérait également que Lundre ne la soupçonnerait pas de mentir. Après tout, s’il la croyait réellement maléfique, peut-être pourrait-il croire à une ruse de sa part. Ce qui serait tiré par les cheveux, compte tenu de la première impression qu’il a eu d’elle pendant les trois semaines précédentes, mais c’était une possibilité à ne pas négliger. La Sorcière fronça les sourcils un instant, avant de reprendre.

« J’ai conscience que vous pourriez mettre ma parole en doute. Ce serait compréhensible, au vu du peu de choses que nous savons l’un de l’autre. Aussi, pour vous prouver ma bonne foi, j’accepte de vous laisser me poser toutes les questions qui vous traverseraient l’esprit et qui pourraient vous rassurer sur mon compte. » Ce ne serait peut-être pas suffisant, mais Jullanar ne se voyait pas quémander une Inquisitrice pour savoir qui disait la vérité ou non. Jullanar eut un petit soupir avant de terminer. « Vous m’aviez paru être quelqu’un de bien, Lundre, à qui l’on peut accorder sa confiance. Il serait dommage de me passer de vos services. »
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MessageSujet: Re: La dissonance au coeur du chant des oiseaux...   La dissonance au coeur du chant des oiseaux... EmptyLun 27 Déc 2010, 00:11

L’ordre des sorciers. Le leur. Si Lundre avait esquissé un petit sourire en entendant Jullanar s’expliquer, la mention de cet ordre avait bien vite effacée sa bonne humeur. Leur ordre, ce serait parler trop vite. Il aurait aimé rester singulier. Sans doute n’aurait-il jamais voyagé, et il est certain qu’il y aurait perdu au change. Mais rester tel qu’il était, ne serait-ce qu’avoir le choix lui paraissait régulièrement préférable. La sorcière en face de lui n’était sans doute pas en proie aux mêmes doutes. S’il ne connaissait rien du passé de Jullanar, pas plus qu’il ne connaissait au fond son quotidien, le fauconnier ne pouvait s’empêcher de penser que sa situation était plus enviable. Si les prunelles dorées ne permettaient guère d’anonymat, ses pouvoirs devaient être conséquents. Bien assez pour qu’elle soit acceptée par ses pairs. Evidemment, Lundre ne se plaindrait pas d’une situation dont il était responsable : s’il ne s’était jamais intégré aux sorciers, c’est parce qu’il n’avait jamais pris la peine de le faire. Devenir l’apprenti d’un sorcier plus puissant lui semblait être une forme de servitude depuis qu’on lui avait appris que de telles associations étaient monnaies courante. Plutôt rester Singulier, exerçant un métier qu’il aurait choisi, que d’être le larbin d’un autre sorcier. Non, il n’était pas bien placé pour savoir que Jullanar parlait là de cet ordre des sorciers qu’il n’avait jamais côtoyé que de manière anecdotique, en cachant souvent qu’il était l’un d’eux. Non, il n’estimait pas qu’il s’agisse de « leur » ordre.

La tentative d’humour de la sorcière lui arracha un bref sourire. Peut-être passerait-il pour ironique, au fond son interlocutrice ne le connaissait pas depuis assez longtemps pour être assurée de ce qu’il ressentait. Mal à l’aise, le jeune homme se demanda s’il ne pourrait pas changer de sujet. Parler, c’était une bien belle idée, mais mis à part le fait d’être sorciers, il n’y avait pas grand-chose qui puisse les réunir et former un sujet de conversation intéressant. Même ce point commun n’en était pas radicalement un, puisque leurs capacités différaient nettement. C’est d’un ton assez froid qu’il répondit à Jullanar. Peut-être était-il un peu envieux ? Il ne saurait le dire. Sa vie avait bien des avantages, mais s’il ne reniait pas le pouvoir de pacification des sorciers du cinquième ordre, il aurait aimé pouvoir soigner plus que de simples entailles.

« … Tout comme il serait dommage de me passer de votre présence. Ou peut-être de votre courrier … » ajouta-t-il avec un sourire.

Lundre fit craquer ses doigts en espérant que ce geste l’aiderait à réfléchir et trouver les questions qu’il pourrait formuler. Il lui en venait plusieurs, tant sur le passé de Jullanar que sur les autres sorciers. Ne serait-il pas malhonnête de profiter de l’occasion pour tenter d’en savoir plus ? Qu’elle refuse de lui répondre serait impoli, ce qui lui laissait le droit de demander diverses choses dans la limite du possible.

« A vrai dire, j’aurais plus des questions à vous poser sur les autres sorciers que sur vos motivations. Je vous fais confiance. Sans cet incident, je n’aurais pas pensé que vous puissiez … Faire partie d’un groupe de sorciers peu scrupuleux. Je connais assez peu nos … Confrères ? Est-il rare que parmi eux, les sorciers du premier ordre demandent à ceux dont la puissance est moins élevée de … De servir d’assistants ? Vous-même, le feriez-vous ? Ou l’avez-vous déjà fait ? Je n’y pense pas, mon métier me convient très bien, mais … J’ai du mal à me dire que des sorciers préfèrent vivre dans l’ombre d’autre qui auront juste eu plus de chance … Bien sûr, je ne vous mets pas en cause et je ne veux pas vous froisser, il me semble que ce doit être difficile de contrôler de tels pouvoirs. »

Il se tut quelques instants. Après tout, quitte à lui poser tant de questions, il pouvait bien se permettre de demander quelque chose qui le ferait rêver quelques jours en se disant qu’être sorcier du premier ordre n’aurait pas été si mal. Quand bien même il aurait eu des yeux jaunes, dont un plus que l’autre.

« Je me demandais aussi … Quels sont vos pouvoirs ? Concrètement, qu’est-ce que vous arrivez à faire, et avec quelles limites ? »
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Jullanar Osgrey

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MessageSujet: Re: La dissonance au coeur du chant des oiseaux...   La dissonance au coeur du chant des oiseaux... EmptyLun 27 Déc 2010, 13:27

La pointe d’humour dans la réplique de Lundre n’échappa pas à la Sorcière, qui lui sourit en retour, contente qu’il se soit détendu. Jullanar avait toujours estimé que si l’on était capable d’un peu d’humour après une situation dramatique, c’est que tout allait bien, ou mieux. La jeune femme patienta un instant, attendant les premières questions du fauconnier qui, elle s’en doutait, ne tarderaient pas. Dans des endroits comme Riocht na Elves, où les gens ne sont pas habitués à voir des Sorciers, Jullanar avait souvent été la cible de grands questionnements de la part des enfants ou de leurs parents. Ses yeux dorés étant le plus grand mystère : « pourquoi tes yeux sont-ils jaunes ? », « est-ce qu’ils étaient comme ça à la naissance ? », « est-ce que tu vois tout en jaune ? », « est-ce que ça veut dire que tu peux trouver de l’or ? », et bien d’autres interrogations encore, qui n’avaient fait que l’étonner toujours plus. A la capitale, la population avait plus souvent l’habitude de croiser des Sorciers et, s’ils nourrissaient des questions à leur égard, surtout depuis quelques années et les événements que l’on sait, ils avaient plutôt tendance à les garder pour eux. Ce qui n’était pas plus mal, les regards étant suffisamment éloquents pour connaître le fond de leur pensée.

Quand le fauconnier se lança, Jullanar fut soulagée qu’il ne lui demande pas plus d’explications sur le contenu de ses lettres. Non pas qu’elle ne désirait pas en parler, bien au contraire, mais Lundre n’aurait pas été la personne idéale pour ça et la correspondance était teintée de tant d’incertitudes et de questions que même la Sorcière n’aurait pu tout expliquer sans hésiter sur certains points. Apparemment, ce qui le travaillait le plus était la différence d’ordre entre elle et lui. Ce qui était sûrement compréhensible, même si Jullanar n’y avait jamais prêté une grande attention. Elle espérait d’ailleurs que cette attitude ne lui valait pas d’être vue comme une personne hautaine. Tandis qu’elle réfléchissait à ce qu’elle allait répondre au fauconnier, il lui posa une seconde question, plus personnelle. La magicienne lui lança un coup d’œil un peu gêné. Demander à un Sorcier du Premier Ordre quels étaient ses pouvoirs revenait presque à demander à une jeune fille si elle était encore vierge. Cela relevait d’une certaine intimité et les Sorciers entre eux ne se présentaient pas en égrainant la liste de leurs dons à la suite de leur nom. Bien sûr, on finissait par savoir que tel possédait le don de téléportation ou que tel autre était un enchanteur hors pair, mais on le découvrait en temps voulu, on ne le demandait pas. Ainsi, Jullanar était quelque peu désarçonnée, mais elle supposa que le jeune homme ne devait pas savoir quelle gaffe il venait de commettre. Sans compter qu’il semblait attendre beaucoup de sa réponse, comme ces enfants qui lui demandaient si elle pouvait voir le monde en jaune. Elle se redressa, essayant de retrouver une contenance, et lui répondit avec une certaine hésitation.

« Eh bien… c’est une question qui ne se pose pas, en principe. Vous ne le savez peut-être pas, mais il s’agit d’une question très intime sur laquelle vous m’interrogez. » Elle fit une pause, réfléchit un instant, et continua. « Je possède le don de Métamorphose, qui me permet de prendre la forme de n’importe quel animal de mon choix, et celui du Contrôle de l’air. » Elle illustra son propos en faisant voleter la lettre sur le comptoir, comme elle le faisait avec les enfants. « Pour ce qui est des limites, je n’ai pas de réponse exacte. Je ne peux pas revêtir la forme de tous les animaux de Lanriel, par exemple, car la métamorphose nécessite une grande connaissance du sujet et… » Jullanar s’arrêta une nouvelle fois et sourit à Lundre. « Ne me lancez pas sur le sujet où il vous faudra prendre le reste de votre journée pour écouter mon exposé. »

Révéler ses pouvoirs à un quasi inconnu n’avait pas été si difficile que cela pour la Sorcière. Elle n’en avait pas l’habitude, bien sûr, et répondre aux questions des enfants était plus facile car un petit tour de magie suffisait à leur contentement. Pourtant, les énoncer à voix haute lui était venu plus facilement qu’elle ne le pensait. Peut-être était-ce du à la personne qui se trouvait en face de vous. En tous les cas, Jullanar se sentait désormais plus à l’aise et elle décida de répondre à la première question de Lundre avec la plus grande franchise.

« Pour en revenir à votre première question, il est vrai que certains Sorciers du Cinquième Ordre décident d’assister ceux du Premier. Mais je ne crois pas qu’il s’agisse de servitude. J’avoue ne pas connaître beaucoup de Sorciers de votre Ordre, car vous êtes très rares, mais je crois que ceux qui choisissent une telle voie le font pour apprendre et maîtriser leur propre pouvoir. Il n’y a rien de dégradant dans cette situation. Si un Sorcier du Premier Ordre, ou même du Second, désire un assistant, il peut très bien se trouver un domestique, ou même proposer à un élève du Sanctuaire de le prendre en apprentissage. En réalité, il n’y a pas de règle précise ou de tendances, je crois que cela dépend de la personnalité de chacun. »

Jullanar n’était pas sûre d’être très claire, réfléchissant au fur et à mesure de ses paroles. Elle n’avait jamais vu de les choses de la façon de Lundre mais peut-être était-ce simple du au fait qu’elle n’avait toujours fréquenté que des Sorciers qu’elle considérait comme des hommes, ou des femmes, droits et honnêtes. Son monde était probablement trop jaune, sans touche de gris ou de noir…
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MessageSujet: Re: La dissonance au coeur du chant des oiseaux...   La dissonance au coeur du chant des oiseaux... EmptySam 22 Jan 2011, 18:41

Une question très intime ? Mais … Mais … Mais intime comment ? Aux mots de la sorcière, Lundre eut une grimace. Visiblement, il n’avait pas posé une question du registre « privé mais qu’on peut encore dévoiler ». Évidemment. Ca lui apprendrait. Quelle idée de poser des questions à d’autres sorciers … Au moins, avec les singuliers, le fauconnier savait à quoi s’attendre. Le début de réponse était déjà gênant aux yeux du jeune homme qui avait espéré que l'amitié qu'il entretenait avec la sorcière ne connaîtrait pas d'autres complications pour la journée. Serait-il possible que la suite soit pire encore que ces qualificatifs embarassants et qu’il se retrouve à culpabiliser en se maudissant d’avoir posée cette question ? Peut-être Jullanar allait-elle lui dire qu’il était interdit aux sorciers de premier ordre de divulguer la moindre information sur leurs pouvoirs, qu’elle lui en avait déjà trop dit et qu’à défaut de le tuer pour éviter qu’il ne divulgue quelque chose, elle allait au moins lui effacer la mémoire ? Tout en se demandant si de telles actions étaient possibles –il aurait peut-être du lui demander plus d’informations sur la façon dont les sorciers vivaient en communauté-, Lundre étudia la possibilité de faire une habile distraction qui empêcherait la sorcière de finir sa phrase à propos de la question « très intime » qu’il avait eu le malheur de poser. Ensuite, il éviterait le sujet, elle oublierait son manque de tact et tout irait pour le mieux.

De la même façon dont un adulte aurait rassuré un bambin par un habile changement de sujet, la sorcière ôta tout malaise de l’esprit de Lundre en faisant voleter une feuille. Ce ne devait pourtant pas être difficile, sans doute plus simple encore que la façon dont il utilisait ses propres pouvoirs pour soigner une coupure. Pour tout dire, il en était ... Mouché. S’il n’avait pas eu peur d’avoir l’air ridicule, le jeune homme lui aurait sans doute demandé de recommencer, pour qu’il puisse admirer la façon dont elle y parvenait. Il y avait mieux encore à découvrir ! Jullanar pouvait se transformer. Il lui lança un regard émerveillé. Elle pouvait se métamorphoser en oiseau ! Elle pouvait voler ! Ah, si les pouvoirs magiques avaient pu être le choix des sorciers et non le hasard d’une attribution hasardeuse ! Peut-être aurait-il tout abandonné, pour se donner une chance de se transformer un jour, ou au moins de voler un peu. Ce devait être quelque chose de formidable que de vivre une telle expérience. Même si cela impliquait d'avoir des yeux jaunes, dont l'un plus que l'autre. Tant pis. Il ne demanderait pas plus de détails, jugeant qu'il avait déjà quémandé trop de précisions pour une seule journée. Il se contenterait de rêver, d’imaginer comment son quotidien aurait été s’il avait pu se transformer en oiseau. Ou maîtriser l’air comme Jullanar le faisait. Peut-être serait-il resté au milieu des oiseaux. Peut-être lui serait-il arrivé quelque chose, lui qui comptait tant sur le pouvoir des sorciers du cinquième ordre, la faculté de rendre toutes les créatures assez pacifiques pour qu’elles ne désirent pas vous mettre en pièces.

Ou comment aurait-il vécu s’il avait été l’apprenti d’un sorcier de premier ordre, fut-ce Jullanar ? Le tableau n’était peut-être pas aussi noir qu’il se l’était figuré. Peut-être était-ce une façon de se connaître, de maîtriser pleinement ses propres pouvoirs ... Mais cela valait-il réellement le coup ? Il ne soignerait jamais que de simples coupures, ne pourrait rien faire de plus. Les choses n’étaient pas si mal, pour ceux qui possédaient les mêmes pouvoirs que lui et ne devenaient pas l'apprenti d'un sorcier plus puissant. A condition de ne pas trop s’attacher aux autres, il n’y avait nul souci à se faire : le pouvoir inné d’apaisement suffisait à assurer sa propre survie. Encore fallait-il ne pas s’inquiéter pour d’autres.

Et puis tant pis. Rien ne lui servait de se tourmenter pour une vie qu’il n’aurait jamais. Il avait des oiseaux qui méritaient des soins et une cliente dans sa boutique. Il fallait bien se remettre au travail, maintenant qu’il était certain qu’elle n’était pas une sorcière maléfique et fourbe mais … Une amie. S’ils parvenaient à passer outre leurs différences. Il fouilla dans un tiroir et en sortit de quoi écrire.

« Si vous voulez renvoyer immédiatement une réponse à vos compatriotes sorciers qui ne sont pas des assoiffés de pouvoir, je vous laisse la rédiger. Je vais m’occuper quelques instants de mes oiseaux, j’ai entendu un petit déplacement tout à l’heure et je veux vérifier si l’un d’eux ne serait pas rentré. Si vous souhaitez vous asseoir ... » ajouta-t-il en tirant la chaise derrière le bureau qui lui servait de comptoir. Avec la même galanterie que s'il n'avait pas songé auparavant que Jullanar était une anarchiste et qu'il était sans doute nettement plus fragile.

Il monta quatre à quatre les marches de l’escalier qui menaient à la volière. Pas d’oiseau rentré inopinément. Il déplaça un peu de nourriture, remplit une écuelle d’eau et s’estima à peu près satisfait. Tout à l’heure, il s’occuperait des oisillons qui avaient éclos il y a quelques jours. Varier leur alimentation ne pourrait être qu’une bonne chose. Après une hésitation, Lundre se décida à redescendre avec l’un des deux oiseaux qui assuraient habituellement la liaison jusqu’aux correspondants de Jullanar. L’autre se reposerait un peu, il l’avait bien mérité. Même s’il avait déchiré une lettre. On ne pouvait pas être parfait. Et le fauconnier devait avouer qu’il était trop coulant avec ses oiseaux, trop sentimental, trop attaché à eux pour les punir. Une chance qu’il n’ait pas d’enfants, il n’aurait pas su être un modèle convenable. Trop irresponsable, peut-être. Non sans avoir parlé à un des hiboux somnolant sur perchoir, comme s’il avait pu être compris, Lundre redescendit joyeusement.

« La lettre est-elle prête ? »

Il sa saisit délicatement et la plia en regardant Jullanar dans les yeux. Une petite manière de montrer qu’il ne comptait pas lire sa correspondance. Comment avait-il pu penser qu'elle était une anarchiste ? Il lui semblait maintenant évident que ce n'était pas le cas. Comme le fait que Madwyn soit en fait un petit être au cœur tendre sous une mauvaise humeur feinte. Il attacha soigneusement la lettre, en prenant soin de regarder ce qu’il faisait, puis se tourna de nouveau vers la sorcière avec un sourire.

« Prête à envoyer ! Mais je vais être impoli et vous demander de prendre un congé. La façon dont j’ai éduqué mes oiseaux pour qu’ils livrent des lettres à plusieurs endroits, c’est une méthode qui ne se montre pas. Disons même que c’est un savoir-faire très intime. Et si je décidais de vous le révéler, il vous faudrait prendre le reste de la journée pour connaître le procédé. »


Il y a eu de l'amélioration sur la fin, ça me rassure ! Et en parlant de fin, je crois qu'on peut considérer que c'est la fin du sujet. En route vers de nouvelles aventures !
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