Echo des Plaines : Chapitre VII ▬ Le Retour d'Inasmir


 
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 ELVIRE ♣ apprendre à aimer.

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MessageSujet: ELVIRE ♣ apprendre à aimer.   ELVIRE  ♣  apprendre à aimer. EmptySam 27 Nov 2010, 17:53

every great story has a begining

ELVIRE  ♣  apprendre à aimer. Akk1ew
reginaways

Et la mienne commence ici


Par le nom que je porte, Elvire Duverney.
Par mon lieu de naissance, Dinas Uchel, Cathairfal.
Mon âge, vingt-quatre ans.
La personne que je suis, une singulière.
Et les responsabilités qui vont avec : une blasonnée héritière d'une fortune consumée.
J'ai voué ma loyauté indéfectible à personne, la question ne m'était jamais venue à l'esprit.
Miroir, mon beau miroir, j'aimerai te présenter Clémence Poesy.

Votre besace

Elvire, n'ayant jamais été une grande voyageuse, ni une grande collectionneuse, n'a pour seul trésor qu'un poignard offert par son grand-père dont le manche est incrusté d'un rubis et qui relève plus du bijou que de l'arme. D'ailleurs, il n'a jamais servi depuis qu'il est entre les mains de la jeune fille mais elle le garde toujours sur elle, par précaution, tout en s'imaginant mal devoir un jour poignarder un être vivant. En dehors d'une ou deux tuniques et d'un manteau en peau de renard, Elvire ne possède que très peu de vêtements de voyage, sa garde robe étant composée essentiellement de robes. Parmi les choses inutiles qu'elle conserve, la singulière possède aussi une boussole à moitié cassée, l'aiguille n'indiquant plus le nord.

L'interrogatoire d'Inasmir
Je ne vous apprends rien en vous disant que Lanriel possède un roi, mais ce que j'aimerais savoir c'est ce que vous pensez de lui.
Lorsqu'elle était enfant et qu'elle se cachait derrière les jupes de sa mère au passage du roi, ce dernier n'inspirait qu'une crainte à la jeune Elvire, celle qu'il la regarde dans les yeux. Croiser l'azur de ses prunelles et l'affronter était alors la plus grande de ses terreurs, ce qui, en vérité, était bien peu de choses par rapport aux pouvoirs de cet homme et à ce qu'il aurait pu advenir d'elle sur un simple mot de lui. Mais là n'est pas la question.
Vous l'aurez compris, dire qu'Arsenios Hardansson intimidait la petite fille est un euphémisme et c'est sans doute parce que cette impression était si forte, elle n'a jamais totalement disparu, se transformant au fil des ans en respect et en sincère déférence.
En dehors de cette anecdote, il faut bien avouer qu'Elvire, comme tant d'autres jeunes singuliers, s'intéresse bien peu à la politique et aux actions menées par le roi. Cependant, son titre l'y aidant, elle s'est malgré elle immiscée dans la vie de la Cour et les affaires du pays, aussi, elle doit reconnaitre un grand talent au monarque, celui de diriger un pays en crise. Ayant toujours confondu la couronne, la place du roi, et Arsenios, et n'ayant jamais eu à souffrir de son autorité ou de ses choix, elle pense toujours à lui avec admiration et loyauté. Elvire, c'est bien peu de chose de le dire, est fière de compter parmi ses sujets.

On a tous son petit ego et moi, Inasmir, le sorcier légendaire, n'échappe pas à ce vice. Alors répondez donc à cette question, que pensez-vous de moi ?
Au delà du personnage, qui, en vérité, n'évoque absolument rien à la jeune fille, sinon un monstre, comme ceux qui hantaient ses cauchemars d'enfant, ayant pris les traits d'un homme, qu'elle se plait d'ailleurs à imaginer laid, vieillissant et doté d'une longue barbe blanche et de sourcils de jais épais qui soulignent la noirceur de son regard. Elvire a, finalement, beaucoup d'imagination. Au delà de ce triste personnage, donc, c'est à travers lui qu'elle revoit tous les malheurs qui l'ont frappée et c'est à lui qu'elle en impute la faute, ayant, depuis des années, était habituée à le considérer comme la source des ennuis, comme le mal de ce monde.
Inasmir, elle ne le hait jamais plus que lorsqu'elle voit s'entrainer ou s'en aller des blasonnés rompus au combat, des blasonnés qui sont chaque jour de plus en plus jeunes, des blasonnés qui, pour la plupart, ont partagé son enfance. C'est, alors, la rage au ventre qu'Elvire, en y songeant, s'imagine être la personne attentant à la vie du sorcier, au nom de toutes les victimes de sa soif de pouvoir. Œil pour œil, dent pour dent.
Mais, avouons-le, à peine cet élan de vengeance souffle sur elle qu'il ricoche aussitôt, car Elvire n'est pas l'héroïne qui sauvera le monde. Chose qu'elle a parfois tendance à oublier, et tout particulièrement lorsqu'elle se souvient des aventures toutes plus fantastiques et incroyables les unes que les autres que lui racontait son père lorsqu'elle était plus jeune. La situation actuelle ressemblant étonnamment à celles auxquelles étaient confrontés les héros au début de ces histoires fabuleuses, il arrive à Elvire de songer que tous ces gens qu'elle connait, ceux qu'elle croise et qui tracent leur route et tous les autres qu'elle ne rencontrera jamais, tous sont des héros.

La chute du Bouclier aurait secoué toutes les terres mais il y a des gens que cela laisse de marbre, je serai curieux de savoir si vous êtes une de ces personnes.
Sans elle même s'être retrouvée touchée en plein cœur par la chute du Bouclier, Elvire se dit qu'il faudrait être fou ou tout simplement ne pas avoir de cœur pour rester de marbre face à un tel cataclysme. Sans cœur et sans âme car elle ne peut concevoir qu'on ne puisse pas avoir ne serait-ce qu'un pincement au cœur, en pensant à tous ces hommes et à toutes ces femmes qui sont tombés pour sauver la citadelle ? Cela alors qu'elle même peine à retenir ses larmes lorsqu'elle y songe. Fou, ensuite, car, tout ayant profondément changé, tout ayant été détruit, sinon bouleversé, il est impossible de vivre comme auparavant. Elvire était encore adolescente lorsque le bouclier est tombé et son caractère s'est définitivement forgé avec cette expérience. Elle n'oubliera jamais la paix qui régnait autrefois dans Cathairfal et elle l'évoquera toujours avec mélancolie et chagrin, comme une réalité qui ne sera jamais plus qu'un très lointain souvenir et qui traversera les âges sous les traits d'un mythe, sous les traits d'un paradis perdu.
Parce que cette tragédie a fait naitre en elle un sentiment que bien souvent on ne découvre qu'à un âge bien plus avancé, la singulière ne peut plus relater le passé sans une point d'amertume. L'avenir, flou et obscur, remplacera-t-il un jour les souvenirs heureux de son enfance, balayant ces derniers comme une page qui s'est depuis longtemps tournée ou lui faudra-t-il toujours revenir au passé pour évoquer le bonheur ? Cette question occupe souvent les pensées de la jeune fille pourtant, la simple idée, effleurée, que la réponse puisse être négative la terrifie.

Mais dites-moi mon amie, racontez-moi donc un peu ce qui fait de vous un être si exceptionnel...
Elvire est exceptionnelle, exceptionnellement volcanique. Elle est incorrigible. Elle est impétueuse et passionnée, c'est à cela que se tient toute sa personnalité. C'est comme ça et ça ne s'explique pas.

Tous les goûts sont dans la nature, n'est-ce pas? Alors éclairez-moi donc sur les vôtres...
Les goûts et les couleurs, ça ne se discute pas. Ce sont sans doute les mots qu'Elvire a le plus souvent entendu dans la bouche de sa mère chaque fois qu'elle désapprouvait l'un de ses choix, aussi futile fut-il. Quoiqu'il en soit, ayant retenu et assimilé cette expression, c'est elle qu'invoque inlassablement la jeune blasonnée lorsqu'on l'interroge sur ses goûts. Bien que ce ne soit pas exactement la réponse attendue pour cette question, c'est une manière intelligente de la détourner et d'éviter ce sujet délicat, éternel puits de reproches sous lesquelles Elvire a parfois l'impression de se noyer. Que peut-elle y faire si, effectivement, son cœur s'emballe toujours un peu trop fort et un peu trop souvent ? Elle ne connait pas de mot juste pour dire ce qu'elle ressent lorsque la passion déferle, avec une violence sans pareille, en elle pour une conviction, une personne, une idée ou même parfois pour un objet. Si d'aventure elle désirait quelque chose, il la lui fraudait obtenir coûte que coûte, parce que ce désir devient si brûlant qu'il finit par l'obnubilait. C'est donc, avant toute chose, qu'elle aime voir ses envies se réaliser et c'est la manière, aussi globale et imprécise soit-elle, la plus juste pour décrire les goûts de la jeune fille.
Il y a ensuite un goût très manifestement prononcé pour le changement et la nouveauté, car Elvire ne s'embarrasse jamais d'une chose plus de temps qu'il n'en faut où dès l'instant qu'une envie en a remplacé une autre, usée, déjà consommée. Trop vite consommée.
Malgré tout, il y a tout de même des choses dont ne se lassera jamais l'intrépide singulière et auxquelles le temps qui passe ne pourra rien changer : le lever du soleil, les prairies de Perllan, le sourire d'Eliezhel, celui de Scarlett, le goût des pommes, le galop et le vent glacial, presque bestial, fouettant son visage, la naissance d'un poulain, la main de son père posée sur son épaule... Parce qu'Elvire, malgré ce qu'on en dit, est assez sage pour savourer le plaisir des merveilles du quotidien. Parce que ces merveilles là sont infinies, la liste ne s'arrête jamais.

Tout le monde veut quelque chose, il suffit de découvrir ce que VOUS vous désirez.
Le bonheur, sans doute, mais peut-on lui courir après, s'en saisir et ne plus le lâcher ? Elvire veut croire que oui même si poursuivre un tel but lui semble bien ambitieux et terriblement lointain. Ceci dit, du haut de ses vingt-quatre printemps, l'idée même d'impossibilité lui parait inconcevable, pourquoi pas, dans ce cas, poursuivre ses rêves ? Et tant pis s'ils relèvent de l'utopie.
Elvire, de toute évidence, avance avec cette philosophie à double tranchant comme quoi il faut suivre ses impulsions du moment et qu'on aura toujours le temps pour songer aux conséquences. Et, si l'affrontement s'avère être pénible, autant le repousser le plus tard possible, autant s'en écarter tant qu'on le peut. Malgré tout, les jeunes gens ont tendance à l'oublier et Elvire fait partie du nombre, la vie est courte, passe à une vitesse folle et, avant même qu'on ne s'en rende compte, nos vieux démons nous ont déjà rattrapé.

Et les autres dans tout ça.
N'ayant jamais eu jusque là l'occasion de quitter la citadelle des singuliers, Elvire n'a jamais vraiment rencontré des membres des autres peuples. Ce n'est pas les quelques étrangers de passage à Cathairfàl qui lui confèrent une grande connaissance des druides ou des dessinateurs... Par conséquent, la jeune fille ne sait trop quoi en penser. Par principe et parce qu'elle a toujours entendu ses proches relater des histoires suspectes sur les autres peuples, elle s'en méfie mais elle est bien trop indépendante pour s'enliser dans ce sentiment sans s'en être sa propre idée d'elle même. C'est aussi pour cette raison que les récents bouleversements dans sa vie ont au moins l'avantage de lui réchauffer le cœur à l'idée qu'elle va enfin rencontrer des personnages qui lui semblaient jusque là aussi lointain que des légendes.
Somme toute, sa seule expérience avec un autre peuple est celle que tout le monde connait et elle a bien triste réputation. C'est évidemment la chute du Bouclier. N'ayant jamais rencontrer d'autres sorciers, Elvire a malheureusement assimilé - bien qu'elle le nie - qu'aucun ne valait guère mieux qu'Inasmir mais qu'ils n'étaient simplement pas aussi doués que lui pour s'illustrer de cette sombre manière. Ainsi, bien qu'elle le cache du mieux qu'elle le peut, c'est la peur au ventre que la fringante singulière imagine sa future première rencontre avec un sorcier. Ce sont ces derniers, évidemment, qui l'effraient le plus, quoiqu'ils ne soient pas bien loin devant les dragonniers.

L'humain derrière la légende
Pseudo : Insuline, Mathilde.
Âge : Dix-neuf printemps.
Sexe : Oui, mais pas avec n'importe qui ELVIRE  ♣  apprendre à aimer. 665203
Comment avez vous découvert le forum ? Il est tombé du ciel.
Ce que vous aimeriez dire pour conclure :

Et pour les crédits c'est par ici


Dernière édition par Elvire Duverney le Jeu 23 Déc 2010, 14:50, édité 38 fois
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MessageSujet: Re: ELVIRE ♣ apprendre à aimer.   ELVIRE  ♣  apprendre à aimer. EmptyDim 28 Nov 2010, 15:48

le fil qui nous tient nous retient.

ELVIRE  ♣  apprendre à aimer. 24p9fnq
insuline

Le monde a soif d'amour,
tu viendras l'apaiser

CHAPITRE UN

C'était une chose que de préparer le retour du roi et de ses hommes, vainqueurs d'une nouvelle bataille et Elvire aimait se retrouver au milieu de l'effervescence générale des préparatifs, mais elle préférait de loin le moment de sa propre préparation avec le choix de sa robe et avec les doigts délicats de sa mère qui se transformaient en doigts de fée lorsqu'il s'agissait d'imaginer une coiffure pour sa fille.

Cependant, tout cela, bien qu'il s'agisse là du quotidien de la jeune blasonnée, n'était rien à ses yeux en comparaison moments privilégiés qu'elle passait auprès de son père lorsque celui-ci ne travaillait pas.
Depuis les premières années de sa vie, une espèce de coutume s'était installée entre eux et c'est ainsi que l'enfant passait de longues heures assise au pied d'un fauteuil où son père s'asseyait. Elle posait sa tête sur ses genoux et celui-ci lui faisait la lecture, parfois, il allait même jusqu'à lui conter ses propres histoires. Sortaient-elle tout droit de son imagination ou de son expérience, cela, Elvire n'en savait rien mais elle se plaisait à l'imaginer bravant tous les dangers qui existaient en dehors des frontières de Cathairfàl.
Ces instants de divertissement était l'occasion pour Elvire de donner libre cours à ses rêves et celle, pour son père, d'oublier ses problèmes financiers qui, pourtant, occupaient de plus en plus souvent son esprit. Chaque fois qu'il posait ses yeux sur les visages d'une des deux femmes de sa vie – son épouse et sa femme – il sentait son cœur se serrait. Elles étaient fières et belles dans les tenues qu'il aimait tant leur offrir, ce qu'il faisait malheureusement de plus en plus rarement. Elvire, heureusement, ne semblait pas en souffrir, ce qui le rassurait, et il s'autorisait même un sourire indulgent, de dépit, en songeant que sa fille serait ravie si, d'aventure, il devait un jour annoncer à sa famille qu'ils devaient quitter leur maison et leur place à la cour pour épouser la vie de nomades.
Il pensait pourtant savoir mieux qu'elle qu'une telle vie n'était pas faite pour elle, qu'elle ne tiendrait jamais le rythme et les sacrifices qui s'y confondaient. Pire encore, il ne voulait pas que sa fille et aucun de ses futurs descendants ne puissent pas mener l'existence qu'ils souhaitent. C'était une chose d'être errant, c'en était une autre d'y être contraint. Et s'il pensait qu'Elvire caressait parfois du bout de ses doigts, ou plutôt de ses rêves, un tel avenir, il doutait fortement qu'après avoir connu le froid, la faim et la solitude, sans compter le regard désapprobateur des autres, elle ne regrette pas amèrement le luxe de leur ordinaire.

Son père se trompait sur ce point car, en vérité, la jeune fille n'avait pas, pas un seul jour de sa vie, ni même une seconde, songer à quitter Dinas Uchel pour aller vers l'inconnu. Elle aimait trop la vie citadine pour cela, son petit confort, ses petites habitudes même s'il lui plaisait tant de s'en plaindre à longueur de temps, et, finalement, la simple idée d'habiter un jour dans des coins plus retirés de la ville lui paraissait inconcevable. Si elle adorait les promenades dans la campagne de Perllan, il ne lui était pourtant jamais venu à l'esprit qu'elle pourrait un jour y vivre. Elle était faite pour vivre dans le quartier le plus, à ses yeux, privilégié - le centre du monde - et cela avait toujours été pour elle une évidence. Tout comme la fleur au soleil, c'est parmi les blasonnés qu'Elvire s'épanouit.
L'aventure, le voyage, est un rêve, immuable, qui justement lui a toujours paru si fabuleux par sa nature même de rêve. Impossible. Inaccessible. Un rêve, un mythe. Le désir est beaucoup, la possession peu de choses et Elvire, étrangement consciente de cette réalité sur ce point précis, n'a jamais voulu concrétiser ce rêve, elle n'a jamais voulu satisfaire son appétit d'aventure, si ce n'est en écoutant les récits des voyageurs de passage à Cathairfàl qu'elle se débrouillait toujours pour rencontrer, dans une auberge, à la Cour, parfois directement dans la rue. Elle n'a jamais souhaité briser cette douce et savoureuse magie, accessible à tout le monde mais ne tenant, pourtant, qu'à un fil.
Paradoxalement, le reste du temps, pour toute autre chose, la jeune blasonnée passe ses journées à courir après ses désirs. Désirs qu'elle finit toujours pas satisfaire et qu'elle se sent ensuite, plus ou moins rapidement, obligée de remplacer.

Elvire, comment lui en vouloir ?
CHAPITRE DEUX

L'atmosphère était tendue et, bizarrement, Elvire sentait qu'elle aurait dû, à cet instant précis, refermer son esprit, tendre ses muscles pourtant c'est le repas succulent qui l'attendait qui captivait toute son attention. Elle lâcha prise et la flèche siffla dans le vent pour atterrir dans le dense feuillage d'un chêne d'où s'échappèrent, de concert, toute une volée d'oiseaux tapageurs.

« Elvire, ça ne peut pas marcher ! Tu n'es pas du tout concentrée ! »
« Faux, et archi faux, c'est le soleil qui m'éblouissait. »
« Bien sûr, tout à l'heure c'était un oiseau qui a attiré ton attention au mauvais moment et la fois d'avant, c'était ton bras qui te démangeait. Étrange comme il y a toujours une bonne excuse, non ? »
« Je n'y peux rien. Je ne suis peut-être pas faite pour ça, voilà tout. Eydis ne veut pas que je tire à l'arc et elle me le fait savoir ! »
« Et donc, si, par un heureux hasard, tu ne pouvais pas manger de chocolat aujourd'hui, est-ce que tu n'en mangerai plus pour le reste de ta vie sous prétexte que la Déesse l'a voulu ainsi ? »
« Rien à voir, mon cher ! »

La jeune fille lui fit son plus beau sourire, celui dont elle usait sans demi-mesure, mi-larmoyant, mi-espiègle, et qui plaidait sa cause à merveille depuis des années. Et, sur Eliezhel, il était invincible, indiscutablement efficace. Leur petit manège durait depuis une éternité mais ni l'un ni l'autre ne s'en lassait : Elvire offrait son fameux sourire, Eliezhel scrutait le fond de ses prunelles d'un air entendu, façade sévère et exaspérée qui cachait à grand peine son allégresse, puis, immanquablement, les deux jeunes gens éclataient de rire, rire sonore et joyeux capable d'égayer la journée de tous ceux dont il est parvenu aux oreilles.
Cette fois-ci, la blasonnée avait tellement ri que des larmes perlèrent sous ses paupières. Tant d'euphorie lui aurait presque donner envie de se rouler par terre et ainsi dévaler en roulant la colline qui la séparer de la ferme, mais le regard désapprobateur de son camarade - lisait-il dans ses pensées ? - l'en dissuada. Sa jupe n'y aurait pas réchappé et elle voulait éviter à tout prix de voir passer dans les yeux de son père ce voile de tristesse incompréhensible. Les vêtements, pour l'heure, lui semblaient être une futilité et les saccager ne l'aurait en rien chagriné mais, après avoir peser le pour et le contre, elle préféra saisir la main d'Eliezhel, à l'improviste, et l'entrainer dans une course folle jusqu'à la maison de ses parents. En soi, c'était un bon compromis.

Elle ne s'en rendait pas compte, mais ces moments passés avec son ami d'enfance feraient partie de ses plus beaux souvenirs, ceux-là même qui vous réchauffent le cœur quand vous songez au passé.
Pour l'heure, Elvire ne se souciait guère de l'avenir, il lui semblait que toutes les habitudes qu'elle prenait, au fil du temps, s'imprimaient chaque fois un peu plus profondément dans le livre de sa vie, devenant immortelles, éternelles. L'idée de se retrouver seule un beau matin ou d'un jour ne plus trouver refuge chez les Madrovel ne lui venait même pas à l'esprit. C'était inconcevable. Ils étaient là, tous autour d'une table dressée et dont les mets présentés étaient abondants et copieux, et Elvire se sentait chez elle, dans une famille qui l'avait accueillie comme un de ses membres. Ou presque. La jeune fille n'y avait jamais pensé, mais elle et son père – surtout lui, en vérité – étaient avant tout des clients importants.
C'était facile de se trouver des alliés lorsqu'on est sous les feux de la rampe, en pleine lumière, mais il suffit d'une ombre pour que les mains tendues vers vous se fassent bien plus rares.
Y aurait-il toujours une place pour elle à Perllan ? Rien n'était moins sûr. Aussi, le jour où tout ceci vint à l'esprit de la jeune fille, elle fit une chose simple, d'une rare simplicité qui en aurait étourdi plus d'un, pourtant, lorsqu'elle demanda à son fidèle ami s'il serait toujours là pour elle, il a sobrement répondu « oui. » Dès lors, la question fut réglée et plus jamais abordée. Si elle avait troublé la quiétude d'Elvire un moment, cette dernière avait obtenu une réponse, satisfaisante par bonheur, qu'elle ne mettait nullement en doute pour la simple raison qu'elle ne mettait pas non plus en doute ce que disait Eliezhel. Ses paroles étaient une preuve suffisante, ses mots lui suffisaient.




Dernière édition par Elvire Duverney le Dim 05 Déc 2010, 22:17, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: ELVIRE ♣ apprendre à aimer.   ELVIRE  ♣  apprendre à aimer. EmptyDim 05 Déc 2010, 20:23



Près du passé luisant demain est incolore
CHAPITRE TROIS

Elle avait un don indiscutable pour s'attirer les ennuis mais la situation dans laquelle elle s'était empêtrée cette fois-ci dépassait tous ses cauchemars. S'il existait une limite à son imprudence, Elvire était sûre de l'avoir violée. D'abord, il lui paraissait maintenant évidemment qu'une jeune femme comme elle n'avait rien à faire dans une auberge de quartier à une heure si avancée de la soirée. Quelques heures plus tôt, cette réflexion ne l'avait pourtant pas effleurée une seule seconde. Mais ce n'était pas tout. Il y avait cet homme, qu'elle avait remarqué et qui demeurait introuvable depuis, étrange hasard, que sa voisine de table avait tourné de l'œil.
En vérité, cela faisait alors déjà un petit bout de temps que l'homme avait attiré son attention. La tête dissimulée sous sa sombre capuche, il était entouré d'un indicible mystère qui, d'ailleurs, n'était pas pour lui déplaire et ne lui avait pas déplu. Elvire frissonna, l'espace d'un instant, il lui avait paru séduisant mais lorsqu'elle y repensait maintenant, il n'évoquait plus qu'horreur et angoisse. Il s'était approché de leur table et bien qu'il n'y soit resté qu'un instant, la jeune fille aurait normalement dû se souvenir de chaque trait de son visage, pourtant, elle ne se souvenait que de son regard. La couleur de ses yeux ? Elle n'aurait su le dire, mais c'était l'expression de son regard qui l'avait fait tressaillir. Cette lueur là lui avait affolé le cœur et elle ne l'oublierait jamais. Il lui fallut un certain temps pour retrouver son calme et, lorsque ce fut fait, Léonie Aronwë s'était évanouie et l'énigmatique personnage avait disparu.

Autant avait-elle une tendance manifeste pour la négligence, autant Elvire était dotée d'un étonnant sens de détection. Elle flairait les choses, les dépister. À peine pensait-elle à quelque chose que celle-ci attisait son regard, lui tombait sous les yeux. Si ce n'était pas le cas, c'est qu'elle ne cherchait pas au bon endroit.
Et, lorsqu'elle se retrouva seule dans un environnement qui lui parût subitement inhospitalier, elle croisa le regard charbonneux d'un homme qui lui inspira immédiatement confiance. Expérimenté, sûr de lui, discret, regard intelligent – beau, mais cela n'avait, en l'espèce, pas d'importance – elle conclut très rapidement qu'il ferait l'affaire et il ne fit aucune difficulté lorsque, d'un léger coup de tête, elle l'invita à se rapprocher. C'était, bizarrement, comme s'il s'y était attendu et ce fut une raison de plus, justifiée à ses yeux, de s'attacher immédiatement à cet étranger que la providence avait bien voulu mettre sur son chemin.

Il faisait froid dehors et Elvire aurait regretté la cape lourde et épaisse qu'elle avait laissé chez elle si la situation n'était pas aussi critique. Elle lui échappait complètement et la jeune fille, tant habituée à avoir la main mise sur les choses, sentait la panique déferler en elle. Elle aurait voulu avoir quelque chose à faire, quelque chose à transporter ou autre, de manière à penser à autre chose, mais c'était bien inutile puisque son homme de main – si elle pouvait l'appeler ainsi ? - était suffisamment robuste pour porter seul sa camarade.

Si seulement elle avait vu cette ombre passer devant elle. Si seulement...

Tout se passa très rapidement, si rapidement, même, qu'elle en resta pantoise, médusée. Et pétrifiée, aussi. Elle ne put, pour autant, pas retenir un long cri qui déchira le silence de la nuit. Juste là, à ses pieds, la jeune femme qu'elle connaissait depuis toujours et qu'elle avait ce soir entrainé dans un endroit peu fréquentable gisait par terre, une lame enfoncée dans le cœur. Ses jambes se dérobèrent sous elle et elle se retrouva affaissée sur le corps de son amie, les larmes roulant sur ses joues sans retenue. Elle souffrait autant que si elle même avait été la victime, du moins, c'est ce qu'il lui semblait.
Insensible au sang qui maculait ses mains et sa robe, Elvire, pourtant, se releva. Une œillade vers son compagnon lui fit prendre conscience de la situation et de l'urgence, tout autant que de l'enjeu, qu'il y avait à rapidement faire un choix. Son message était on ne peut plus clair : il ne fallait pas rester là.
Elle ferma les yeux, hésitante, juste un instant mais sans doute une seconde de trop. Il avait disparu. Elle était seule et déjà les habitants du quartier sortaient de chez eux. Une femme pointa son index sur elle et il ne lui en fut pas plus pour la décider à déguerpir. À toute jambe, elle s'éloigna de la scène de crime, faisant apparemment peu de cas de ce qu'elle venait de vivre.

C'était pourtant faux.

Cueillez dès aujourd'hui les roses de la vie
CHAPITRE QUATRE

À défaut d'être furieuse, Elvire était exaspérée et tourmentée. Elle avait faim, soif, ses muscles étaient endoloris, sa tête était plus lourde que jamais et chaque pas qu'elle faisait résonner douloureusement jusqu'à son crâne, faisant ainsi naitre un début de migraine. Qui plus est, l'inconnu qu'elle suivait les faisait passer dans des endroits incroyables, hors des sentiers battus – au milieu de broussailles – et Elvire comprenait bien, même si cela l'inquiétait froidement, qu'ils s'éloignaient de plus en plus de la ville.

« Tu comptes me suivre ainsi longtemps ? »
« Au moins jusqu'à ce que tu t'arrêtes. »

Tac au tac. Ce n'était peut-être pas la meilleure solution, mais Elvire n'en avait pas trouvé de meilleure. Pire, elle n'avait même pas réfléchi, la réplique était venue et tombée d'elle même. Elle pâlit mais le sourire de l'individu la rassura quelque peu, même s'il était bien paradoxal de parler d'apaisement dans de telles circonstances.

« Dans ce cas tu ferais bien de boire un peu et de manger quelque chose, nous avons encore du chemin. »

En deux enjambées, elle fut près de lui et lui offrit un pauvre sourire.

« L'ennui, c'est que je n'ai rien. »

Sans plus de cérémonie, il retira de sa ceinture une gourde qu'il lui tendit et lui offrir un mouchoir noué, dans lequel se cachaient de gros biscuits secs. Elvire les scruta d'un air soupçonneux, mais son appétit l'emporta sur le reste : tout en songeant que ses dents ne tiendraient jamais le coup face à pareille pierraille, elle croqua avidement dans un premier biscuit.
Ça n'avait pas aussi mauvais goût qu'elle l'aurait crû et même s'il lui fallut un certain temps pour mâcher et avaler sa première bouchée, son estomac s'en contenta. Sa conscience également. Le rôdeur avait repris son chemin, quoiqu'en ayant imperceptiblement ralenti, et Elvire le suivait en trainant des pieds, plutôt satisfaite. En accélérant un peu, elle fut ramenée à son côté et tendit vers lui la moitié du biscuit qu'elle avait entamé.

Ils marchèrent ainsi pendant de longues minutes qui lui parurent durer des heures, et, contrairement à son habitude, Elvire n'avait aucune envie de parler. Elle ressassait les images de la soirée avec un certain détachement, comme si tout cela n'était jamais qu'un rêve. Pourtant, à chaque pas en avant qu'elle faisait et qui l'éloignait toujours un peu plus de tout ce qu'elle connaissait, sa gorge se nouait et elle sentait son cœur se serrait, et ce n'était pas seulement parce que le rythme imposé par le rôdeur la mettait hors d'haleine. Non, son souffle coupé n'était pas la seule cause du malaise vacillant sur ses épaules.

« Au fait, je peux te demander ton nom ? »
« Accolon, juste Accolon. »

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