Chapitre IV ▬ Les feux de Beltane

Nous sommes à la fin printemps de l’an 30 du deuxième âge II et de sa jonction avec l’été. L’apparition des Héritiers a fait son effet sur le peuple de Lanriel, faisant vaciller la foi de nombre de croyants. Malgré les terribles événements survenus dans le royaume qu’on impute aux Héritiers, Mynkor semble gagner peu à peu du terrain dans le cœur des habitants…

Le royaume retenait son souffle devant cet espoir fortuit qui traçait son chemin de villages en villages, de plaines en plaines, de forêts en forêts, de montagnes en montagnes, de cœurs en cœurs : non, la Déesse n'avait pas abandonné ses enfants aimés. Et même les âmes les plus aigries qui, bien sombrement, pensaient jusque là qu'en cette année funeste Lanriel célèbrerait Beltane non pas sous la chaleur ardente des fameux Feux du même nom que la fête druidique mais bel et bien sous la neige maudite du royaume ; ces âmes désespérées retrouvaient à présent la légèreté qui accompagne ordinairement le passage de la saison hivernale à la saison fleurissante. Et pour cause, cet hiver interminable touchait à sa fin et le printemps et l'été reprenaient leurs droits.

« Eydis avait pardonné, Eydis était de retour » répétait-on à l'envi partout dans le royaume. Et partout où il y avait de la vie, comme un seul homme, le peuple préparait la tant aimée et espérée Beltane, la fête du quarante-troisième jour de Printemps où la Déesse toute puissante s'unirait au jour. Les uns préparaient les bûchers où seraient allumés les Feux de Beltane, les autres s'occupaient d'aménager les esplanades où seraient installées les nombreuses tables des banquets que les druides orchestreraient le soir de Beltane. Mais tous, dans le fond, vibraient d'impatience et de véhémence en songeant à la soirée folle qu'ils passeraient : ce seraient les premières festivités de l'année, ce serait, également, la première fois que tous les mortels auraient une raison honorable de se réjouir. Et plus jamais ils ne décevraient leur Mère à tous. Pouvait-on formuler cette promesse sous de meilleurs auspices ? Beltane serait parfaite : partout dans le pays on s'adonnerait aux jeux de l'amour, partout on s'aimerait sous les feux bénis de la victoire et de la passion ; et, de ces unions naitraient des enfants à la gloire d'Eydis...

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