Athran Ildahel

Elthaïr, dragon Roi-du-Ciel, venait de se poser près de la forteresse de Mhian Dhiaga. Sa présence et le son sourd de son atterrissage annonçaient tous deux l’arrivée d’un personnage déjà bien connu parmi les Dragonniers. Celui-ci, dernièrement, venait de se démarquer par un contrat récemment réalisé auquel personne, ni même lui, n’aurait pensé. Athran, un des cinq leaders de son Ordre, venait d’être promis à la fille du roi de Lanriel, Izhelindë. Qui était-elle ? Il ne la connaissait vraiment que par les dires du roi Arsenios avec qui il entretenait de très bons rapports depuis maintenant plusieurs années. Ce Roi qu’il respectait énormément pour sa sagesse, sa bravoure et sa poigne équitable envers son pays. C’était un roi bon, qui pensait au bien de son peuple avant toute chose. Il était juste et courageux. Tous ces points avaient penché dans la balance lors de leur premier contact. Certes le fait que son père connaissait le Roi avait rendu l’entrevue plus facile, mais il tenait de toute façon à rencontrer ce personnage illustre par lequel il était officiellement lié mais qu’officieusement son peuple avait clairement délaissé dans un objectif d’indépendance complète. Pour lui l’indépendance ne voulait pas dire être coupé du monde. C’est ce qui l’avait poussé à aller vers le Roi. Mais sa fille, l’avoir croisée deux fois était sûrement déjà exagéré. Il n’avait jamais eu d’intérêt quelconque pour elle simplement parce qu’il n’avait jamais pensé prendre un jour la place de ce Roi et que ses intentions étaient principalement militaire et politique, outre le respect et l’amitié qui étaient nés de leurs nombreuses entrevues. Athran posa pied à terre et après une attention envers Elthaïr en posant sa tête doucement sur le flanc de l’immense bête qu’était celui-ci, il rejoignit la forteresse. Il était encore tôt, l’aube ne s’était levée que depuis peu et lui n’avait pas encore dormi et ne dormirait sûrement pas dans l’immédiat. Il venait de revenir du Palais et une journée chargée l’attendait. Il devait annoncer officiellement à l’assemblée des Dragonniers qu’à partir du lendemain, leur clan prenait une autre tournure. Beaucoup étaient de son côté mais ils savaient aussi que quelques puritains n’appréciaient pas du tout son initiative et ce contrat qui venait de naître entre la royauté et les Dragonniers et certains se trouvaient parmi les cinq leaders de l’Ordre. Mais il avait obtenu la majorité et le contrat était maintenant signé. Il salua les Dragonniers qui venaient à sa rencontre avant de se rendre dans ses appartements. Il avait besoin d’un peu de calme et de tranquillité avant d’entamer cette journée. Après l’assemblée viendrait l’accueil et l’explication aux nouvelles recrues. Ce n’était pas tellement à lui à le faire mais pour lui c’était important que les jeunes, âgés d’à peine 7 ans, se sentent encadré par une image qu’ils connaissaient. Etre là pour répondre à leurs attentes, à leurs questions, et à leurs appréhensions, car dix ans plus tard ils auraient le rite initiatique auquel certains ne survivront peut-être pas. Mais d’abord un peu de calme car cette agitation et le manque de sommeil demandaient un brin de tranquillité.

Il s’assit à la fenêtre, cette fenêtre qui permettait une vue de Bairr Ban, ou d’une moins d’une partie de cette contrée. Il s’était assis là également lorsque le Roi, Arsenios, lui avait offert sa fille pour sceller l’union de leurs deux peuples. Ce moment avait été inattendu et bien qu’il comprenait toute la portée d’un tel événement, il avait du prendre le temps d’y réfléchir. Et c’était à cet endroit même qu’il l’avait fait, pendant une journée entière. Il n’en avait parlé à personne tant que sa décision n’était pas prise. Bien sûr, prendre une décision était une chose mais il avait été tenu d'annoncer la nouvelle et d'attendre les avis des Dragonniers. Mais si lui-même n’avait pas tranché et n’avait pas des arguments à offrir à son peuple, il ne pouvait décemment pas leur demander de lui fournir une réponse à sa place. C’est une fois son choix arrêté qu’il réalisa une première assemblée et qu’il exposa la situation demandant aux Dragonniers de réfléchir et d’y voir tous les points positifs et surtout l’idée claire et nette qu’ils ne perdaient nullement leur indépendance face à cette union. C’était bien évidemment le point le plus négatif aux yeux des conservateurs de leur Ordre. Mais au final, le contrat avait été accepté et il s'était par la suite rendu auprès du roi pour annoncer sa décision qui ravi Arsenios. Ce moment lui semblait déjà loin. Beaucoup de travail avait suivi cet accord, beaucoup d’aller retour qu’il tenait à faire lui-même entre le Palais et la forteresse, et maintenant, il n’était plus qu’à un jour de l’annonce officielle de cet événement qui marquerait à jamais les deux peuples. On frappa à la porte.

« Entrez. »

Un homme de corpulence massive entra et salua Athran.

« Tout le monde vous attend. »

« J’arrive. »

L’homme s’inclina avant de le laisser. Athran resta encore un instant à observer la vue et Elthaïr qu’il ne pouvait pas louper tellement il était imposant avant de se lever et de rejoindre l’assemblée. Il ne serait pas parmi celle-ci car c’était lui qui la présiderait. Il n’y avait pas grand-chose à dire, il devait simplement annoncer officiellement l’union qui serait connue dans tout le royaume dès le lendemain. Il observa les Dragonniers présents ainsi que les autres membres de l’Ordre qui se tenaient un peu en retrait mais sûr le même pied que lui.

« Bonjour à tous : chers Dragonniers, membres de l’Ordre. Me voici devant vous pour vous annoncer qu’aujourd’hui est le dernier jour où notre peuple ne se préoccupera plus que de ses affaires. Notre force est à ce jour connue et reconnue, notre indépendance avérée mais notre réclusion totale. A partir de demain, mon union officielle avec la fille du roi Arsenios fera de nous des alliés importants pour son peuple mais offrira aussi une autre vision de nos capacités et de notre potentiel. Notre pouvoir nous a de tout temps éloigné des autres peuplades mais désormais nous nous ouvrons au monde, nous accroissons nos liens, nous forgeons un pacte qui nous élèvera à un rang encore jamais acquis jusqu’à présent.Cependant, et ce qu’il est important que vous compreniez, c’est que bien que mon rôle sera celui de devenir Roi de Lanriel, je reste également l’un des leaders des Dragonniers. Mon rang ne fera que permettre une meilleure alliance mais je ne compte pas me couper de vous et de qui je suis. Je reste un Dragonnier avant tout mais qui pensera à deux peuples plutôt qu’un. Je suis celui qui vous représente dans une instance supérieure, ce qui veut dire que vous vous devez de compter sur moi comme je compte sur vous. Je ne vous suis pas supérieur, je suis vous, vos avis et vos opinions me sont donc chers. Bien que ma présence se fera réduite les jours à venir au vu des préparatifs pour les fiançailles, je viendrai aussi régulièrement que possible à votre rencontre. Notre peuple a toujours été uni et le restera. Merci à vous. »

C’est ainsi que se conclut le discours officiel de ses fiançailles auprès de ses congénères. Des applaudissements suivirent la fin de ses paroles, chaleureux et en accords avec ce nouveau départ. Athran les regarda et il fut fier de son peuple. Il avait parcouru beaucoup de chemin depuis son entrée officielle chez les Dragonniers. Il avait toujours aspiré à cette place parmi eux. Son père était lui aussi Dragonnier comme la coutume le voulait et il l’avait toujours préparé à devenir l’un des leurs. Sa maturité précoce venait sûrement des pensées, qu’il avait toujours eues et qui dataient de son enfance, tournées uniquement vers ce statut auquel il aspirait. Ses actes et ses réflexions n’étaient toujours qu’en lien avec celui-ci. Il n’avait jamais cherché à s’élever, en faire déjà partie était pour lui une étape naturelle et il n’avait jamais dû en être autrement. Son père était un homme calme et sage qui l’avait briffé bien avant ses 7 ans sur ce monde rude. Il était prêt tant physiquement que mentalement. Et c’était pour ça qu’il accordait une importance particulière à accueillir les nouveaux pour justement leurs offrir l’encadrement que lui-même avait eu par son propre père. Peu de Dragonniers prenait la peine d’expliquer tout aux enfants. A sept ans, on était plus des enfants à Bairr Bán alors ils méritaient qu’on leur parle en connaissance de cause. Il prohibait le mensonge. Il y avait certes la façon de parler mais le contenu se devait d’être sincère et surtout véridique. Ca ne servait à rien d’enjoliver quelque chose qui allait être difficile à vivre. Autant y être préparé et mûrir pour avoir la force d’y faire face. C’était ce qui l’attendait dans quelques heures, il accueillerait ces futurs Dragonniers et leur parlerait d’égal à égal. En attendant il se devait de s’occuper encore de diverses choses, ce qu’il faisait depuis maintenant plusieurs jours et peut-être à un moment prendre un peu de repos. Cela faisait plus de 48 heures qu’il n’avait pas dormi et même s’il pouvait encore tenir, il savait qu’il devait se ménager. Même une heure juste étendu lui ferait le plus grand bien. Il était après tout un être humain, non un sur homme.




Finalement le temps ne l’avait pas épargné et ne s’était pas arrêté. Son temps de repos lui avait été enlevé sous des obligations qu’il devait gérer. Cela n’était nullement des contraintes. Son travail et sa fonction étaient ses priorités, mais son corps réclamait quelques attentions qu’il ne pouvait pas négliger. Peut-être aurait-il enfin du repos lorsque la nuit serait venue. En attendant, il devait aller voir ces futurs Dragonniers. Il se rendit dans une pièce prévue à leur accueil et il les regarda. Ils n’étaient bien évidemment pas nombreux car comme tout le monde le sait, ils ne sont pas un peuple réputé pour leur expansion. Il leur sourit, d’un sourire bienveillant et vient prendre place près d’eux.

« Bienvenue jeunes recrues. Je suis Athran. »

Des murmures se firent entendre parmi les quelques enfants et cela le fit sourire. Qui ne connaissait pas ce nom désormais parmi les siens. Il ne cherchait pas forcément à être connu, mais maintenant que c’était fait, il représenterait son peuple du mieux possible.

« Je suis ici pour vous accueillir et pour vous permettre de poser toutes les questions que vous souhaitez. Peu importe lesquelles, vous avez l’opportunité et le temps de me demander ce que vous voulez. Je suis là pour vous écouter et répondre le mieux possible à vos attentes. Comme vous savez vous allez apprendre pendant dix ans ce que cela signifie être Dragonnier et vous allez être préparés au rite de passage qui vous permettra d’avoir vous aussi un dragon. »

Une main se leva et Athran lui donna l’autorisation de parler.

« Monsieur Athran… C’est vrai que vous avez un dragon Roi-du-Ciel ? »

« Oui c’est tout à fait ça. »

« Et vous avez un pouvoir ? »

« Et bien oui… Je maîtrise l’élément de l’eau, pouvant la geler également. »

« Et c’est vrai que vous avez failli mourir quand vous l’avez capturé ? » demanda une autre petite voix.

« C’est vrai. Mais on ne capture pas un dragon. A travers le combat que nous menons avec lui, et que vous mènerez d’ici une décennie, on apprend surtout à le connaitre et on cherche à l’amadouer. Ce n’est pas une capture pure et simple. A ce moment précis, vous êtes deux à vous tourner autour et à tester l’autre pour voir s’il sera digne de vous. Quand vous combattez, vous sentez si ce dragon est réellement fait pour vous et il faut se montrer digne de lui car c’est lui qui vous procure la force dont vous aurez besoin.»

« Mais comment on sait que c’est notre dragon ? »

« Vous le sentez au plus profond de vous-même. Quand vous le verrez vous comprendrez. Vous êtes irrémédiablement attiré par lui et vous ne voyez même plus les autres dragons. »

« Monsieur monsieur ! Si vous avez failli mourir…. Comment ça se fait qu’il vous ait accepté. »

Athran sourit et il repensa à ce combat si important de sa vie qu’avait été celui-là. Il aimait cette curiosité juvénile et il ne tarda pas à répondre à la question.

« Je n’étais pas le seul blessé. Elthaïr, mon dragon, l'était lui aussi. Nous avions combattu pendant des heures et nous étions littéralement épuisés. Aucun des deux ne voulait abandonner la partie. Je l’avais blessé à nombreuses reprises, lui avait failli m’arracher plusieurs membres et m’avait laissé une trace indélébile dans le dos qui était en train de me faire mourir à petit feu. J’étais incapable de bouger et pourtant je tenais à terminer le combat, soit en mourant soit en gagnant son respect. J’ai réalisé une dernière tentative pour l’atteindre mais il envoya promener mon bouclier d’un coup de queue, me fracturant le bras au passage. Je me suis retrouvé à genoux devant lui. Il aurait réellement pu me tuer mais jamais je n’ai baissé le regard. Etre digne de son dragon c’est aussi montrer que malgré tout ce qu’on subit, c’est lui qu’on veut, peu importe que l’on meure ou pas. Est-cela qui a joué ? Peut-être. Toujours est-il qu’il ne m’a pas tué et qu’il m’a accepté. Je me suis écroulé ensuite et il m’a fallut une semaine pour me remettre de ce combat. Et encore je n’étais pas totalement guéri. Mais maintenant Elthaïr est mon fidèle compagnon. »

Les recrues semblaient quelque peu captivées et elles mirent quelques secondes à se reprendre.

« Mais…et si on meurt ? »

« Vous mentir ne servirait à rien. Nous pouvons mourir d’un combat avec son dragon. Vous le savez pertinemment et à partir de là, il ne tient qu’à vous de vous préparer au mieux pour affronter ce qui vous attend. Ce rite est un passage important et difficile de votre vie. La force de réussir est en vous et il ne tient qu’à vous d’établir des stratégies d’attaque, de combat et d’être assez intelligent pour réussir autant que possible à mettre toutes les chances de votre côté. N’oubliez jamais que le dragon que vous affronterez est celui qui à l’intérieur de vous a suscité le désir de l’avoir pour allié. Il vous est lié dès le départ par le destin, il vous ressent comme vous le ressentez. Montrez lui que vous êtes digne de lui. CE n’est pas un combat à prendre à la légère. Mais vous êtes prévenu, donc c’est à vous d’en tenir compte. »

« Athran . »

Athran se tourna pour observer l’homme qui venait d’entrer dans la pièce. Il se souvint alors d’un rendez vous qu’il avait planifié pour régler encore différentes choses avant son départ du lendemain. Il acquiesça et l’homme quitta la pièce. Il regarda alors les enfants et leur sourit.

« Il va falloir que je vous laisse. »

« Vous allez vous marier avec la princesse ? »

«Pas tout de suite mais bientôt. Nous allons d’abord nous fiancer. »

« Elle est belle ? »

« Il parait qu’elle est très belle oui. »

« Vous aurez des enfants ? »

Athran se prêta à rire.

« Ce n'est pas encore pour tout de suite. » Il se leva et posa une main sur la tête de chaque jeune garçon et dit « Je compte sur vous pour devenir de grands Dragonniers. » Il les laissa entre de bonnes mains pour retourner à ses obligations.




La journée venait de se terminer et il ne lui restait seulement que quelques heures avant son départ pour le Palais. Il allait pouvoir prendre un peu de repos mérité mais avant cela il avait besoin d’aller retrouver celui qui le connaissait le mieux et qui lui était le plus proche. Il n’avait pas pu le voir durant cette journée et il avait besoin de se ressourcer. Elthaïr se tenait là où il l’avait quitté. Il l’approcha et il tendit la main vers cet imposant dragon qui était le sien. Sa gueule vint se poser dans cette main tendue, bien évidemment, il ne touchait qu’une infime partie de sa peau écaillée. Ce dragon était somptueux et l’un des plus rares et des plus convoités. Il le regarda longuement avant de tourner son regard vers l’horizon, dans la direction du Palais. Il avait apprivoisé un dragon Roi-du-Ciel en manquant d’y perdre la vie. C’était un combat de longue haleine qu’il n’avait pas gagné seul, ils s’étaient trouvés grâce à ça. Demain il rencontrerait sa future épouse, une femme qu’il n’avait jamais vue avant, qu’il ne connaissait que de réputation annonçant qu’elle était fougueuse et imprévisible, loin d’être facile, encore jeune et aspirant à la liberté. Cela lui rappelait beaucoup sa rencontre avec Elthaïr. Mais alors qu’il avait su apprivoiser une bête tel que lui, arriverait-il seulement à apprivoiser cette femme qui elle aussi allait partager sa vie jusqu’à la fin ? Serait-ce un nouveau combat dans lequel il devrait tenir la distance ? Il ne s’attendait pas à ce que ce soit facile, après tout elle lui était promise et elle n’était même pas encore au courant. Il appréhendait beaucoup cette rencontre. Arsenios plaçait énormément d’espoir en lui et il comptait bien y répondre. Il n’était pas du genre à abandonner face à la difficulté. Mais il était avant tout un homme qui allait être fiancé à une femme qu’il ne connaissait pas, dix ans plus jeune que lui, et avec qui il allait se marier et fonder une famille. Il avait déjà pensé à tous ces changements et les avait acceptés. Mais y penser était une chose. Demain tout ceci serait réel. Demain il deviendrait l’aspirant au trône. Demain son destin prendrait une nouvelle tournure. Que la déesse Eydis le guide désormais.

Pseudo : Loli
Âge : 25 ans
Sexe : alien ? …..
Comment avez vous découvert le forum? Y a une chieuse qui m’a dit « han han…nia nia…forum génial…nia nia…super perso….niaaaaaaa…… » et me voilà.
Ce que vous aimeriez dire pour conclure : Vive Eydis !