Echo des Plaines : Chapitre VII ▬ Le Retour d'Inasmir


 
AccueilAccueil  RechercherRechercher  Dernières imagesDernières images  MembresMembres  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  
Le Deal du moment : -45%
WHIRLPOOL OWFC3C26X – Lave-vaisselle pose libre ...
Voir le deal
339 €

Partagez
 

 My world is an arctic place. •• Teresa Hywel

Aller en bas 
AuteurMessage
Invité
Invité



My world is an arctic place. •• Teresa Hywel Empty
MessageSujet: My world is an arctic place. •• Teresa Hywel   My world is an arctic place. •• Teresa Hywel EmptySam 11 Déc 2010, 22:17

Azriel & Teresa
« my world is an arctic place »


Il y a des jours, où sans trop savoir pourquoi, on entre en mode nostalgie. On se souvient de la belle époque, on se remémore des souvenirs enterrés, des choses qu'en général on aurait voulu ne jamais se rappeler. Il y a des jours, comme ça, et on ne sait pas trop comment ni pourquoi. Un mauvais rêve ? Un désir enfoui ? Je ne pourrais l'expliquer. En tout cas, lorsque j'avais ouvert les yeux ce matin-là, mes premières pensées avaient été pour ma femme, Elenna. J'avais tendu la main vers la droite, la place qu'elle occupait lorsque nous dormions ensembles, et n'y avais rencontré que du vide. Machinalement j'avais tourné la tête, pour ne voir que le mur. J'eus une demie-seconde de non-compréhension. Puis la réalité s'imposa d'elle-même. Elenna était morte. Elenna ne pouvait plus être auprès de moi. Elenna était partie dans un monde différend du mien, et je ne pouvais pas la rejoindre pour le moment. J'avais poussé un soupir, restant encore quelques minutes enroulé dans les draps chaud et confortable. Il y a des jours, comme celui-là, où l'on aimerait ne jamais quitter son lit. Rester dedans, regarder le plafond, et penser. A tout, à rien, à elle. Souvenirs enfouis, souvenirs douloureux.

Simplement je ne pouvais pas me permettre un tel comportement. Mon peuple a besoin de moi, et je me dois de faire passer leurs désirs avant les miens. Ca avait toujours été comme ça, et ça continuerait ainsi, quoi qu'il se passe. Je me levai donc, fis un brin de toilette, puis sortis dans les dédales de la forteresse de Mhian Dhiaga. J'entrai dans la grande salle de réception, où je m'assis sur l'une des chaises de la grande table. Un domestique me salua, puis m'apporta un plateau de fruits. Je mordais dans les fruits sans trop prendre conscience des saveurs de ces derniers. Je n'avais pas la tête à ça, mes pensées s'entrechoquant toujours au sujet d'Elenna. Ce n'était pas la première fois que cela m'arrivait, et je savais que ça continuerait toute la journée, jusqu'à temps que je ferme les yeux, et qu'un nouveau rêve remplace le précédent.

Dès que mon estomac fut rassasié, je repartis dans ma chambre, où j'enfilai des pièces en cuir en guise de protection. J'enfilai par-dessus une grosse cape faite de laine, avec un large capuchon. Je mis des gants, puis sortis de ma chambre. Je croisai quelques domestiques qui me saluèrent respectueusement. Je leur rendis leur salut, sans vraiment avoir le contrôle de mon corps. Comme si j'étais dans le corps de quelqu'un d'autre. Je sortis dans la cour, où des soldats s'entrainaient à l'épée. J'enlevai ma cape et les gants et les posai sur un tonneau. Un des soldats me tendit une épée. Le contact de ma paume avec le pommeau en métal me fit sourire. Une arme représentait une extension de mon corps. J'étais tellement habitué à en avoir une en main... Je m'entrainai depuis que j'avais l'âge de tenir debout. Porter une arme, c'était comme porter un pantalon. Sans, je me sentais nu.

Les soldats se rangèrent en face de moi. Nous ne observâmes pendant quelques minutes, puis tous fondirent sur moi. Le combat commençait. La lutte dura plusieurs minutes, après quoi, petit à petit, mes adversaires tombèrent à terre. Ils n'étaient bien entendu pas blessés, le métal n'étant pas tranchant. C'était plus un entrainement qu'autre chose. Tous les matins je venais ici pour m'entrainer avec eux. C'était une sorte de rituel. L'entrainement dura toute la matinée. Lorsqu'une clochette annonça midi, je posai les armes, repris mes affaires et retournai dans la grande salle. Cette fois trois personne étaient assises et se faisaient servir. Les trois autres dirigeants du Clan des Dragonniers. Après un salut, je m'assis. Durant le repas nous abordâmes les sempiternels sujets sur Lanriel, si l'on devait intervenir ou non, ou encore faire un bilan du nombre de Dragonniers. Des sujets où je m'abstins de participer. Je n'avais toujours pas l'esprit à ça.

Les discutions durèrent jusqu'en milieu d'après-midi. Lassé, l'esprit embrouillé, je sortis dans la grande cour, et me dirigeai vers un imposant bâtiment à l'écart. Je poussai les portes massives. « Je sais ce dont tu as besoin. » La voix résonna clairement dans mon esprit. Pas la peine de lever les yeux, je savais que Shorkan était en face de moi. Ce dernier, lisant mes pensées, avait compris dès ce matin ce qui n'allait pas. Simplement il avait préféré se taire, car après tout il n'y avait rien à dire. Je lui souris, m'approchant de l'endroit où il dormait. Il passa sa tête contre mon torse, et je le caressai avec affection. Je me dirigeai vers une étagère où je pris sa selle, et la lui mis sur le dos. Les sacs étaient déjà chargés de nourritures et d'eau, ainsi que d'une tente et de couvertures. Rabattant la capuche de ma cape sur mon front, nous sortîmes dans la cour, puis je montai sur son dos. Shorkan poussa un rugissement de joie, déploya ses longues ailes noires, puis nous nous envolâmes.

Je me laissai guider par mon fidèle compagnon, me laissant bercer par le bruit du vent sifflant dans mes oreilles. Le ciel était mon deuxième élément, et perché sur mon dragon c'était l'endroit où je me sentais le mieux. Nous survolâmes les terres de Lanriel pendant de longues heures, tournant en rond. Lorsque le soleil commença à se coucher, Shorkan, qui s'était tut pendant toute la durée du voyage, reprit la parole. « Et si on passait la nuit tous les deux ? Ca fait longtemps... Et puis ça ne pourra pas te faire de mal. » Je me contentai d'acquiescer, trouvant l'idée plutôt bonne. Retourner à Mhian Dhiaga ne m'inspirait pas. Dormir encore seul dans ce grand lit me faisait horreur. Oui, l'idée de mon Dragon n'était pas mauvaise du tout. Le dragon battit faiblement des ailes, puis, avec un nouveau rugissement qui déchira le silence, rabattit ses ailes contre son corps pour fondre en piquet vers le sol. Je m'accrochai plus fermement aux armatures pour ne pas lâcher prise, ne pouvant m'empêcher de sourire comme un enfant qui découvre cette sensation de chute pour la première fois. Un rire sortit de ma bouche, petit à petit. Lorsque nous nous rapprochâmes dangereusement du sol, Shorkan déplia ses ailes, puis plana sur plusieurs mètres avant de se poser sur le terrain rocheux et arctique du Rhewlif.

« Merci mon vieux. » A nouveau je caressai la tête de mon Dragon, qui poussa un grognement de contentement. Je fouillai dans les sacs et sortis la tente. Pendant que je la montai Shorkan s'envola chercher du bois. Il revint alors que la nuit était totale. Le jet de flamme qui jaillit de sa gueule illumina les alentours et brûla les bouts de bois. Une douce lueur inonda le campement. J'allais chercher les couvertures et en posai une sur le dos du Dragon, après lui avoir enlevé sa selle. Appuyé contre son ventre, une couverture aussi sur moi, nous regardions en silence le feu, pensant tous les deux à divers choses. Je ne sais combien de temps nous restâmes ainsi, mais dans tous les cas il devait vraiment être tard lorsque Shorkan se leva. Tête droite, griffes sorties, il inspirait et soufflait longuement. Son regard se braqua ensuite dans le mien. « Nous ne sommes pas seuls. » Je fronçai les sourcils, enlevant la couverture de mon corps et la posant à même le sol. J'allais chercher mon épée, puis rejoins mon dragon. Ce dernier s'envola. « Je vais te guider. »

La silhouette se dessina rapidement devant moi. Silencieuse, elle n'avançait pas très vite. Je la suivais depuis quelques minutes, et constatai qu'elle avait tendance à tourner autour de notre campement. Nous espionnait-elle ? Ne tenant plus à jouer à ce petit jeu, je tendis mon épée devant moi. Le bout alla toucher le dos de la silhouette, qui s'arrêta net. Personne ne parla. La silhouette se retourna doucement. Encapuchonnée, je n'aurais su dire si c'était un homme ou une femme. Le fait est qu'elle sortit de sous ses vêtements une dague et qu'elle attaqua. Ses manœuvres étaient toutefois maladroites, et ce fut sans problème que je lui enlevai la dague des mains. Démunie, la silhouette se contenta de reculer lentement, jusqu'à buter contre Shorkan qui s'était posé en silence quelques secondes plus tôt. Lorsqu'elle comprit à qui et à quoi elle avait affaire, son regard se braqua dans le mien. « Pourquoi tournes-tu autour de notre campement ? » Une question simple pour débuter. Mon Dragon poussa un grognement de mécontentement, ses écailles noires encore plus sombres que la nuit elle-même le faisant passer pour une créature sortie tout droit de l'enfer.


Dernière édition par Azriel Rawl-Boln le Dim 12 Déc 2010, 18:33, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité



My world is an arctic place. •• Teresa Hywel Empty
MessageSujet: Re: My world is an arctic place. •• Teresa Hywel   My world is an arctic place. •• Teresa Hywel EmptyDim 12 Déc 2010, 18:14

    Il n’y avait rien de plus que le mugissement du vent. Un son sourd, qui faisait siffler les oreilles de la jeune femme et qui, petit à petit, grignotait sa raison au-delà du possible. Voilà vingt minutes qu’elle s’essoufflait à défaire et refaire les lacets de cuir de ses chausses, le front couvert d’une fine pellicule de sueur. Pourquoi ? Simplement pour s’occuper l’esprit et les mains. Elle finit par se relever, haletante, et dirigea son attention vers l’unique fenêtre de la chambre. Au-dehors, le paysage était d’un blanc immaculé, seulement taché par les traînées noires des fumées de cheminées ; elle frissonna à la simple vue de ce spectacle et s’en détourna. Pour la quinzième fois depuis le début de la journée, elle contempla d’un air désespéré le parchemin déroulé sur la table. On lui avait fait parvenir trois jours plus tôt, et elle avait rapidement reconnu l’écriture maladroite qui le recouvrait : Say’l. Le mercenaire lui annonçait qu’elle allait devoir rester à Rieublanc au minimum deux semaines, ou repartir sans sa protection puisqu’il venait d’accepter quelque obscure mission auprès d’un marchand. Le message était ponctué de fautes aberrantes qui faisaient grimacer l’Inquisitrice. A chaque fois qu’elle relisait la missive, elle se répétait d’apprendre à écrire convenablement à son ami, histoire de parfaire son éducation. Elle aurait ainsi moins de difficultés à comprendre ses phrases. Teresa s’étira, pointant ses bras vers les longues poutres en bois massif disposées au plafond, et masqua tant bien que mal le bâillement qui suivit. A force de rester dans cette pièce à ne rien faire de plus que regarder la neige tomber, elle devenait toute engourdie et ne parvenait plus à réfléchir. Le calme commençait à lui taper sérieusement sur les nerfs, et cela se ressentait à travers son attitude envers les clients de l’auberge. Elle était devenue nettement plus froide qu’à l’accoutumée, tant et si bien qu’on l’évitait comme la peste. En plus du calme, donc, la solitude. C’était à s’en taper le crâne sur le mur, pour sûr.

    Teresa inspira profondément, laissant l’air affluer dans ses poumons, avant d’expirer longuement. Si cela ne suffisait plus à la détendre, ça lui permettait au moins de réfléchir posément. En temps normal. Elle attrapa les fontes habituellement accrochées à la selle de sa monture, fouilla frénétiquement leur contenu et en retira sa combinaison en cuir qu’elle échangea sans sourciller avec la robe en laine qu’elle portait. Vint ensuite la ceinture de cuir épais, à laquelle était accroché le fourreau de sa dague, sa bourse d’argent et celle où elle stockait les plantes qu’elle récoltait, ainsi qu’une gourde d’eau actuellement vide, puis la cape en fourrure fauve qui lui permettait de ne pas mourir de froid dans des environs hostiles comme celui de Rhewlif. Son poignard n’avait, quant à lui, jamais quitté sa place sous la manche gauche de son ancien vêtement, collé à sa peau. Les zébrures pâles sur sa peau témoignaient de la maladresse dont elle faisait preuve autrefois en sortant la lame, geste qui avait pour effet d’entailler la chair si l’on ne l’exécutait pas assez bien. Elle ne s’attarda pas sur ce détail de son anatomie et vérifia qu’elle n’oubliait rien avant de quitter la chambre. Elle demanda à ce que son cheval soit sellé, que des vivres lui soient données et qu’on lui remplisse ses deux gourdes – l’une d’eau, l’autre d’alcool. Pendant que le tavernier s’affairait, un air énigmatique sur le visage, elle passa en revue les différentes plantes contenue dans la deuxième bourse : elle devrait bientôt en chercher d’autres, ces dernières n’étant plus de première fraîcheur leur efficacité allait en diminuant avec les jours. L’homme tapota le comptoir en pin afin d’attirer son attention. Elle ne leva pas les yeux vers lui, trop absorbée par ses réflexions, et se contenta de piocher une petite poignée de piécettes argentées dans la première bourse pour le payer. Une bourrasque de vent froid l’accueillie dès qu’elle ouvrit la porte de l’auberge, lui donnant envie de reculer ; ce qu’elle ne fit pas, bien entendu.

    Senya, la jument baie achetée cinq ans plus tôt, attendait paisiblement à la lisière de l’écurie. Un jeune garçon d’environ treize ans dont la tenue ne semblait pas adaptée à ces températures, la tenait par la bride en attendant que l’Inquisitrice s’approche. Cette dernière esquissa un sourire, remit une pièce d’argent à l’adolescent, et grimpa sur la selle en s’aidant des rênes et des étriers. Une fois en place, elle rabattit sa capuche sur sa chevelure d’ébène et courba automatiquement son corps pour se protéger de l’air glacé. L’équidé se mit au trot, son haleine provoquant un écran de fumée grise autour de ses naseaux. Sans doute maudissait-il sa cavalière, trop stupide pour comprendre que sortir par un temps pareil ne leur serait d’aucune utilité. Surtout qu’en soixante mois, il avait eu le temps de comprendre que la jeune humaine n’était pas douée pour se diriger seule dans une étendue sauvage. Pourtant, il obéissait les oreilles rabattues, mordillant le mord et plissant les yeux. Il espérait juste que leur petite randonnée n’allait pas se solder par la mort de quelqu’un. Teresa flatta l’encolure de la jument, murmurant des paroles qui se voulaient réconfortantes et accélérant l’allure à l’aide de tapotements des talons au niveau des flancs de l’animal.

    (Quelques kilomètres plus loin, dix heures plus tard.)

    Plus jamais elle ne partirait sans Say’l. A quoi bon braver les intempéries lorsque l’on finit par se perdre dans tout ce blanc ? Aux yeux de l’Inquisitrice, le paysage était identique où qu’elle oriente son regard, elle n’arrivait plus à se repérer et, chose nettement plus inquiétante, venait de sentir une piqûre étrange dans son dos. Comme la pointe d’une lame. Elle se figea immédiatement, la neige tombant doucement sur sa fine silhouette. Elle hésitait entre tenter de désarmer son agresseur, s’enfuir en courant, ou demeurer immobile. Elle évinça la deuxième solution rapidement, ne sachant de toute façon pas dans quelle direction aller, et opta finalement pour la première. Ses doigts engourdis par le froid parvinrent à attraper le manche du poignard au niveau de sa ceinture, à le brandir face à l’adversaire mais ce fut tout. L’arme tomba dans la couche de neige avec un bruit mat, la laissant sans défense – elle n’allait pas sortir son poignard, il ne lui aurait été d’aucune utilité vu l’adresse dont elle venait de faire preuve. Teresa recula donc, ravalant sa salive et sa fierté, songeant à une échappatoire mais n’ayant pas d’idée lumineuse pour la sortir de ce mauvais pas. Elle ouvrit les mains, présentant ses paumes à l’ombre en face d’elle, et eut le déplaisir de se heurter à quelque chose. Quelque chose de mou, chaud et définitivement pas humain si elle s’en référait aux écailles qui crissaient sur sa cape. Un Dragon. Un souffle brûlant l’enveloppa, accompagné d’un grondement pas vraiment amical. Un frémissement incontrôlable parcourut son échine. Le guerrier, car c’était un homme, lui demanda pourquoi elle tournait autour de son campement.

    « Votre campement ? » répéta la Confidente sans comprendre.

    Comment avait-elle pu tourner autour de son campement sans s’en rendre compte ? L’éclat du feu de camp aurait dû l’alerter. La jeune femme maudit la neige qui recouvrait Rhewlif et ses villages, maudit l’absence de Say’l, son sens de l’orientation inexistant, et elle-même. Dire que quelque part, à des mètres de là, Senya attendait son retour bien à l’abri derrière un énorme rocher de givre… Elle espérait que sa monture n’allait pas se faire attaquer ou mourir de froid ; bien que de ce côté-là elle était plus rassurée puisqu’elle l’avait littéralement recouverte de couvertures.

    « Pardonnez-moi, Dragonnier, je ne voulais pas vous inquiéter. » elle tira sur sa capuche pour dévoiler son visage, laissant les flocons blancs se poser sur sa peau sans frémir « Je ne suis qu’une voyageuse perdue. Je me nomme Teresa, et je peux vous assurer que je n’avais nulle envie de faire de vous un potentiel ennemi. »

    Le corps tendu à l'extrême, elle s'éloigna sans gestes brusques de l'énorme reptile et chercha le regard d'Azriel pour établir un contact. Elle ne s'était pas annoncée comme Inquisitrice, de peur de voir l'homme réagir de façon inconsidérée. Elle ne savait rien de lui, elle ignorait s'il portait les femmes comme elle en haute estime, ou s'il les méprisait. S'il en venait à lui demander ce qu'elle faisait sur les routes, elle trouverait une excuse qui exclurait le mensonge.

    « J’ai laissé ma monture quelque part, non loin d’ici. Je voulais trouver du bois et… me voilà. »

    Avait-elle rajouté pour le convaincre. Resa espérait simplement qu'il la laisserait tranquille ou, qu'au mieux, il l'aiderait à retrouver Senya.


Dernière édition par Teresa Hywel le Ven 07 Jan 2011, 13:26, édité 2 fois
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité



My world is an arctic place. •• Teresa Hywel Empty
MessageSujet: Re: My world is an arctic place. •• Teresa Hywel   My world is an arctic place. •• Teresa Hywel EmptyDim 12 Déc 2010, 21:50

Shorkan n'était pas du genre à passer inaperçu. De un par son statut de Dragon, et de deux par la couleur de ses écailles. D'un noir de jais. Avec ses cornes cuivrée et ses yeux d'un noir cendré mêlé à des cristaux rougeoyant semblable à des braises, Shorkan dégageait quelque chose d'hypnotique, de fascinant. Du moins très rapidement, car vite la fascination se transformait en une peur sans nom, surtout lorsque l'on louchait sur ses crocs aussi longs qu'une main. De tous les Dragons, ceux à Crêtes étaient les plus dangereux. Des crocs vénéneux, une taille imposante. Certes, ce n'était pas le plus gros, mais tout de même. La population était toujours peureuse lorsqu'elle voyait un Dragon. Il n'y avait que les enfants pour continuer à maintenir le regard et à oser s'approcher. Il faut croire qu'ils étaient encore trop innocents pour faire la différence entre le bien et le mal, entre le danger et la sécurité. C'était peut-être mieux ainsi, car la vérité était que la population avait souvent de mauvais avis, ou du moins des avis trop arrêtés. Un Dragon, dressé, était totalement inoffensif. Mais cela, les gens avaient du mal à se le rentrer dans la tête.

L'intrus resta stoïque de longues secondes. Visiblement ne sachant pas très bien quel attitude avoir face à un Dragonnier, et surtout, je pense, face à son Dragon. Pour en rajouter une couche, Shorkan cracha un fin jet de flammes vers le ciel. Un instant l'environnement s'éclaira autour de nous. Une vague de chaleur réchauffa mon visage engourdi par le froid mordant. Il fallait vraiment être inconscient pour se balader seul et dans la pénombre la plus complète. Ou suicidaire, à voir. Dans tous les cas, il me faudrait plus qu'un simple "Je me suis perdu". La coïncidence avec le fait qu'il tourne autour de notre campement était bien trop grande. Et je ne croyais pas aux coïncidences.

« Votre campement ? » A l'entendre on aurait cru qu'elle ne l'avait pas vu. Mon regard se braqua dans les environs. C'est vrai qu'avec la neige qui tombait à gros flocons et les rafales de vents qui avaient tendance à nous aveugler... Mais bon, tout de même. Mon attention se reporta à nouveau sur l'inconnu, qui par sa voix aiguë et frêle commençait à me faire penser à une femme. Une femme dans cet univers de glace. Cela ne collait pas vraiment à l'image du mercenaire tout en muscle venu pour m'assassiner, mais bon, les apparences étaient souvent trompeuses. « Pardonnez-moi, Dragonnier, je ne voulais pas vous inquiéter. » En même temps sa main souleva sa capuche, me laissant enfin entrevoir son visage. Comme je l'avais pensé, c'était bel et bien une femme, qui plus est avec des traits harmonieux. « Les femmes les plus dangereuses ne sont pas souvent des laiderons tu sais... » Shorkan eut ce que l'on pourrait appeler un large sourire amusé, qui passa plutôt comme un dévoilement de ses crocs acérés et qui aurait facilement pu être interprété comme "Toi, tu seras mon prochain repas". Mais bon, passons. Je ne relevai même pas la boutade de mon compagnon écailleux, la demoiselle continuant sa série d'excuses. « Je me nomme Teresa, et je peux vous assurer que je n’avais nulle envie de faire de vous un potentiel ennemi. » Là encore sa voix laissait entendre qu'elle était sincère.

Les femmes, de vraies actrices... Sous leurs allures angéliques pouvaient se cacher des assassins en puissance. Comme l'avait laissé sous-entendre Shorkan, c'était la plupart du temps des femmes d'une ravissante beauté qui se révélaient être les plus prometteuses mercenaires. Car qui pouvait résister aux charmes d'une jolie demoiselle ? Après tout, les hommes étaient justement des hommes, des êtres facilement manipulables par les femmes. C'est un fait. Je sentais son regard qui cherchait le mien, comme pour montrer une preuve de sa sincérité. Au début je refusai de la regarder, pensant qu'en faisant cela je me laisserais influencer par mes sentiments d'homme. Cependant je finis par penser que cela était impoli, et c'est donc avec une extrême froideur que mon regard couleur acier se planta dans le sien.

Je me voulais être dur, de la même manière que je l'aurais été si ça aurait été un homme en face de moi. « J’ai laissé ma monture quelque part, non loin d’ici. Je voulais trouver du bois et… me voilà. » Du bois ? Je ne pus m'empêcher de laisser paraitre un certain étonnement. Soit cette fille était une piètre menteuse, soit elle était vraiment naïve et insouciante de croire que l'on pouvait trouver du bois aussi facilement tout en sachant que la nuit était tombée depuis déjà fort longtemps. « Va vérifier. » Le Dragon acquiesça puis déplia ses ailes. Après deux trois battements son corps décolla, soulevant une quantité de neige qui m'obligea à mettre mes mains devant mon visage.

Lorsque la neige fut retombée au sol, mon attention se reporta à nouveau vers la dénommée Teresa. « N'est-ce pas imprudent d'aller chercher du bois dans un tel endroit et à cette heure tardive ? » Ma voix se voulait neutre. Mais mes paroles laissaient paraitre un scepticisme évident. Cependant j'étais du genre ouvert d'esprit, alors pourquoi pas. Sans toutefois me détendre, j'arrêtai de pointer mon épée dans sa direction en la plaçant le long de mon corps. Je n'attendais pas vraiment de réponse de la part de la demoiselle, car après tout elle n'avait pas à se justifier. C'est pourquoi j'enchaînai, d'une voix un tantinet plus amicale. « Je me nomme Azriel. Une chance que mon Dragon vous ait repéré. » Car il est vrai que vu comment la nuit était fraiche et les environs désertiques, elle aurait eu bien du mal à retrouver son chemin. Surtout vu le manque de chance qu'elle semblait avoir, pour peu qu'elle dise bien la vérité et qu'elle soit réellement innocente dans cette histoire.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité



My world is an arctic place. •• Teresa Hywel Empty
MessageSujet: Re: My world is an arctic place. •• Teresa Hywel   My world is an arctic place. •• Teresa Hywel EmptyMar 14 Déc 2010, 07:46

    Une gerbe de flammes illumina fugacement la scène, imprimant chaque détail – même le plus petit – dans la rétine de la jeune femme. Dès que le dragon cessa son manège intimidant, elle battit des paupières afin de se réhabituer à la pénombre des lieux. Sans aller jusqu’à dire qu’elle n’avait pas eu peur de cette démonstration de force, Teresa était heureuse de dire qu’elle avait réussi à réprimer le cri de stupeur qui s’était formé en elle en le transformant en un léger spasme. Elle pinça les lèvres, baissant le regard afin de ne pas se montrer trop téméraire, et n’osa le relever que lorsque le reptile prit son envol. Elle supposa que l’homme en face d’elle voulait s’assurer de sa bonne foi et avait par conséquent demandé à son compagnon d’aller vérifier s’il n’y avait pas un « campement » abandonné non loin. Elle croisa les doigts sous sa cape de fourrure, priant pour que Senya ne prenne pas la fuite en sentant venir ce gros prédateur.

    « N’est-ce pas imprudent d’aller chercher du bois dans un tel endroit à une heure si tardive ? »
    « Moins imprudent que de penser survivre à ce froid sans feu. » répliqua-t-elle d’un ton neutre.
    « Sans vouloir vous offenser. »

    Avait-il perçu l’esquisse d’un sourire moqueur sur ses traits ? Avec la neige qui tombait sur eux, elle en doutait mais n’allait pas l’affirmer. L’Inquisitrice souffla de soulagement en le voyant baisser finalement son arme. Ne plus être en danger immédiat lui ôtait un poids considérable ; non pas qu’elle craigne que ce Dragonnier ne l’attaque avant d’être certain de sa culpabilité… Quoi que. Il continua néanmoins de parler, comme s’il tenait à faire preuve d’un peu plus d’amabilité qu’il n’en n’avait démontrée jusque-là.

    « Je me nomme Azriel. Une chance que mon Dragon vous ait repéré. »
    « Vous m’excuserez de ne pas avoir immédiatement sauté de joie, il faut dire que la situation portait à confusion. Cependant, j’ai une dette envers vous désormais. Sans la vigilance de votre Dragon, je serais certainement encore là à tourner en rond dans ce paysage infernal… Voire pire. »

    Teresa pencha la tête, en signe de remerciement, et rabattit ensuite sa capuche sur sa chevelure sombre. Les quelques flocons glacés qui avaient pu s’y déposer allaient la rendre malade. Sa constitution étant beaucoup plus faible que celle du guerrier, elle ne s’étonna pas de ressentir les prémices d’une fièvre annonciatrice de maladie. Avec les plantes qu’elle avait sur elle, la jeune femme arriverait à éviter cela. Encore faudrait-il qu’ils ne restent pas plantés là au beau milieu de cette étendue enneigée à attendre le retour du dragon. Son regard brun se posa dans le sien, cherchant à capter une probable empathie sous cette apparente dureté.

    « Puis-je récupérer ma dague ? Je ne l’utiliserais pas contre vous, je vous en donne ma parole. J’aimerai aussi, si vous le voulez bien, me rapprocher de votre feu de camp. Je suis plus fragile que vous, Dragonnier.»

    Ce n’était pas dans les habitudes de Teresa de se montrer aussi polie avec autrui. Elle se contentait normalement de rester muette, laissant Say’l parler à sa place et se dépêtrer avec les personnes qui pourraient leur vouloir du mal, n’intervenant que lorsque c’était vraiment nécessaire. Elle n’était de toute façon pas douée avec les armes, elle n’aurait fait qu’handicaper le mercenaire dans un cas pareil… Cependant, les cinq années passées au Temple des Inquisitrices, à Cathairfal, lui avaient appris les usages les plus rudimentaires : comment ne pas passer pour une gourgandine en laissant parler ses sentiments trop vite, comment remercier un seigneur, comment ne pas jouer les têtes brûlées face à un adversaire dangereux,… Ce genre de choses qui, sur le moment, semblent dénuées d’intérêt mais qui, en réalité, s’avèrent très utiles. Or, Azriel correspondait parfaitement à l’idée que l’on pouvait se faire d’un « adversaire dangereux ». Heureusement pour elle qu’il n’était pas l’un de ces bandits de grands chemins assoiffé d’argent et affamé de femmes. Elle n’aurait pas donné cher de sa peau.

    Teresa frotta ses mains l’une contre l’autre, les gardant bien à l’abri sous la fourrure chaude. Quelle idée ! Elle devait se faire violence pour ne pas se maudire continuellement. Say’l lui avait pourtant bien dit de ne jamais, ô grand jamais, s’aventurer seule dans les terres gelées de Rwelif. L’avait-elle écouté ? Evidemment que non. Il fallait qu’elle fasse ce qu’elle avait décidé, quitte à se planter en beauté et à risquer l’hypothermie. Si seulement elle avait emmené du bois en partant, elle n’en serait pas là. La jeune femme se plût à imaginer la chaleur réconfortante d’un feu de camp, les flammes léchant avidement les brindilles disposées au centre d’un cercle en pierres… Une bourrasque plus forte que les autres la tira de ses rêves-pensées et l’obligea à regarder la réalité en face – ou plus précisément, Azriel. D’après ce qu’elle voyait, il réfléchissait encore à ce qu’elle lui avait demandé. Rien d’étonnant à cela ; n’importe qui serait méfiant vis-à-vis d’une femme voyageant seule. Surtout si cette femme était potentiellement jolie, cela ne faisait qu’attiser le doute qui devait tarauder le cœur et l’esprit du Dragonnier. Non pas que l’Inquisitrice se trouve ravissante, ou qu’elle ressente une animosité particulière envers les laiderons, mais plutôt que les conseils loufoques de Say’l avaient insidieusement contaminé ses pensées : « ne te fie jamais à une belle femme ! », « si tu trouves quelqu’un dans le besoin sur ton chemin, méfie-toi ! Encore plus si c’est une femme. », « d’ailleurs, les femmes ne devraient pas voyager… ne me regarde pas comme ça, ce n’est pas comme si tu étais… ah, si, tu es une femme. » Sombre idiot.

    « Pardonnez mon audace, mais que fais un Dragonnier par ici ? Je pensais que les Dragons supportaient mal le froid. C’est sûrement une fausse rumeur mais… »

    Elle fit un geste ample du bras gauche, désignant ainsi le paysage.

    « Ce n’est pas un endroit que j’aurais choisi pour prendre du repos. »

    Ses iris s’ancrèrent de nouveau dans les siens, prêts à y discerner la moindre trace de mensonge. Plus elle l’observait, plus elle se sentait en confiance. Même s’il gardait son arme en main, il ne l’avait pas attaquée et semblait prêt à lui porter secours. Qui plus est, il était inutile de nier que le charme de l’homme avait un certain effet sur elle. L’intensité de son regard bleuté, ses traits affirmés et son visage fermé lui conféraient une aura de mystère presque envoûtante. Bien qu’un peu gênée par cette situation, Teresa ne baissa pas les yeux. C’était une façon comme une autre de s’occuper afin de ne plus penser au froid.


Dernière édition par Teresa Hywel le Ven 07 Jan 2011, 13:27, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité



My world is an arctic place. •• Teresa Hywel Empty
MessageSujet: Re: My world is an arctic place. •• Teresa Hywel   My world is an arctic place. •• Teresa Hywel EmptyMar 14 Déc 2010, 17:39

Un frisson contracta mes muscles. Je fermai un court instant les yeux, luttant contre le froid. Cet après-midi, lorsque j'avais prévu de faire une ballade sur le dos de Shorkan, je n'avais pas vraiment prévu que l'on finirait dans cette partie du monde. C'est pourquoi je n'avais pas prévu des vêtements très très chaud. De plus, dans la précipitation d'un intrus qui rôdait dangereusement autour du camp, j'étais parti sans prendre mes gants. Certes, avoir les doigts gelés était supportable. Le problème était de rester statique, secoué par les rafales de vent. Mais là encore c'était supportable. Disons que mon enfance avait été placé sous le signe de l'entrainement. Je m'étais entrainé du levé jusqu'au couché du soleil, quelque fois même entre temps. Qu'il pleut, qu'il vente, ou qu'il neige, que l'on soit en été comme en hiver. J'étais habitué à subir des contraintes physiques. Mais cela ne voulait pas dire que j'étais devenu une sorte d'être insensible au climat.

Machinalement mon regard se porta vers le ciel, sombre et dénué d'étoiles. Surement les nuages avaient fini par les voiler. Ah moins que ce ne soit le brouillard. Je ne connaissais que trop mal ces contrées, les Dragonniers quittant rarement par nature les Bairr Bàn. Ma condition de Dirigeant ne me laissait pas plus de liberté d'ailleurs. La dernière fois que j'étais venu dans le Rhewilf, c'était surtout pour capturer mon Dragon, pour devenir un Dragonnier. Cela remontait au lendemain de mes dix-sept ans. Comme une éternité. Bien avant j'avais séjourné quelques jours ici, dans cet univers glacé. Quelques jours à s'entrainer, et à apprendre à survivre lorsque l'on a rien. Pour augmenter sa résistance, pour augmenter son endurance, et pour prouver sa détermination à continuer. Depuis je n'avais fait que survoler ces contrées, et exceptionnellement dormi à la belle étoile, comme en cette nuit.

Mon esprit se tourna vers celui du mon compagnon à écailles. Mon attention se focalisant sur ce dernier, j'arrivais à ressentir ce qu'il ressentait. La liberté de pouvoir voler, son attention à regarder le sol et à essayer de trouver la trace du fameux campement. Peut-être aussi l'espoir naïf de trouver du gibier. Mais dans ce paysage désertique et froid, lui et moi en doutions assez. « Moins imprudent que de penser survivre à ce froid sans feu. » Teresa me fit revenir à la réalité, ou du moins dans mon corps. Les sentiments de Shorkan ne furent bientôt qu'une toile de fond. « Sans vouloir vous offenser. » Je n'étais pas le moins du monde offensé. Car après tout elle n'avait pas tort. Simplement la nuit étant tombée depuis plusieurs heures, soit elle vagabondait sur la glace depuis tout le temps, soit elle s'était faite surprendre par la nuit. Cherchait-elle une auberge, ou du moins un endroit pour se mettre au chaud ? Les possibilités étaient diverses et variées, et aucune n'était plus probable que les autres.

Je gardai néanmoins le silence, ne voyant pas quoi répondre à une telle phrase. Admettre mon erreur ? Certes. Je n'étais pas du genre entêté, et j'admettais volontiers m'être trompé. Les erreurs permettent que l'on évite de les refaire, encore et encore. Alors pourquoi nier se tromper ? Malgré son air neutre et ses excuses, j'y voyais cependant une touche de raison. Elle venait de poser un argument qui prouvait que je n'avais pas pensé à tout. Certes. L'Homme n'était pas un être parfait, et personnellement j'étais encore loin de la perfection. La perfection, de toute manière, c'était la déesse Eydis qui la détendait. Et je doutais qu'elle n'accorde cette personne à un simple humain, qu'il soit Singulier, Magicien ou autre. « Vous m’excuserez de ne pas avoir immédiatement sauté de joie, il faut dire que la situation portait à confusion. Cependant, j’ai une dette envers vous désormais. Sans la vigilance de votre Dragon, je serais certainement encore là à tourner en rond dans ce paysage infernal… Voire pire. » Toujours présent, ce petit air moqueur, triomphant. Cette femme était du genre joueuse, du genre... Osée. Même cachée sous ses éternels excuses et ses remerciements, je pouvais aisément y découvrir des petits mots, des petites expressions humoristiques. Teresa n'avait pas l'air d'avoir sa langue dans sa poche, même si la courtoisie et les bonnes attitudes l'empêchant de devenir irrespectueuse. Elle osait tout en restant prudente, n'étant finalement pas si inconsciente que ça.

Sous les louanges de la Demoiselle je restais de marbre. Non pas que cela ne me touche pas, mais plutôt qu'il fallait que je reste ainsi. Sourire pouvait montrer une quelconque faiblesse. Et du fait que Teresa restait toujours une inconnue et une suspecte potentielle... Je ne pouvais pas me laisser aller, ou sinon elle risquait d'en profiter. « Puis-je récupérer ma dague ? Je ne l’utiliserais pas contre vous, je vous en donne ma parole. J’aimerai aussi, si vous le voulez bien, me rapprocher de votre feu de camp. Je suis plus fragile que vous, Dragonnier. » Il est vrai que sa dague était restée à mes pieds lorsque je l'avais désarmé. Alors que je m'apprêtai à me pencher, la voix de Shorkan résonna dans mon esprit.

Fier, le Dragon battait des ailes à mi-hauteur, tournant autour d'un point qu'il pensait être le fameux campement de Teresa. « La fille dit vrai. Enfin... Je vois surtout son cheval. Pour le reste... C'est pas franchement un campement. Le fruit d'une débutante, à mon avis. » Plus les minutes passaient, et plus les indices portaient à croire que cette fille disait la vérité. Cet air gauche et son inexpérience en matière de campement en était la preuve. « Et le cheval ? » J'avais cru entendre un brin d'inquiétude dans la voix de la demoiselle lorsqu'elle avait mentionné son cheval. Peut-être son état de santé la préoccupait-elle. « On dirait plus un gros paquetage avec la tonne de couvertures qu'il a sur lui. Mais je dirais qu'il va plutôt bien. » Bon, c'était une bonne chose. Au moins elle avait eu le réflexe de couvrir sa monture, à défaut de s'être couvert elle-même. « Bien. Élargis ton périmètre et fais un rapide tour, au cas où elle ne serait pas seule. »

Obnubilé par Shorkan et ce qu'il voyait, j'en avais totalement oublié d'agir. Toujours planté droit sur mes deux jambes, mon épée entre les mains, j'avais momentanément fait outre de la présence de Teresa, qui semblait devenir de plus en plus impatiente et de plus en plus fragilisée par le froid. Oui, une chance que Shorkan la repère, car elle n'aurait vraiment, mais alors vraiment, pas fait long feu ici. « Pardonnez mon audace, mais que fais un Dragonnier par ici ? Je pensais que les Dragons supportaient mal le froid. C’est sûrement une fausse rumeur mais… » Je suivis son geste lorsqu'elle montra l'étendue enneigée. « Ce n’est pas un endroit que j’aurais choisi pour prendre du repos. » Là encore elle n'avait pas tort. Teresa semblait avoir un bon esprit de raisonnement. Surement était-elle instruite, car elle parlait bien, et pour le moment n'avait pas fait de fautes notoires.

Je me baissai pour ramasser sa dague, la secouant légèrement pour enlever la neige qui avait eu le temps de se déposer dessus. Le pommeau était froid, presque gelé. Le principe de devoir se battre dans un endroit où la température était très froide. Je pris mon temps avant de réfléchir à sa question, choisissant mes mots. « Certes. Mais c'est un endroit où au moins on ne peut pas être dérangé. Ou alors difficilement. » Je réprimai un sourire amusé. Non pas que cette fille était un dérangement mais... Enfin bref. Je n'avais pas vraiment prévu de passer la nuit avec une certaine compagnie, qui plus est féminine. Mais il allait falloir faire avec. « Venez. Le campement n'est qu'à quelques minutes. » En même temps que mes paroles sortaient de ma bouche, je lui tendis sa dague. Mon regard s'inclina ensuite vers l'étendue désertique, et me mis en marche. Le crissement des bottes de Teresa dans la neige m'indiquait qu'elle était sur mes talons.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité



My world is an arctic place. •• Teresa Hywel Empty
MessageSujet: Re: My world is an arctic place. •• Teresa Hywel   My world is an arctic place. •• Teresa Hywel EmptyMer 15 Déc 2010, 08:55

    Teresa frissonna en prenant la dague ; la poignée était devenue glacée lors de son séjour dans la neige, ce pourquoi elle s’empressa de la ranger dans le fourreau et de se frotter les mains l’une contre l’autre. Le Dragonnier l’enjoignit à lui emboîter le pas, ce qu’elle fit sans discuter. Le crissement caractéristique des pas dans la neige se fit bientôt entendre. La jeune femme s’efforçait de faire de grandes enjambées afin de ne pas se laisser distancer par l’homme devant elle, son regard brun demeurant résolument rivé au sol pour prévenir toute chute potentielle. Le silence s’installa donc progressivement, au grand dam de la jeune femme qui craignait qu’à force de demeurer closes, ses lèvres allaient finir par geler. Si en temps normal elle aimait ne pas parler et observer, c’était ce soir le contraire ; la faute à ce temps froid. Elle releva le regard vers le ciel qui s’était considérablement dégagé pendant qu’ils discutaient : les étoiles scintillaient doucement, illuminant le paysage de reflets argentés. Elle chercha la lune mais ne la trouva pas, cette dernière étant certainement située derrière elle. Dans sa contemplation, l’Inquisitrice se mit à imaginer ce qu’allait être le reste de la nuit. Jamais elle n’avait dormi seule avec un autre homme que Say’l, et le mercenaire avait bien comprit qu’il valait mieux pour lui qu’il se tienne à une distance respectable d’elle – plus précisément de l’autre côté du feu. Non pas qu’elle craigne un revirement de situation qui impliquerait que le guerrier se transforme en satyre, mais tout de même. Et puis, ce serait aussi la première fois qu’elle dormirait près d’un dragon. Ces imposantes créatures la fascinaient tellement qu’elle se demandait si elle allait pouvoir fermer l’œil. Le fil de ses pensées s’interrompit brusquement lorsqu’elle trébucha et se rattrapa maladroitement au dos du guerrier, ses mains attrapant son vêtement en essayant de ne pas le blesser.

    « Je suis désolée, j’ai… glissé. »

    La Confidente se redressa, constatant par la même occasion qu’une lueur orangée brillait près d’eux. Le campement. Enfin ! Elle trottina presque jusqu’au feu de camp, qui se mourrait lentement en l’absence de personne pour l’entretenir. Teresa s’agenouilla, remua un peu les braises à l’aide d’une fine branche moins calcinée que les autres, et eut un sourire satisfait lorsque les flammes se firent un peu plus vives. Si elle n’égalait pas son compagnon mercenaire pour faire un camp, elle savait au moins s’occuper du feu ; c’était l’une des premières choses qu’il lui avait appris. « Le feu, c’est vital : si tu le laisses mourir, dis-toi bien que je n’en ferais pas d’autres », la prévenait-il en partant chercher un stock de bois. Au départ, elle pensait qu’il plaisantait, mais lorsqu’il était revenu pour découvrir le lit de cendres et qu’il n’avait strictement rien fait, elle avait commencé à comprendre qu’elle devait coopérer si elle voulait ne pas être un fardeau. L’Inquisitrice disposa les branches et brindilles intelligemment, palliant le manque en piochant dans le petit stock qu’Azriel avait dû constituer de nombreuses heures plus tôt. Quand elle eut terminé son travail, elle se redressa avec un air fier.

    « Voilà, ça devrait tenir encore quelques temps. »

    Petit à petit, le sang refluait dans ses membres engourdis. Elle remarqua seulement à cet instant qu’elle saignait à la main droite, sa main qui lui servait à tenir son arme, à écrire et à bien d’autres choses. La légère entaille qui courrait sur son dos devait provenir de sa brève jouxte contre le Dragonnier ; elle observa le sang se dégeler, puis couler. La douleur, quant à elle, s’intensifia au fur et à mesure que son corps retrouvait un peu de chaleur. Teresa pinça les lèvres. Elle tira de sous sa cape la petite bourse en croûte de cuir qui lui servait à transporter des plantes médicinales, et l’ouvrit. Une large feuille d’un vert émeraude fut appliquée sur la plaie ; cette dernière cessa rapidement de saigner et les petites piques de souffrance s’évanouirent. La jeune femme considéra d’un œil critique sa blessure, puis jeta la feuille dans les flammes où elle se consuma presque instantanément en un jet bleuté.
    Elle fit glisser sa capuche sur ses épaules et soupira silencieusement. Le réconfort que lui apportaient la chaleur et la sécurité d’un camp détendait ses muscles mieux que ne l’aurait fait un massage. Elle mit ses mains en coupe au-dessus de l’âtre et jeta un coup d’œil vers le soldat. Non loin d’elle, il avait vaqué à ses occupations tout comme elle s’était occupé des siennes. Un observateur inattentif aurait pu croire qu’ils voyageaient ensembles dès le départ, et pourtant…

    « Vous ne souriez jamais, Dragonnier ? Beaucoup d’hommes auraient été ravis de tomber sur une damoiselle en détresse. » une pause « C’est une plaisanterie. J’essayais de... briser la glace, si je puis dire. »

    Un sourire à la fois moqueur et penaud s’installa sur ses lèvres, illuminant son visage où dansaient les ombres.

    « Votre compagnon va-t-il revenir sous peu ? Je pourrais sans doute retrouver ma monture et ainsi vous seriez débarrassé de ma présence. »

    Elle ne souhaitait pas s’imposer, tout comme elle ne voulait pas qu’il ne voit en elle qu’une femme maladroite qui aurait pu mourir s’il ne l’avait pas trouvée. Même si c’était le cas. Teresa admira un court moment le ciel, avant que son regard ne revienne se poser sur Azriel. La grande déesse Eydis devait veiller sur elle, sans cela elle serait encore perdue sous les vents neigeux… En parlant de vent, il n’y en avait plus. Seule une légère brise persistait, toutefois suffisante pour donner des frissons à la jeune femme. L’Inquisitrice rangea la bourse à sa ceinture, remettant à plus tard la tisane qu’elle voulait boire, jugeant préférable d’attendre l’approbation du Dragonnier.


Dernière édition par Teresa Hywel le Ven 07 Jan 2011, 13:28, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité



My world is an arctic place. •• Teresa Hywel Empty
MessageSujet: Re: My world is an arctic place. •• Teresa Hywel   My world is an arctic place. •• Teresa Hywel EmptyMer 15 Déc 2010, 15:42

Vu que le danger semblait être passé, mon épée retrouva sa place son fourreau, situé derrière au niveau de ma hanche droite. Tenir une épée dans sa main pour une ballade n'était pas vraiment la meilleure chose qui soit, car en vue de sa taille et de son poids c'était plus un fardeau qu'autre chose. Qui plus est avec la neige qu'il y avait à terre et les températures plutôt basses, je préférais être à l'aise et agile sur la glace pour être prêt à me rattraper en cas de chute plutôt que de tenir une arme qui visiblement n'avait pas lieu d'être dans mes mains en vu de l'absence notable de danger. Du moins c'était ce que je croyais jusqu'à ce que subitement quelque chose m'attrape la cape que j'avais sur le dos et l'agrippe désespérément. Ce geste me surprit et je me stoppai, me retournant subitement, la main gauche serrant le pommeau de l'épée. Pur réflexe. Lorsque je vis que c'était Teresa qui avait glissé et perdu l'équilibre, ma main relâcha l'épée. Je remis ma cape en place, poussant un discret soupir. « Je suis désolée, j’ai… glissé. » Plus de peur que de mal, visiblement.

Ce n'était pas très prudent de faire ça avec un guerrier. Car les guerriers étaient formés pour développer des réflexes. En cas d'attaques surprises il fallait être vif, rapide, et efficace. Un soldat qui n'avait pas son épée contre lui était un homme mort. Un soldat qui avait de long réflexe l'était encore plus. Il ne fallait faire confiance à personne, car tout le monde pouvait être le contraire de ce qu'il laissait paraitre. Ainsi j'avais cru que Teresa m'avait prit en traitre, et que finalement elle était vraiment ce que j'avais cru qu'elle était au départ, c'est-à-dire un assassin, ou quelque chose s'y reportant. Mais je m'étais trompé, une fois encore. La demoiselle semblait vraiment maladroite. De plus en plus je m'étonnai qu'elle soit seule sur ces terres. Comment faisait-elle pour survivre ? Elle semblait n'avoir aucune base de survie.

Je n'eus même pas le temps de dire quoi que ce soit que déjà elle se ruait vers le feu. Un fin sourire se peignit sur mon visage, amusé par cette demoiselle. Tandis qu'elle se penchait sur le feu et appréciait sa douce chaleur, je partis du côté de la tente qui se trouvait à deux ou trois mètres du feu -au cas où une braise roulait et qu'elle ne mette le feu à la toile fine-. Je rentrai dedans et ouvris les sacs qui étaient situés sur les côtés de la selle de Shorkan. Dans la précipitation il était parti sans, ce qui était logique vu qu'il fallait un minimum de temps pour la lui poser sur le dos. Or en cas de danger, le temps pour faire ce genre de choses est inutile. Des sacs je sortis un paquet contenant des fruits, viandes et compagnie qu'un domestique avait placé dans mes sacs avant le voyage. Je pris aussi les deux gourdes, hésitant un instant à prendre celle qui contenait de l'alcool. Est-ce que Teresa était du genre à boire ce genre de breuvage ? J'optai pour la prendre, car même si elle n'aimait pas, au moins cela la réchaufferait.

Lorsque je sorti de la tente, je constatai que le feu brûlait d'une manière plus intense. Au moins cette fille savait entretenir le feu, à défaut de trouver du bois. Elle n'était peut-être pas si débutante que ça en la matière. « Voilà, ça devrait tenir encore quelques temps. » Dans tous les cas je fus satisfait de constater qu'elle n'avait pas profité de ce moment où j'étais sous la tente pour faire quelques bêtises, comme me voler ou quelque chose dans cet esprit. Mon regard découla vers le stock de bois qui du coup avait baissé massivement. A vouloir faire un grand feu, cela allait faire qu'il ne durerait moins longtemps. Je pinçai un instant mes lèvres, avant de me pencher sur ce que faisait Shorkan. Ce dernier faisait le tour des environs, se laissant porter par les courants ascendants. « Je pense que du bois sera aussi nécessaire. » Je ressentis un instant la colère du Dragon. Shorkan n'aimait pas qu'on le prenne pour un simple sbire. Cependant il changea de cap, se laissant tomber comme une pierre vers la forêt avoisinante. Arrivé à ce niveau il planta ses griffes dans le premier arbre venu, le déracinant sans peine. « Sa Seigneurie est-elle satisfaite ? » Sa voix était froide et hautaine. Cependant Shorkan utilisait ciment cette voix, car je ne sentais pas de tels sentiments dans son Être. C'était surtout une boutade, une façon de se rire de moi. « Ce sera parfait Shorkan. Vous pouvez rentrer au camp. » Rentrant dans son jeu, ma voix était devenue lente, prenant bien le temps d'articuler à la manière que les nobles parlaient. Cela dû plaire à Shorkan, car il émit un sorte de rire.

Mon regard accrocha sur la feuille verte émeraude que la Demoiselle venait de tirait de sa bourse. Je fronçai un instant les sourcils. Je savais très bien ce que c'était et à quoi cela servait, étant un ingrédient de base à la survie en dehors de la ville. Teresa l'appliqua sur sa main -et je remarquai alors qu'elle avait une petite blessure- avec une certaine adresse. Nous, Dragonniers, appliquions surtout cela en cas de grosse blessure, souvent d'ailleurs dans la précipitation. Sa morphologie faible, son adresse me firent penser à une Druide. Était-ce ce qu'elle était ? Dans ce cas c'était plutôt anormal qu'une Druide voyage en solitaire, surtout dans ces contrées. Je regardai la feuille brûler rapidement dans l'âtre, puis reporta mon attention vers la fille, me demandait si oui ou non elle était bien une Druide. Cette dernière releva le visage et remarqua enfin que j'étais près d'elle.

« Vous ne souriez jamais, Dragonnier ? Beaucoup d’hommes auraient été ravis de tomber sur une damoiselle en détresse. » A dire vrai je ne m'attendais pas vraiment à ce genre de questions, ce qui fit que je ne pus cacher l'étonnement qui se peignit sur mon visage. Empourpré, je détournai la tête, passant la main dans mes cheveux coupés courts. Elle dut voir mon embarra, car elle s'empressa d'ajouter « C’est une plaisanterie. J’essayais de... briser la glace, si je puis dire. » Drôle de manière de commencer une conversation. Mais bon, peut-être était-ce une coutume chez les Druides, ou chez je ne sais quel autre peuple autre que les Dragonniers. Nous, nous avions l'habitude de ne vivre qu'entourer d'hommes, les femmes étant très peu nombreuses à Mhian Dhiaga. Et puis nous avions des uses et coutumes bien différente des autres peuples, ce qui fait que parfois nous étions décalés. Une fois mon embarra passé, j'osais regarder Teresa, mon sérieux ayant repris le contrôle de mon corps. « J'ai souri. Mais c'était il y a fort longtemps. » Mes pensées ne purent s'empêcher de se tourner vers Elenna. Oui, fut un temps où j'étais un homme heureux. Mon regard se voila pendant quelques minutes, et je n'ajoutai rien.

« Votre compagnon va-t-il revenir sous peu ? Je pourrais sans doute retrouver ma monture et ainsi vous seriez débarrassé de ma présence. » Mes pensées revinrent dans le monde réel. Mon regard se tourna vers le ciel, attendant de voir si Shorkan était à proximité ou non. Il ne devrait plus tarder à présent. « Il est sur le chemin du retour. Et il m'a annoncé que votre cheval semblait bien se porter. » Je marquai une brève pause, avant de poursuivre « Étant assez loin de notre campement je vous conseille de rester ici. La nuit est plutôt douce pour la région, et votre monture ne craindra rien. » Je vins m'assoir à côté d'elle. Pas vraiment à côté, je ne voulais pas non plus la coller, mais disons à une distance assez faible. Je lui tendis le paquet que j'avais dans mes mains, et le déplia pour lui montrer les réserves en nourriture que j'avais. Elle devait mourir de faim. Je lui tendis ensuite ma gourde pleine d'alcool. « Cela vous maintiendra au chaud. » Vu que Teresa allait passer la nuit ici, autant que cela se fasse dans les meilleures conditions possibles.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité



My world is an arctic place. •• Teresa Hywel Empty
MessageSujet: Re: My world is an arctic place. •• Teresa Hywel   My world is an arctic place. •• Teresa Hywel EmptyJeu 16 Déc 2010, 08:18

    La confidence du Dragonnier l’avait plongée dans une certaine mélancolie. Ainsi, il avait été heureux ? Cela ne pouvait supposer qu’une chose, la présence d’un être cher aujourd’hui disparu. Elle ne pouvait qu’imaginer la perte douloureuse, et là encore elle savait être bien loin du compte. La jeune femme sortit de ses pensées pour regarder ce que lui montrait l’homme ; les mains pleines de nourriture qu’il déposa face à elle, puis une gourde dont émanait une forte odeur d’alcool. Automatiquement, Teresa fronça le bout de son nez et eut un vif mouvement de recul. Elle ne tenait pas particulièrement bien ce genre de breuvages mais convenait qu’il n’y avait rien de mieux pour garder un peu de chaleur. La dernière rasade d’alcool qu’elle avait bu remontait à des semaines, et cela l’avait laissée un peu perdue : la faute au Feu d’Eydis, la boisson que brassait Say’l. Bien trop forte à son goût. Elle en avait d’ailleurs une gourde pleine à la ceinture, mais préféra la laisser là où elle était et accepter celle que lui tendait Azriel. L’Inquisitrice fit une nouvelle fois la moue, coupa sa respiration et avala une bonne gorgée d’alcool avant de se mettre à tousser, un rire amusé secouant son corps.

    « Je déteste ça, c’est… » un frisson la parcouru « Beurk. »

    Une fois que le soldat eut récupéré son bien, elle darda son regard brun vers les victuailles. Ce serait mentir que de prétendre ne pas être affamée, pourtant… Ses iris revinrent vers la silhouette près d’elle. Il ne lui avait toujours pas menti. C’était bien la première fois qu’elle rencontrait quelqu’un qui n’était pas habitué au mensonge. Elle, par contre, ne faisait pas preuve de franchise. Cette constatation lui fit pincer les lèvres. Est-ce que la peur pouvait justifier que l’on mente ? Non, non bien sûr. Seulement elle ne savait comment aborder le sujet. Un simple « oh, au fait, je suis une Inquisitrice » aurait certainement suffit mais elle craignait qu’il ne la prenne pas au sérieux – ou pire, qu’il s’éloigne d’elle. Peu de personnes en dehors de Cathairfal acceptaient de se tenir aussi près d’une Confidente, un sentiment tout à fait compréhensible lorsque l’on avait connaissance des capacités de ces femmes. Tout en réfléchissant à un moyen d’avouer sa véritable nature, Teresa piocha dans la nourriture saisissant au hasard un long morceau de porc séché qu’elle porta à sa bouche. Mâchouillant la viande, elle laissa ses yeux glisser vers le rester du campement. Le Dragonnier était indéniablement habitué à faire ce genre de manœuvres : il n’y avait qu’à regarder avec quelle efficacité il avait monté sa tente, prenant soin de ne pas la mettre trop près du feu, ou encore les vivres qu’il avait pensé à apporter avec lui… Avoir son propre Dragon devait être utile aussi, bien qu’elle douta que ces créatures majestueuses se laissent souvent traiter comme de vulgaires domestiques.

    Lentement, ses pensées revinrent vers la phrase qu’avait prononcé Azriel quelques minutes plus tôt : « J’ai souri. Mais c’était il y a fort longtemps. » La brunette était surprise qu’il lui ait confié ça… Après tout, c’était comme s’il avouait ouvertement être malheureux. Elle-même ne s’ouvrait que difficilement à autrui, alors être témoin d’une telle… franchise, oui, c’est le mot. Il aurait pu demeurer silencieux et garder ça pour lui, mais non. Sa réponse ne faisait en réalité que renforcer le sentiment de culpabilité de la jeune femme. Elle soupira, avalant ce qui lui restait de viande avant d’étendre ses mains au-dessus des flammes. Bien, par où fallait-il commencer ?

    « Je vous remercie… de votre hospitalité et… de votre franchise. Je pense que si j’avais rencontré des personnes comme vous plus tôt dans ma vie, je n’aurais pas été aussi réticente à confier mon statut d’Inquisitrice aux autres. Ah, voilà, je l’ai dit : je suis une Inquisitrice. Et d’habitude je ne voyage pas seule, c’est pour ça que vous m’avez trouvé en train de déambuler dans la neige. »

    Un sourire amusé.

    « Je suis une piètre voyageuse, c’est un fait. Mais j’essaie de m’améliorer. »

    Une mèche brune glissa devant ses yeux, cachant partiellement son visage au Dragonnier. Ses iris rivés au feu semblaient rougeoyer.

    « Je tenais à vous le dire pour que vous sachiez avec qui vous partagez votre nourriture ce soir. Je comprendrais aussi que vous décidiez finalement de me ramener à ma monture. Je ne m’apitoie pas sur mon sort, et ne cherche pas à ce que vous me preniez en pitié, j’essayais juste d’être… franche. »

    Teresa se racla doucement la gorge, et prit quelques grains de raisin du paquet. Elle savoura la nourriture, prenant son temps pour avaler les trois petites billes, puis prit un peu d’eau dans la gourde qu’avait rapporté l’homme, réprimant un frémissement en constatant qu’elle était particulièrement froide.

    L’Inquisitrice étira un peu ses jambes, les croisant ensuite sous elle pour se mettre en tailleur. La chaleur de l’âtre l’avait à présent assez réchauffée pour qu’elle puisse dénouer les liens de cuir qui maintenait sa cape sur ses épaules ; elle ne s’en débarrassa pourtant pas, sachant pertinemment que cela ne serait qu’un excellent moyen pour tomber malade. Ses doigts décrochèrent sa propre gourde d’eau, ainsi que la bourse contenant les plantes, puis elle exécuta un rapide tour de passe-passe qui consistait à émietter de petites feuilles jaunâtres dans la boisson et de la faire ensuite chauffer en la maintenant près du feu.

    « Vous en voulez ? Cela vous permettra de vous sentir mieux. »

    Le mélange devait augmenter les défenses immunitaires, ce qui expliquait que l’on se sente un peu mieux après l’avoir bu. Mais cela n’égalait pas la chaleur qu’apportait une boisson alcoolisée ou un bon repas. Teresa avait appris à concocter ce breuvage étrange suite aux intempéries qu’elle essuyait en compagnie de Say’l ; lorsqu’ils n’avaient pas assez de nourriture et qu’ils se sentaient faibles, il suffisait qu’ils en prennent un peu pour pouvoir tenir un peu plus longtemps sur leurs montures. Ce n’était pas une potion miracle, l’effet n’étant que temporaire et limité, mais cela suffisait généralement à ne pas attraper de maladies à cause du froid persistant. La gourde commençait à chauffer entre ses mains, aussi les éloigna-t-elle des flammes. Elle porta l’objet à ses lèvres et laissa le liquide tiède couler le long de sa gorge, ne pouvant toutefois réprimer une grimace peu charmante. Elle secoua ensuite la tête, comme si cela l’aiderait à se débarrasser du goût âcre, et tendis la gourde au Dragonnier. Son autre main alla rapidement chercher d’autres grains de raisins qui allaient, elle l’espérait, faire passer le tout.

    « C’est sans danger… enfin, si l’on omet le goût, évidemment. »
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé




My world is an arctic place. •• Teresa Hywel Empty
MessageSujet: Re: My world is an arctic place. •• Teresa Hywel   My world is an arctic place. •• Teresa Hywel Empty

Revenir en haut Aller en bas
 
My world is an arctic place. •• Teresa Hywel
Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» « this is a place where i don't feel alone. this is a place where i feel at home.»
» HYWEL ▬ « j'oppose mes rêves à tes armes : lequel de nous deux est le plus fort ? »
» TERESA ♠ « j’ai une besace magique, tu veux la voir ? »
» TERESA ♠ « parce que tu ne peux résister à la tentation. »
» Que justice soit faite ! (pv teresa, jullanar, scarlett)

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Echo des Plaines : Chapitre VII ▬ Le Retour d'Inasmir :: QUITTER LANRIEL :: Vous serez tous pendus ! :: Miroir aux souvenirs-
Sauter vers: