Echo des Plaines : Chapitre VII ▬ Le Retour d'Inasmir


 
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 Les feux de Beltane.

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Eydis

Eydis

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MessageSujet: Les feux de Beltane.   Les feux de Beltane. EmptySam 24 Sep 2011, 22:33

Cinquième intrigue


Les feux de Beltane. 381199Beltane

l'intrigue


« C'est là le pardon d'Eydis qui fleurit sous nos pieds et dans nos jardins et qui éclot au dessus de nos têtes, dans nos champs et nos vergers, dans les arbres et dans les lacs. Partout. Partout la nature respire à nouveau et le printemps rattrape son retard, sous le regard apaisé de la Déesse. Déjà l'été se profile, chassant définitivement ce mortel hiver que nous croyions sans fin. Cet hiver que nous oublierons, tout comme la colère et la punition que nous a si justement infligé Eydis pour rappeler à toute âme qui vive qu'il ne faut pas délaisser celle qui nous a tout offert et, surtout, que, tout comme il faut entretenir la flamme dans le foyer, il faut flatter la sagesse et préserver la quiétude de la toute puissante.
Ce soir, partout où sera allumé un feu, sera célébrée Beltane. Mes enfants, mes frères, mes sœurs, si cette nuit promet d'être émoustillante et haute en réjouissances, il ne faut surtout pas oublier que c'est avant tout un hommage que nous rendons à notre Déesse. Nous n'ignorons pas que les adeptes d'une religion sombre et obscure continuent de faire offense à nos croyances et nos coutumes mais nous devons montrer que nous ne nous écartons pas des sentiers qu'Elle a tracé pour nous et que, par dessus tout, nous lui faisons confiance et acceptons son jugement. Il nous faut voir ce soudain changement de saison comme la réponse d'Eydis aux ignominies commises par son frère et ses fidèles, ceux qui se font appeler les Héritiers. Eydis revient vers nous et témoigne ainsi, une nouvelle fois, de sa loyauté envers nous. Non, Eydis ne nous a jamais abandonné...
Qu'Eydis veuille bien nous protéger et continuer à nous montrer le droit chemin. Fêtons Beltane comme il se doit. »

C'est le discours diffusé par les druides partout où, dans Lanriel, un cœur bat et où, par conséquence, sera célébrée Beltane. Ceci, dans l'espoir que, contrairement à Imbolc, les festivités de Beltane soient grandioses, inoubliables et qu'elles conforteront la Déesse dans sa compassion et son indulgence. Peut-être la Déesse a-t-elle décidé de retrouver les bonnes grâces de son peuple mais celui-ci, dès lors, doit se montrer à la hauteur de son pardon...

les explications


Beltane, pour les druides, est la fête qui consacre l'union sacrée du jour et de la déesse Eydis. Elles survint après Imbolc, le quarante-troisième jour de Printemps et célèbre la fertilisation, le passage de la saison sombre à la saison claire et chaude. C'est sans doute la fête la plus célébrée dans le royaume. En tout cas, pour les druides, elle est profondément importante puisqu'elle marque l'union entre la Déesse et le Dieu Cornu. On fête Beltane partout dans le pays en allumant des feux, les Feux de Beltane, dès que la nuit tombe et des amants, parfois amants d'une nuit pour l'occasion, s'adonnent à des pratiques sexuelles, consumant leur amour au milieu des feux. D'ailleurs, chaque année, un certain nombre d'enfants sont conçus lors de cette nuit là... Toujours est-il que si tous célèbrent cette fête selon la tradition soufflée par les druides, ces derniers poussent les rituels plus loin encore puisqu'ils choisissent parmi les leurs les représentants de la Déesse Eydis et du Dieu Cornu pour la nuit de Beltane où ils s'uniront lors de la cérémonie. Les druides offrent aussi à leur déesse, lors de la fête de Beltane, le sacrifice d'un animal et quelques fois d'un humain.

Beltane étant une grande fête populaire, vous pouvez y rencontrer n'importe qui. N'hésitez pas à vous lancer dans des sujets avec des gens que vous n'auriez d'ordinaire pas fréquenté en rp, c'est l'occasion ou jamais. Vous pouvez également poster à la suite de ce message qui fait office d'intrigue générale et où tout le monde peut participer.
Une intervention d'Eydis en personne est envisageable, restez donc particulièrement attentifs.
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Scarlett de Vinter

Scarlett de Vinter

▬ Contributions à l'histoire : 1999

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MessageSujet: Re: Les feux de Beltane.   Les feux de Beltane. EmptyDim 25 Sep 2011, 19:20

Scarlett n'était pas une fervente croyante ou du moins sa foi s'exprimait d'une manière moins ostentatoire que celle de la majorité des autres fidèles d'Eydis. Malheureusement pour elle, appartenant aux personnages publics du royaume, elle était amenée à participer aux grandes célébrations religieuse afin de donner l'impression que les individus associés de près ou de loin au pouvoir affichait une soumission de bon ton au calendrier religieux. Les proches du roi, lorsque celui-ci ne pouvait pas assumer ses fonctions, avaient coutume de s'arranger des mois à l'avance pour savoir qui allait hériter de quoi et la jeune femme s'était toujours fait un devoir d'éviter d'être concernée par Beltane. Cette habitude avait fini par être remarquée et de fil en aiguille, une véritable conspiration était née pour envoyer la jeune Blasonnée à Tearmainn. C'était ainsi qu'elle avait du traverser une des régions de Lanriel en calèche, s'éloigner de ses devoirs et de sa demeure pour atterrir au beau milieu des champs et des temples pour assister à la célébration préférée de tous les individus de petite vertu qui prétendaient honorer Eydis en forniquant dans les buissons. Elle avait vaguement envisagé d'utiliser l'une de ses préparations pour se faire porter pâle mais la chose aurait fait jaser et elle était presque sûre que renouveler l'exploit l'année suivante lui aurait attiré une réprimande d'Arsenios sur les devoirs d'un Blasonné envers la Déesse et le clergé ainsi qu'un sermon sur les empoisonneurs qui consommaient leurs propres substances. Elle jeta un regard dégoûté au fond de son verre, espérant y trouver à défaut d'une porte de sortie une solution pour éviter de tomber sur un couple en pleine action au détour d'un temple. Parce qu'il était tout simplement hors de question qu'elle prenne part à l'orgie. Quand bien même Eydis serait descendue des Cieux pour le lui ordonner en personne. Sans partager les vues particulièrement étroite de son frère sur la chose, Scarlett, contrairement à ce que sa garde-robe annonçait, pouvait se montrer particulièrement prude. Pas qu'elle eut jamais flirté. Mais elle n'éprouvait à l'égard des relations amoureuses ou sexuelles un intérêt particulier. À vrai dire, sa vie était suffisamment bien remplie pour qu'elle n'ait pas le temps d'y penser. Et le romantisme qu'on servait à toutes les damoiselles de la haute société n'avait jamais fait partie de son éducation.

Un homme en face d'elle se démanchait le cou dans l'espoir d'attirer son attention. Lorsque ses yeux bleu pâle se posèrent enfin sur lui, il lui adressa un sourire qui se voulait séducteur. Les lèvres de la jeunes femme se pincèrent en une violente expression de dégoût mêlé de mépris, faisant fuir son prétendant instantanément. Scarlett laissa échapper un petit rire satisfait. Si toute la soirée pouvait se dérouler ainsi, elle rentrerait satisfaite à Cathairfál. Encore qu'elle ne fut pas persuadée que sa seule moue eut réussi à décourager l'importun... Peut-être avait-il réussi à mettre en rapport son visage et le nom du croquemitaine de la capitale. Elle eut un gracieux haussement d'épaule en se rendant compte qu'au fond, peu lui importait. Tout ce qu'elle souhaitait était de passer cette soirée dans une parfaite solitude. Il suffisait qu'elle réussisse à trouver un endroit hors de la surveillance étroite des Druides et de leurs discours moralisateurs... Ces vieux barbons aussi impuissants que libidineux qui comptaient sur les autres pour leur fournir les enfants qu'ils ne pouvaient pas engendrer eux-même. Elle avala une gorgée supplémentaire de la piquette qu'on servait au banquet réservé à la bonne société, éprouvant avec dégoût la sensation de l'alcool trop fort descendant le long de sa gorge puisque non content de faire acte de présence, il fallait aussi faire honneur au "repas" servi. Elle regretta un instant de ne pas avoir apporté ses propres réserves alimentaires. Enfin... Ce n'était pas une nuit sans manger qui allait lui faire grand mal. Échangeant des banalités avec un noble de Port-aux-princes, elle finit par s'écarter des siens pour examiner Tearmainn. La nuit tombait doucement sur la région, nimbant les temples, les vergers et les prairies dans une lumière délicate.

Scarlett n'avait jamais eu l'occasion de visiter vraiment cette contrée mais les récits de ce qui l'avaient visité ne lui rendaient vraiment pas justice. Malgré son exaspération, la jeune femme devait reconnaître que le décor dans lequel elle se trouvait avait quelque chose de rassurant et d'apaisant. Même si il ne s'agissait probablement que du résultat du sort protégeant les parages des incursions des monstres quel qu'ils soient, la Blasonnée se laissa gagner par l'ambiance contemplatives des lieux. Elle prit soudain compte qu'elle n'était plus seule et se renfrogna à nouveau. Les mots franchirent ses lèvres sur un ton redoutablement bas et menaçant."Je vous avertis tout de suite que qui que vous soyez, je n'ai absolument pas l'intention d'aller batifoler dans les buissons. On me demande de faire le voyage pour que tous voient que je suis bien présente mais il est hors de question que je participe à..." Elle marqua une pause, faisant voler sa main et sa manche dans la direction d'un couple qui s'écartait furtivement. "ça!" Sa voix claqua dans l'air du soir alors qu'elle se retournait pour faire face au(x) potentiel(s) impudent(s) qui avai(en)t eu la mauvaise idée de troubler ses réflexions.
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Aislin Basmath

Aislin Basmath

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MessageSujet: Re: Les feux de Beltane.   Les feux de Beltane. EmptyDim 25 Sep 2011, 20:06

Le trajet de retour depuis la forteresse de Moragor avait été très long pour Aislin. S'il lui avait permis de conclure un accord avec les deux sorciers en vue d'une future expédition il n'en avait pas moins été pénible pour elle dans la mesure où la rôdeuse butée n'aimait guère faillir à une mission.

Le retour du beau temps avait heureusement permis d’apaiser la lourde atmosphère de défaite qui semblait peser sur elle et Aislin avait résolu de prendre part aux célébrations de Beltane pour ne pas réitérer ses erreurs. Hors de question en ce qui la concernait de manquer à nouveau une festivité de ce genre, le courroux de la déesse avait été bien trop violent pour que quiconque s'y risque encore impunément. Partout les murmures sur l'arrivée d'une ancienne religion troublaient les âmes en repos et Aislin n'aimait guère cette impression tenace que, malgré son retour en grâce auprès d'Eydis, le bon peuple de Lanriel avait encore de terribles moments à traverser...

Chassant ces pensées qui n'avaient pas droit de présence à une fête aussi enlevée que celle des Feux de Beltane, Aislin observa quelques minutes la fête qui se déroulait sous son regard avant de s'y diriger d'un pas léger. Elle sourit ironiquement en observant un jeune couple se faufiler dans les buissons dans l'espérance de s'accorder un moment d'abandon. L'air était chargé des effluves du repas organisé en l'honneur d'Eydis et tout autour d'elle on faisait bombance. Promenant son regard sur la foule en liesse la jeune femme tenta de repérer des visages connus, échoua, et examina finalement un groupe de jeunes hommes qui semblaient en chasse de partenaires. L'un d'entre eux lui fit signe. Jeune, vigoureux, souriant, il lui sembla qu'elle ne pouvait désirer davantage d'un amant d'une nuit. Tout en lui était différent d'Accolon, dont le chemin lui semblait désormais si éloigné du sien, et Aislin ne s'en plaignait pas. Elle avait besoin de cesser de penser à l'homme qui hantait ses pensées depuis bien trop d'années pour que ce soit sain pour elle.

Hésitante encore, elle esquissa un pas en direction du jeune homme qui semblait lui promettre quelques heures de plaisir des yeux avant d'accrocher du regard un visage bien connu. Un sourire fleurit sur ses lèvres. Ainsi mademoiselle Scarlett de Vinter en personne avait été désignée pour se mêler au petit peuple le temps d'une soirée orgiastique... L'idée la fit presque éclater de rire, presque. Ce fut le regard outré de Scarlett qui la fit basculer dans un fou rire plus proche d'un aboiement rauque que d'un rire humain.

Sans même accorder un dernier regard au jeune homme qui la tentait à peine quelques secondes auparavant Aislin se faufila dans la foule, cherchant à rattraper discrètement l'assassin du roi qui marchait d'un pas raide au milieu d'un parterre de prétendants auxquels elle ne semblait pas daigner accorder ne serait-ce qu'un battement de ses gracieux cils. Sans accélérer outre mesure le pas elle accompagna discrètement la Blasonnée jusqu'à ce que celle-ci se mette un peu en retrait. Aislin n'aimait pas l'idée qu'on puisse penser qu'elles étaient liées d'une façon ou d'une autre, son statut d'informatrice officieuse leur étant à toutes deux bien plus utile qu'une connexion officielle.

Scarlett lui tournait le dos et Aislin ne put voir l'expression de son visage alors qu'elle semblait contempler le paysage, mais elle aperçut les épaules de l'assassin se décrisper. Elle-même n'étant pas indifférente au paysage elle comprenait la sensation de tranquillité qui pouvait saisir son employeuse à cet instant. Ne désirant pas la surprendre elle s'avança sans se soucier des branches qui craquaient sous ses pas. L'avertissement de l'autre femme ne la surprit pas non plus.

- J'avoue que je ne m'attendais pas à vous voir ici... lança-t-elle de son habituel ton dégagé à Scarlett.

Elle fut interrompue par un nouveau bruit. Sans que cela soit inhabituel par une soirée comme celle-ci Aislin n'aimait pas entendre les fourrés bruisser de sons « humains » si tant est qu'on puisse encore les qualifier ainsi. Tendue elle tenta d'identifier une menace potentielle, l'attitude méfiante de Scarlett de Vinter semblait décidément bien contagieuse...
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Una Syrion

Una Syrion

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MessageSujet: Re: Les feux de Beltane.   Les feux de Beltane. EmptyDim 25 Sep 2011, 20:52

Dans une procession lente et ponctuée de nombreux bavardages, Una dirigeait sa monture d'un pas tranquille vers Tearmainn. Son hôte, un riche marchand de la capitale lorgnait d'un œil méfiant sur le convoi qui transportait toutes les acquisitions faites durant le voyage. Client habituel de la jeune femme, il l'avait engagé voilà deux semaines comme compagnie. Si sa grande culture n'était pas sollicitée constamment au moins avait-elle le privilège de le suivre montée et de cancaner avec ses voisins les plus proches. Nombre des gens de cette suite suivaient à pied. Au fil de leur avancée, des pèlerins s'étaient ajoutés à leur cortège et chacun bénéficiait maintenant de leur nombre important comme sécurité efficace. Chacun y allait de son commentaire quant à leurs déconvenues passées face aux divers brigands qui agrémentaient la route. Les feux de Beltane n'attiraient pas que les saintes âmes, elle-même ne s'y rendait pas pour sa foi. En tant que catin, il était courant de suivre les marées humaines pour s'assurer une modeste rétribution. Aucun homme présent durant les cérémonies n'iraient s'en plaindre. Tout le monde ne bénéficiait pas du charme nécessaire à attirer les demoiselles dans leurs couches.

Tout en flattant l'encolure de son cheval, elle se porta au niveau de son marchand après un infime signe de la main de sa part. Pas vraiment séduisant, au moins avait-il la prévenance pour lui et un certain goût pour les jolies choses. A son arrivée, il lui adressa un sourire auquel elle répondit par un autre. Plus âgé, l'embonpoint certain, sa barbe naissante tirait sur le blanc.

« - Una...
- Messire. »

Il éclata d'un rire conquis et elle se félicita du résultat. Il était parfois surprenant d'apprendre les lubies des hommes une fois lové contre la tiédeur d'un corps nu. Celui-ci s'était pris de passion pour l'enseignement et s'évertuait à inculquer des mots de vocabulaire à la pirate. Consciencieuse, elle les lui susurrait à chacune de ses demandes comme pour l'assurer qu'elle ne l'oublierait pas. Tout homme ressentait un jour le besoin de marquer la vie d'une femme. Celui-là ne dérogeait pas à cette règle et Una se privait bien de l'en désenchanter. Son accent ne torturait plus autant les mots qu'auparavant. Au moins avait-elle repris un peu d'assurance lors des discussions qu'elle se devait de tenir. Leur allure ralentit et elle tenta d'en discerner la raison d'un coup d'œil vers l'horizon. Peine perdue. Son compagnon dut toutefois comprendre son interrogation car il reprit:

« - Nous arrivons. Je t'ai acheté une robe pour l'occasion. Non, ne dis rien. C'est un cadeau. Tu la porteras puis nous nous séparerons, comme convenu. J'irai rejoindre ma concubine. Quant à toi, tu es libre d'aller où bon te semble durant les festivités. L'accès au camps te sera maintenu. »

Una inclina la tête pour manifester son assentiment. Elle n'était que servante entre ses mains. Une expression triste se posa sur son visage et il réagit instantanément en portant ses doigts contre la joue qu'il effleura tendrement. Elle se tendit vers lui et savoura ce court moment de complicité. Puis le voyage reprit sans que cette séparation à venir ne soit à nouveau évoquée. Pourtant à la nuit tombée, une fois les tentes montées et les bêtes menées à paître, il la salua et quitta le nid qu'ils avaient partagé durant plusieurs jours. Dès lors, elle se vêtit de la robe blanche qu'il lui destinait et se garda bien de remettre en cause l'apparente pureté que cela lui conférait. Le tissu la cintrait sous la poitrine puis retombait droite jusqu'à ses pieds qu'elle préféra garder nus. Elle arrangea ses cheveux en une couronne de tresses et noua quelques fil de laine à ses poignets. Ainsi prête, elle se faufila jusqu'au cœur de la fête. La quiétude des lieux la gagna bien vite. Elle comprit dès lors en quoi l'endroit était idéal pour honorer leur déesse.

Étrangement sage jusqu'alors, Una avait parcouru Tearmainn avec pieuté et s'était émerveillé de la liesse qui s'était emparé de tout à chacun. Elle-même s'y laissait parfois prendre avant de fuir pareille gaieté d'un air faussement revêche. Elle refusait de s'abandonner totalement tant que tous les temples ne lui avaient pas encore révélés tout leurs secrets. Sa résolution flancha au premier éphèbe qui l'accosta. Accroché à son cou, elle se laissait assommer de baisers sur sa peau et leurs souffles emmêlés se précipitèrent à l'unisson, ivres d'elle ne savait quoi. Sa tête se renversa vers l'arrière et elle offrit sa gorge en pâtures avec délectation. Ses doigts griffèrent la peau et le souffle court, elle chercha bien vite les lèvres qui la brûlaient de multiples attentions. Ce fut sans doute cet instant qui décida son cavalier à l'entraîner vers un coin plus reculé. Docilement, elle se laissait entrainer quand une voix attira son attention. La blasonnée pouvait bien s'être détournée aussitôt, Una, elle se figea. Scarlett de Vinter se devinait sous les apparats et l'angoisse de se trouver à sa portée s'insinua sournoisement en elle. Elle bénit toutefois l'intervention d'une inconnue pour la masquer aux yeux de l'assassin royal et opta pour la direction inverse tout en entrainant son potentiel amant, éberlué, sur ses talons. C'était sans compter sur son inadvertance et sa précipitation qui lui firent bousculer quelqu'un ou quelque chose. Allez savoir.


Dernière édition par Una Syrion le Jeu 20 Oct 2011, 19:11, édité 2 fois
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Tanith Ruane

Tanith Ruane

▬ Contributions à l'histoire : 2037

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MessageSujet: Re: Les feux de Beltane.   Les feux de Beltane. EmptyJeu 29 Sep 2011, 21:58

◮◮◮

Alourdis par l'humidité, ses longs cheveux noirs pendaient, lamentables, en une tresse dénouée se plaquant à son front. Sa dégaine hirsute et ses habits trempés, peu lui importait pour l'heure. Cette pluie chaude du sud lui faisait l'effet de caresses tièdes, comme autant de baisers maternels. Elle se plaisait à sentir le doux clapotis de chaque goutte sur sa figure. Elle se remémorait ainsi les longues journées grises de son enfance à Mogaròr, un sourire mélancolique se dessinant sur la pointe de ses lèvres. La Sorcière revoyait les frondaisons appesanties des quelques arbres entourant l'ancienne forteresse, entendait, comme jadis, le chant du vent contre la pierre à sa fenêtre, s'imaginait l'odeur fraiche des vents d'été. Elle se revoyait faisant, en compagnie de son naja son plus fidèle compagnon, des dessins contre le papier parchemin qu'elle trouvait dans l'ancien sanctuaire, sa plume s'écrasant contre les pages craquantes des anciens manuscrits. Elle en éprouvait, comme jadis, la sensation agréable de ses doigts raflant le papier sec. Avoir été si jeune... il y a fort longtemps, comme dans un rêve, comme dans une autre vie...
L'afflux des souvenirs lui avait presque fait oublier sa destination. Quittant les terres de Cathairfál, pour une autre région plus au sud, Tanith ouvrit les paupières pour découvrir un sentier tout tracé au creux de la forêt. Les bois les pressaient de toutes parts, et la monotone succion des sabots s'arrachant l'un après l'autre de la boue était le son se mêlant au martèlement continu de la pluie sur les feuilles. Bientôt, l'un d'entre-eux jugea ce silence beaucoup trop gênant. « Je suis trempé » gémissait-il. « Jusqu'à ma carcasse qui deviendra aussi liquide de le sol » Tanith fronce les sourcils. Au centre de la marche, elle est escortée, en compagnie de sa petite protégée Ezephine, de cinq grands colosses. Vêtus tous de noir, leurs cottes de maille ruisselaient d'eau et leurs capes noirs se fondait parfaitement à la robe sombre de leurs chevaux. Elle n'avait pas eu à les engagés, fervents partisans de Mynkor, ils s'étaient portés volontaires pour escorté la terrible Sorcière jusqu'au feu de Beltane. Cependant, ils se questionnaient tous sur l'allée de l'Héritière. Pourquoi diable se rendre à une fête dédié au nom de la Déesse Eydis si elle se vouait à la détester ? Tanith ne leur avait jamais répondu, en fait, elle leur avait offert un regard venimeux comme simple réponse. Et comme ses cavaliers savaient de quoi elle était capable, aucun d'entre-eux n'avaient osé la provoquer davantage... « Il nous faudra du feu cette nuit, ma dame, et un repas chaud ne messiérait pas... » proposa le même pleurnichard de la bande. Tanith répond alors d'une voix des plus indifférente : « Il y a une auberge plus au sud, plus loin » précise alors la Sorcière. L'auberge de la Colombe, Tanith n'y était jamais allée, personnellement, mais elle savait qu'aucun auberge ne refuserait jamais la présence de sept voyageurs affamés et épuisés. Le chef de la bande toussota. Bien qu'il se trouvât à l'avant du groupe, il avait entendu suffisamment pour juger nécessaire d'interrompre : « Une auberge » repartit-il, « Si nous voulons garder le secret de notre visite, mieux vaudrait chercher quelque obscur bastion où... » Il s'interrompit pour prêter oreille. Bientôt, toute la bande cessa bruit pour entendre les mêmes sons que leur meneur. Des éclaboussures, un cliquetis de maille, les hennissements de chevaux. Cela venait à leur rencontre. « Des chevaliers », dit-il en laissant retomber sa main sur la poignée de son épée. Même sur la grand-route, l'excès de prudence n'était pas un mal. Tanith semble plus nerveuse, elle n'aimerait pas tomber sur des voyageurs indésirables. Leur meneur les encouragea donc à quitter le sentier de boue pour grimper sur une petite falaise rocheuse un peu plus loin. Talonnant à tour de rôle leurs montures, ils grimpèrent sur la petite falaise. Puis ils attendirent...
Peu à peu, le bruit se précipitait, mais il leur fallu encore parcourir un certain méandre avant d’apercevoir une colonne de gens d'arme qui, à grand tapage, s'avançait sur le chemin. Tanith s'immobilisa, plus nerveuse encore. La bannière que brandissait le cavalier de tête pendouillait, morne, sous la pluie béante mais, drapés de cape rouges et or, les cavaliers arboraient à l'épaule les armories dorés de leurs Pays... « Il s'agit du convoi de la famille Hardansson... » crut devoir spécifier le balafré dans un souffle. « J'ai ouïe dire que dame Scarlett de Vinter sera la représentante de la famille Royale cette année... » Au centre de tout ce bruit, un grand char majestueux se faisait tirer par deux montures de tailles impressionnantes, guider par un cavalier tout aussi lourdement armé. Tanith demeura impavide. Chevauchant étrier contre étrier, les chevaliers de la couronne avançait à une vitesse folle, comme s'ils avaient une horde de loups affamés à leur trousse. Tous se rendait à Tearmainn, elle le savait, pour la grande fête de Beltane. Depuis une semaine, depuis l'annonce de cette fête, les voyageurs s'étaient mit à pulluler telles des mouches sur la grand-route ; chevaliers, francs-coureurs, chanteurs, artisans, sorciers, druides, putains, dragonniers, dessinateurs, seigneurs, princes et princesses, blasonnés et paysans, tout cela s'accumulaient, pêle-mêle, vers le sud.... Ils passèrent ainsi leur route, aucun ne nota même la présence des sept cavaliers sur le sommet de la falaise. « Ils ne nous ont pas vu » s'étonna Torben le balafré. Tanith secoue la tête : « Ils ont seulement vu, sur le sommet, sept voyageurs crottés, trempés, exténués. Comment pouvaient-ils savoir qui nous sommes, sinon de pauvre voyageurs affamés ? Nous serons en sécurité à l'auberge... » dit-elle. Mais avant qu'il ne reprenne la route, elle les arrête de la voix : « Seulement, éviter dame de Vinter... elle se méfie même de sa propre personne... » Ils acquiescèrent tous d'un même signe de tête puis reprirent la route.

______________________________

Le jour déclinait déjà lorsqu'ils atteignirent, finalement, les festivités de Beltane. À leur arrivée, déjà, les sept voyageurs furent accueillit par les chants incohérents des personnages enivrés par l'alcool. Ces célébrations, ayant un certain caractère sexuelle, étaient cependant l'endroit où Ezephine pourrait retrouver les siens. Tanith l'avait bel et bien accompagnée, en parfaite tutrice qu'elle était, mais elle refusait catégoriquement de prendre part aux festivités. Les hommes firent descendre Ezephine de sa monture, puis le balafré vint aider Tanith. Cette dernière n'avait plus la longue cape noire sur le dos qui la caractérisait tant. Elle n'avait, que pour simple vêtement, une longue robe noire, dont le corset fort serré, rehaussait avec un certain sens aguicheur sa poitrine plus volumineuse. Ses manches en dentelles laissait scintiller la pâleur de peau et le tissu sombre, légèrement teintée de vert, lui donnait un certain éclat mystérieux. Allant jusqu'à sa pupille, Tanith baisse les yeux et lui dit simplement : « C'est ici que nos chemins se séparent pour la soirée, Ezephine. Tu devras tenter tes propres expériences, je ne serai plus là pour te guider. Par ailleurs, c'est à toi de décider si tu désires rester parmi les tiens. Si tel est le cas, j'ai été honoré de t'avoir près de moi. N'oublie pas que la magie est plus puissante que tu ne le crois. Laisse-la te guider vers ce qui te semble le plus courageux. Les autres druides seront sûrement ravi de t'accueillir parmi eux... ils t»'apprendront tout ce que tu dois savoir... Si tu veux, une fois les célébrations terminées, tu peux toujours te joindre à moi. Je pars demain, à l'aube... » Elle lui offre un sourire chaleureux et puis, s'éloignant, elle lui tourne le dos accompagnée de ses gardes. Mais, au dernier instant, elle redresse son cou, passant son menton par-dessus son épaules, ses yeux pétillants de malice. Elle lui lance : « Tu sais où me trouver » elle ponctue sa fin de phrase d'un clin d’œil espiègle puis elle s'en alla pour de bon, accompagnée de ses gardes.
Les grands feux au centre de la fête éclairaient tous le campement, aussi noir fut le décors. Il ne lui fallu que quelques instant seulement pour s'habituer à la nouvelle clarté des lieux. Et ses yeux dorés s'acharnent à ne pas quitter les flammes dansantes. Elle n'avait jamais vu de brasier aussi impressionnant. Les flammes dansaient aux mêmes rythmes que les silhouettes vacillantes à leurs pieds et elles crépitaient joyeusement au son des tambours, des flûtes et des ménestrels. Jamais Tanith n'avait vu foule plus dense en un seul lieu, jamais plus étrange, jamais plus effrayante. Tous s'empiffrait de cheval rôti, laqué de miel et truffé de piment. Tous se saoulait à mort avec les meilleurs boissons de la région. Au son des tambours, quelques femmes dansaient en l'honneur de la Déesse. La Sorcière était de plus en plus gênée par les jeunes gens qu'elle surprenait un peu partout en plein ébat amoureux. Les hommes qui l'accompagnaient se régalaient de la situation de rires gras. Alors agacée, Tanith les congédie, mais demande tout de même à ce que l'un d'entre-eux veille sur sa pupille. Elle ne voudrait pas la perdre trop rapidement malgré ce qu'elle lui avait dit. S'en allant vers un coin qui semblait plus isolé, plus tranquille, la Sorcière s'immobilisa alors, une voix en colère s'élevant des les airs : « Je vous avertis tout de suite que qui que vous soyez, je n'ai absolument pas l'intention d'aller batifoler dans les buissons. On me demande de faire le voyage pour que tous voient que je suis bien présente mais il est hors de question que je participe à...ça ! » Un sourire narquois se dessine sur les lèvres de la Sorcière malicieuse qui observe alors les deux amants quittés précipitamment les lieux, leurs lèvres peinent seulement à se décoller. Tanith pourrait reconnaître cette voix parmi tant d'autres, la figure du Roi ne semblait pas enchantée de se trouver à cette fête, visiblement. Mais avant qu'elle ne puisse s'annoncer, une autre voix se mêle à la discussion, cependant, Tanith ne parvient pas à afficher de visage ou de nom à cette voix : « J'avoue que je ne m'attendais pas à vous voir ici... » Cette fois, Tanith décide de s'inviter. D'un naturel calme et posé, elle affiche cependant un minous malicieux lorsqu'enfin, son visage et son corps immerge de l'obscurité pour apparaître aux regards des deux jeunes femmes : « C'est un véritable rassemblement, dites-moi... » lança t-elle avant s'immobiliser complétement. Elle les salut : « Dame Scarlett, dame Asilin, c'est un véritable plaisir de vous revoir... j'espère que avez fait bon voyage... » Elle avait été polie, certes, mais l'éclat de malice dans ses yeux ne faisait que s'accentuer. Qu'avait-elle derrière la tête ? Certainement une idée des moins rassurantes pour les deux sans être magie qu'elles étaient... « J'ai ouïe dire que vous êtes, dame de Vinter, la représentante de la couronne pour les célébrations. M'en voyez honorée, cependant j'aurais aimé rencontrer mon seigneur en personne... »


Dernière édition par Tanith Ruane le Jeu 06 Oct 2011, 14:19, édité 3 fois
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Scarlett de Vinter

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MessageSujet: Re: Les feux de Beltane.   Les feux de Beltane. EmptyLun 03 Oct 2011, 19:51

Retrouver Aislin en de telles circonstances et dans un tel lieu était une surprise. C'était aussi passablement gênant et déconcertant. Presque aussi embarassant que de devoir se soulager dans un buisson et de découvrir une fois ses petites affaires achevées qu'on avait pas été seul à trouver l'endroit commode. Essayant de se composer une contenance, elle lissa les pans de sa robe dans l'espoir que son malaise passerait inaperçu... Depuis quand n'avait-elle pas croisé la Rôdeuse? La dernière fois qu'elles avaient l'occasion d'échanger, Scarlett se trouvait à Mhian Dhiaga. Autant dire qu'une éternité s'était écoulée... Son interlocutrice avait l'air fatiguée mais visiblement tout l'épuisement du monde n'aruait pas réussi à la garder loin de la Célébration des rites de Beltane. Un sourire amusé naquit sur les lèvres de la Blasonnée alors qu'elle effectuait une parfaite révérence. Après tout, si son informatrice trouvait un peu de plaisir dans une fête qu'elle-même n'appréciait pas, elle n'allait pas la blâmer. Elle lui répondit d'un ton moins agressif mais qui n'était pas dénué d'une certaine amertume. "Bonsoir Aislin... Oui, autant vous dire qu'il ne faisait a priori pas partie de mes projets de me retrouver à faire le planton dans un champ entourée de couples en pleine fornication... Mais les autres conseillers du roi ont considéré que j'avais échappé trop longtemps à cette prestigieuse affectation. Ils ont donc décidé de remédier à cet état de fait." A peine avait-elle prononcé cette phrase qu'une possibilité qu'elle n'avait jusque-là même pas envisagé fit son apparition dans son esprit. Et si Aislin ne se trouvait pas à Tearmainn par simple intérêt pour le plaisir de la chair mais par une véritable piété? Après tout, il y en avait parmi les fidèles qui considéraient qu'il était de leur devoir de procréer pour fournir à la déesse les enfants destinés à devenir druides... "Pardonnez-moi, Aislin, je parle toujours trop vite. J'oublie que certains parmi nous ne sont pas forcément d'impénitents mécréants. J'espère ne pas vous avoir choqué par la teneur blasphématoire de certains de mes propos. J'imagine que vous devez être à la recherche d'autre chose que d'une conversation avec une dame de la cour de mauvaise humeur. Malheureusement, le choix de vos partenaires me semblent particulièrement limité. À moins que vous ne soyiez particulièrement attirée par la viande racie..." Elle jeta un coup d'oeil critique au rassemblement de nobles tous relativement âgés. "et saoûle..." La gêne revint et elle toussota en s'éventant avec sa main, espérant que son visage ne trahisse pas trop son embarras. Vraiment... A presque trente ans, elle réagissait encore comme une enfant.

Le bruit dans les buissons, celui d'ébats interrompus suivi d'un départ de fuite ne lui plut guère. D'ordinaire les gens étaient d'une prodigieuse indécence et ce n'était pas la conversation civile de deux femmes qui poussaient d'honnêtes citoyens à s'enfuir à toutes jambes. Accordant un regard calme à Aislin et un hochement de tête signifiant que la situation ne lui plaisait guère, elle se tourna vers un des gardes que le roi lui avait attaché (juste au cas où), attirant son attention d'un claquement de doigt et lui désignant le buisson. Les druides avaient beau tenir à leur célébration, la jeune femme n'avait pas l'intention de laisser un traître potentiel lui filer entre les doigts. L'homme d'arme disparut à la poursuite de ses cibles tel un chien limier et elle espéra qu'elle ne serait pas obligée de s'en mêler pour forcer la comparution du duo inconnu.

L'apparition de Tanith ne fit rien pour la mettre à l'aise. Scarlett avait espéré passer la soirée seule et recluse. Elle n'avait pas du tout prévue que la fête serait l'occasion de rencontrer la totalité de son carnet de contacts. Pour autant, elle fit contre mauvaise fortune bon coeur, gratifiant la Sorcière d'un nouveau salut aristocratique avant de noter qu'elle et Aislin s'étaient déjà rencontrées. Devait-elle considérer qu'il s'agissait d'un parfait hasard ou que Tanith n'était pas juste la voyageuse au long cours qu'elle prétendait être? Si la Rôdeuse avait quasiment une obligation d'intégrité, l'assassin se méfiait en revanche nettement plus de la probité de la Sorcière que rien ne forçait à être une personne respectable. Vorlun en était la preuve... Pour autant, rien dans le comportement de la jeune femme, hormis sa curiosité déplacée et quelques questions étranges, ne poussait l'aristocrate à se méfier. "Dame Tanith! En voilà une surprise. À croire qu'Eydis voulait nous réunir en ces lieux. Je dois avouer que votre présence à tous deux est un soulagement. Je n'espérais plus avoir la moindre discussion digne de ce nom, ce soir. Mais j'ignorais que vous vous connaissiez..." A nouveau, son étrangeté refit son apparition. La voilà qui espérait que le roi en personne serait présent à cette fête. Et pourquoi pas Eydis à l'occasion? Si elle voulait voir Arsenios, elle n'avait qu'à demander une audience. Scarlett s'assurerait qu'on la lui accorde. En présence de quelqu'un dont les pouvoirs égalaient les siens comme la tutrice de la jeune Rhewen Faynn, la Sorcière Jullanar. De ses plans, la jeune Blasonnée ne laissa rien paraître, se contentant de répondre de manière détendue. "Sa Majesté Arsenios ne se rend jamais aux célébrations. Il a bien trop de responsabilités. De plus je suis à peu près persuadée que si il était tenté de participer à celle-là, il aurait maille à partir avec notre reine Octavia. Mais si vous avez une requête particulière à lui soumettre, je me ferai une joie de la transmettre. Après tout, j'appartiens au cercle restreint de ses conseillers." Plus qu'une proposition, il s'agissait d'un rappel de son autorité. Si Tanith espérait accéder au roi pour des motifs suspects, elle devrait d'abord passer sur son cadavre raide et froid... Le retour du garde vint briser la tension presque palpable qu'elle sentait monter dans l'atmosphère. Elle se tourna vers lui dans l'espoir qu'il aurait ramené de quoi prouver à Tanith qu'elle était à la hauteur de sa réputation.
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Aislin Basmath

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MessageSujet: Re: Les feux de Beltane.   Les feux de Beltane. EmptyJeu 13 Oct 2011, 14:51


Aislin observa Scarlett de Vinter. La jeune femme semblait étrangement gênée par la situation et la rôdeuse en déduisit que sa présence était malvenue. Silencieuse elle laissa Scarlett dérouler le fil de ses pensées, laissant dériver les siennes en parallèle. Aislin était-elle pieuse ? Oui, certainement. Elle avait conçu de nombreux remords durant l’Hiver qui les avait accablé de sa rudesse, regrettant plus d’une fois de ne pas avoir participé aux célébrations en l’honneur d’Eydis. La rôdeuse avait même été jusqu’à se rendre à Loch Eydis dans l’espoir de s’absoudre de ses péchés, sans que sa conscience n’en soit allégée malheureusement.

Mais elle n’aimait guère montrer ses faiblesses, et sa dévotion à Eydis lui sembla soudain honteuse face à cette assassin qui fréquentait le haut du panier. Une marque de rustrerie de sa part, d’elle, la voleuse de poule qui pratiquait sa religion un peu à l’aveugle. Haussant les épaules aux paroles de l’autre femme elle se contenta de la laisser supposer ce qu’elle voulait. Pour Aislin faire l’amour n’avait jamais rien eu de honteux jusqu’à ce jour. Elevée dans un milieu rude, le sexe lui avait toujours semblé naturel, pas le genre de sujet sur lequel on s’appesantit. Ou qui puisse provoquer une coloration des joues telle que celle qui pointait sur le visage de mademoiselle de Vinter.

Laissant le garde accomplir son office Aislin en revint à des pensées plus terre à terre, songeant que cette rencontre discrète pourrait être pour elle l’occasion de dresser un rapport sur le fiasco Moragor. Tout y passerait. De l’attitude agressive du général à l’idiotie d’avoir laissé participer un marchand couard et une jeune femme inexpérimentée à une expédition qui s’annonçait dangereuse, rien ne serait oublié. A commencer par l’apparition miraculeuse et hautement digne de soupçons de l’étrange sorcière qui les avait guidé jusqu’à la sortie.

L’intervention surprise de la personne vers laquelle ses pensées étaient tournées quelques secondes auparavant la laissèrent sans voix. A moins que ce ne fut l’utilisation de « dame Aislin » à son égard… Les salamalecs de cette bonne femme dont un simple regard la faisait frissonner la mirent mal à l’aise. Elle était beaucoup trop polie à son égard pour être honnête.

- Bonsoir Dame Tanith. répondit elle, un sourcil encore levé par un mélange d’ironie et de surprise.

Soupirant quant à ses projets avortés de discrétion avec la représentante du roi à la fête de Beltane elle prit son parti d’écouter la joute verbale entre les deux femmes. Si la rôdeuse n’était pas formée aux intrigues politiques, elle savait reconnaître de l’hypocrisie et des tentatives d’intimidation quand elle en voyait… Les piques de l’une et de l’autre lui firent lever les yeux au ciel et, dépitée, elle songea que derrière ces masques dégoulinants de politesse se cachaient de redoutables langues de vipère.

Son instinct la poussait naturellement à prendre le parti de Scarlett de Vinter. Elle connaissait l’assassin depuis près d’une année et travaillait pour elle assez régulièrement depuis. En dépit de ce que son métier impliquait d’un point de vue moral, la blasonnée s’était toujours montrée honnête à son égard et leur accord passé les satisfaisait toutes deux amplement. Aussi curieux que cela puisse paraître, Aislin s’était prise d’une sorte d’affection pour l’autre femme. Elle savait que l’assassin commanditée par le roi pourrait la tuer à n’importe quel moment sans hésiter si elle venait à avoir l’impression que c’était nécessaire, mais la rôdeuse aimait bien cette femme de caractère qui assumait si bien ses contradictions. De même Scarlett savait sans doute qu’Aislin n’irait jamais à l’encontre de ses principes moraux ni ne ferait jamais quoi que ce soit qui puisse porter atteinte à son peuple. L’une et l’autre se comprenaient et c’était bien là l’essentiel.

- Je vous laisserai bien continuer cette aimable conversation à votre guise mes dames, les interrompit elle sans ambages, s’étonnant malgré tout de son langage soigné, mais il semblerait que nous ayons de la compagnie.

Décidément, l’attitude méfiante de Scarlett n’était pas son seul trait de caractère contagieux.
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Una Syrion

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MessageSujet: Re: Les feux de Beltane.   Les feux de Beltane. EmptySam 15 Oct 2011, 15:12

Le choc la vit vaciller. Elle porta une main à son visage et gémit de frustration. Devant elle se tenait un colosse de fer qui la dédaignait de toute sa puissance. Sa joue lui chauffait et elle maudit ce retardement aussi surement que la poigne qui se refermait durement sur son bras. Le hoquet de stupeur qui échappa à son amant la fit jeter un œil vers leurs arrières. Un soldat les rejoignait d'un port altier. Un officier, comprit-elle. La prise sur sa peau s'affermit. Son colosse était un subalterne zélé. Inutile de lutter pour se défaire de son étau, elle n'était qu'une brindille entre ses doigts. Lasse, ses épaules s'affaissèrent doucement et elle replaça derrière son oreille une mèche rebelle. Le garde envoyé par Scarlett se porta à leur hauteur et gratifia le couple d'une brève œillade. Peut-être ne souhaitait-il que ses services, après tout ? Espoir vite balayé.

Dame de Vinter les mandait. Ce n'était nullement là les termes employés (à vrai dire, il était du genre avare de paroles) mais c'est ainsi qu'elle traduisit. Son compagnon fit de même et sa mine se décomposa instantanément. Il paraissait plus jeune qu'elle ne s'en rappelait. L'agitation qui gagna aussitôt le jeune homme la surprit néanmoins. Ce n'était pas l'attitude d'un innocent. L'idée la raidit. S'était-elle lié à un brigand ou une crapule susceptible de la compromettre ? Cela n'arrangerait pas ses affaires avec l'assassin royal. Non pas qu'on puisse véritablement parler d'affaires, Una ne lui faisait simplement pas confiance. La blasonnée disposait d'armes on ne peut plus affûtées face à une pauvre demoiselle de son acabit. L'intelligence et la manipulation n'étaient que trop profitables à certains. Les pièges qui en découlaient fatalement la glaçaient d'épouvante.

« Je ne la connais pas. [...] Je ne l'ai pas touché. [...] C'est une gueuse, je sais. […] Oh mon père me tuera. […] Pitié […] Je suis promis à une noble dame. […] Je suis écuyer de Ser […] Elle va le dire à mon père ? […] On peut s'arranger ? […] Une catin ? Comment ? [...] »

Durant tout le chemin, son client ne cessa de plaidoyer auprès de leur escorte. Peine perdue. Si Una ne pipait mot, l'agacement se lisait néanmoins sur son visage. Peu lui importait les insultes ou même la lâcheté apparente de son jouvenceau, elle répugnait à entendre les mensonges qu'il déballait sur sa prétendue naïveté. Elle ne cachait pas son métier et si sa tenue ne la faisait pas forcément passer pour une fille de joie, certains signes ne trompaient pas. Une jeune fille de bonne famille ne serait pas laissée seule à trainer dans le coin et quand bien même serait-ce le cas, elle ne demanderait pas une rétribution elle. Dans son corsage, se tenait soigneusement tout contre son cœur une petite bourse de cuir contenant quelques sous. Le prix de l'expérience, sans nul doute.

Les pieds endoloris par le contact des graviers qu'ils avaient foulé durant leur fuite, Una renâclait à presser l'allure. Il lui semblait finalement que l'écuyer serait le parfait détournement de situation qu'elle souhaitait auparavant. Son flot de paroles submergerait peut-être l'entrevue à venir. Elle n'espérait que retrouver rapidement la liesse de la fête et accessoirement se fondre dans la masse. Ils arrivèrent pourtant à destination beaucoup trop vite à son goût. Les yeux volontairement orientés vers le sol ou ses environs, elle se tint droite face à l'instigatrice de cette entrevue. Son compagnon quant à lui, ploya instantanément le genou et d'une saccade sur le bras de la dessinatrice, lui intima de faire de même. Elle ne bougea pas toutefois.

« - Elle n'est pas le roi. »

Simple vérité. Elle ne connaissait pas toutes les subtilités de ce genre de rencontre mais on ne lui avait pas appris à se soumettre ainsi face à la première blasonnée. Elle tenta une maladroite révérence en contre-partie mais la tentative lui parut plus caricaturale que respectueuse. L'excès de courtoisie de son acolyte compenserait peut-être mais elle en doutait. Avait-il l'espoir d'amadouer Scarlett de Vinter ainsi ? Elle n'en savait rien mais déjà, d'une voix fragile entamait-il ses justifications pompeuses. Faisant la sourde oreille à un couplet dont elle avait déjà bénéficié, elle fixa son regard sur ses orteils qu'elle fit gigoter dans l'herbe. Des fourmillements agitaient ses jambes. Désireuse de les occulter, elle releva un peu le regard et entreprit de détailler l'assemblée qui les entourait. Trois femmes et des gardes. L'une n'était autre que Scarlett de Vinter, dame de haute naissance, l'autre était une parfaite inconnue qui ne lui parut pas être une blasonnée et la dernière personne n'était autre que... Tanith Ruane. Ses yeux s'écarquillèrent sous la surprise et elle contempla muette les prunelles dorées. La sorcière de premier ordre faisait-elle partie du cortège de la conseillère du roi ? Et dans pareil cas, l'inconnue n'était-elle qu'une singulière ou cachait-elle un quelconque pouvoir ? Son attention se reporta sur elle avec une certaine vulgarité si tant est qu'Una avait agi de même avec une noble. Quel étrange assemblée était-ce là ? Ses doigts se crispèrent contre sa robe. Elle n'aimait pas cela.


Dernière édition par Una Syrion le Jeu 20 Oct 2011, 19:10, édité 2 fois
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Tanith Ruane

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MessageSujet: Re: Les feux de Beltane.   Les feux de Beltane. EmptyLun 17 Oct 2011, 01:21

◮◮◮

[...]« Dame Tanith! En voilà une surprise. À croire qu'Eydis voulait nous réunir en ces lieux. Je dois avouer que votre présence à tous deux est un soulagement. Je n'espérais plus avoir la moindre discussion digne de ce nom, ce soir. Mais j'ignorais que vous vous connaissiez... » Malgré la colère qui, d'évidence, la travaillait, la Sorcière s'efforce de ne pas trembler, de pas se laisser emporter par les sentiments qui lui ronge l'estomac comme la rouille sur le métal. Pendant un moment, la fureur empêche même Tanith de piper. Ses yeux, aussi brûlant que le grand brasier de Beltane, s'alternait d'une silhouette à une autre et son sourire, aussi acéré que la lame d'un poignard égaya son minois sombre. Jusqu'au moment où dame Scarlett avait prit parole, elle n'avait pas desserré les dents. Quel haine leur vouait-elle, à ses blasonnées ! De par leurs robes ou leurs coiffures plus élaborées, ces gens-là ce croyaient tout permis. Aussi, cette singulière savait-elle seulement à qui elle s'adressait ? Car, que savait-elle sur Tanith si ce n'est ce que ses yeux dorés lui avaient divulgué ? À cette pensée, l'Héritière se souvint brusquement sa mère et son meilleur ami, tous deux singuliers, avec un malaise d'autant plus pénible que le remords le disputait à l'antipathie. Et, cependant, son esprit se débattait en vain pour assembler une quelconque formule de politesse. Par chance, la blasonnée se chargea, à nouveau, de meubler le silence occasionné : « Sa Majesté Arsenios ne se rend jamais aux célébrations. Il a bien trop de responsabilités. De plus je suis à peu près persuadée que si il était tenté de participer à celle-là, il aurait maille à partir avec notre reine Octavia. Mais si vous avez une requête particulière à lui soumettre, je me ferai une joie de la transmettre. Après tout, j'appartiens au cercle restreint de ses conseillers » Haussant un sourcil, Tanith émerge de l'ombre, sa silhouette sombre et menue s'expose davantage aux regards des deux autres femmes. Si le tissu sombre de sa robe, nuancé d'éclat verdâtre et son corset aguicheur la rendait incroyablement énigmatique, la malice qui égaye son regard d'or n'en est que plus suspicieux. La Sorcière accueil cette réplique comme un défi, aussi se doit-elle de lui répondre : « Dame Aislin et moi nous nous connaissons, en effet. » acquiesce-t-elle lorsqu'enfin parvenu à une distance jugée convenable, elle s'arrête. Son sourire s'accentue et elle hausse un sourcil tout en accordant, cette fois-ci, un regard à la rôdeuse, « ... un récit des plus palpitant, n'est-ce pas ? » Si ce souvenir la laissait amer, elle était à la fois satisfaite de la puissance qu'elle avait acquis entre-temps. Tanith n'était plus cette petite sorcière seule et fragile qu'un simple sortilège rendait invalide. Désormais plus en contrôle d'elle-même, mais davantage maitresse de ses propres pouvoirs, jamais Vorlun n'avait espéré meilleure amélioration chez sa pupille. Elle avait grandit de cette expérience et son esprit pervertit était plus qu'enrichit... Laissant le silence souffler quelques mots à ses places, bientôt, les cris de joies et les chants des célébrations vinrent inonder le semblant de quiétude dans laquelle elles baignaient. C'est à ce moment que la Sorcière décide de reprendre parole. Lentement, sa tête se tourne en direction de la noble et sa voix encore plus rugueuse qu'à l'ordinaire s'élève parmi le brasier : « Je ne doute pas un seul instant de votre parole, dame Scarlett. Le volonté d'un monarque s'étend parfois au-delà des frontières de son Royaume, c'est pourquoi je comprend son absence parmi nous... Aussi lui faut-il s'entourer des meilleurs conseillers du pays... D'ailleurs, on vous dit la plus loyale d'entre-tous ... Il me fera grand plaisir d'annoncer au Roi qu'encore une fois, vous n'avez pas failli à vos devoirs... » Ses paroles sont coupées subitement par la voix de la rôdeuse. Et si elle ne la regarde pas, elle l'écoute attentivement « Je vous laisserai bien continuer cette aimable conversation à votre guise mes dames, mais il semblerait que nous ayons de la compagnie. »

Une surprise n'en attend pas l'autre, décidément. Et comme annoncé par les paroles d'Aislin, un garde intervient, suivis d'un autre. Lourdement armés, ils escortent deux silhouettes considérablement moins imposantes. Entre leur étau de fer se trouvait un garçon au visage juvénile et apeuré et, traînée derrière, une femme aux airs un peu plus farouche. Immédiatement, Tanith la reconnaît, mais n'en dit rien. La dessinatrice de Cathairfál, la fille de joie, cette Una... Tanith ne s'étonne pas de sa présence. Car si la festivité était de caractère sexuelle, l'Héritière comprend que le temps était bon pour les filles de joie comme elle... Le travail ne devait pas manqué. Toujours de marbre, c'était comme si son visage persistait dans son sarcasme silencieux. Pourtant, elle bouillonne de rage. Elle méprisait l'attitude précédente de la blasonnée qui l'opposait, désormais, Tanith maudissait l'impuissance de cette jeune femme. Jamais un être magique ne devrait se voir ainsi traiter par aussi misérable qu'un singulier.
C'est alors qu'elle distingue, derrière un buisson, l'arrivée du balafré. Ce guerrier sans pitié qui s'entêtait à ne jamais la quitter. Probablement alerté à la vu des deux colosses, il avait jugé préférable de venir jusqu'à sa maîtresse pour s'assurer qu'aucun mal ne lui soit fait. Elle le poignarde du regard, néanmoins, et le congédie sur-le-champs. C'était une véritable chance si aucun des acteurs de la scène n'avaient aperçu cet empoté... Violemment, le jeune garçon agenouille sur le sol, du moins, on le lui oblige d'un coup derrière le genou. On insiste alors auprès de la catin d'un mouvement brusque, Tanith fronce les sourcils : « Elle n'est pas le roi » précise la farouche. Tanith se réserve toute réponse, préférant l'anonymat et l'abstinence. Même si ses mots l'avaient amusé, mais si la tension devenait presque palpable au sein du groupe, Tanith, elle, prend un malin plaisir à voir la fête se dérouler en de pareil malentendus.Ainsi, la Sorcière devient silencieuse et son attention se porte sur la représente du Roi, comme tous les autres d'ailleurs. Elle en vient même à la redouter, brièvement. Parce que si à première vu dame de Vinter n'était pas menaçante, ses hommes, eux avaient tout pour être craint. Ils étaient beaucoup plus nombreux qu'au nombre de deux, n'avait-elle pas aperçu le convoi royal sur la grand-route ?

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Scarlett de Vinter

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MessageSujet: Re: Les feux de Beltane.   Les feux de Beltane. EmptyLun 17 Oct 2011, 10:58

Scarlett avait toujours eu un don pour flairer les ennuis. Surtout lorsque ceux-ci étaient des individus capables de faire s'effondrer une ville en un souffle et qu'ils avaient autant de mal à cacher la colère qui les rongeait. La Sorcière du Premier Ordre qui se tenait devant elle était une bombe à retardement. Elle ignorait quand l'explosion se produirait mais elle ne doutait pas une seule seconde que lorsque cela arriverait elle essaierait de s'en prendre au plus grand nombre ou au plus importants d'entre eux. Pour autant, elle ne pouvait décemment pas l'assassiner là au motif que son instinct lui hurlait de faire quelque chose. Tearmainn était une terre sanctifiée qu'on se devait de respecter. Non content de lui attirer l'ire des druides, la jeune femme créerait un incident sans précédent avec le Sanctuaire des Mages. Chose dont Lanriel devait absolument se passer. Il s'agissait à présent de manoeuvrer pour avec précaution. Les yeux pâles de l'assassin glissèrent vers Aislin et pour la première fois depuis longtemps, Scarlett dut admettre qu'elle était ravie de ne pas être aussi seule. La Rôdeuse devait elle aussi avoir déjà remarqué cette façon qu'avait Tanith d'émettre l'impression de danger qui la prenait actuellement à la gorge. Eydis, comme elle haïssait de sentir ainsi impuissante. Son habituel malaise face aux personnes dotées de dons occultes la ramenait immanquablement à sa propre inefficacité en cas de combat. Aujourd'hui ce sentiment atteignait son paroxysme. Son annulaire effleura la bague poison qu'elle portait en permanence dans un geste rassurant, se rappelant qu'elle n'était pas simplement une pauvre Singulière perdue dans un monde de surhommes et elle raffermit sa résolution. Il s'agissait pour le moment de déterminer ce qui avait amené son informatrice à croiser une femme qu'elle suspectait de duplicité. "Voilà un récit que je serai ravie d'entendre. Je ne doute pas qu'il soit fort instructif." Faire parler Tanith, lui tirer les vers du nez pour savoir enfin d'où elle venait. Ensuite une fois de retour à la capitale, il s'agirait d'envoyer un message au Sanctuaire pour vérifier qu'elle en était bien issue. Et de faire mander Jullanar et sa pupille à la Cour. C'était bien là un service que les deux sorcières pouvaient lui rendre, au regard de la mansuétude dont Scarlett avait fait preuve alors que tous dans les bas-quartiers réclamaient la tête de la jeune Rhewen. Une pitié certes intéressée mais dont elle aurait pu s'abstenir. Elle espérait simplement que la personne dont elle se souvenait serait toujours aussi encline à protéger les intérêts du plus grand nombre. Si son interlocutrice s'avérait être une Sorcière hors contrôle, il serait toujours temps alors de s'en occuper...

Le garde ressortit des buissons tractant derrière lui un couple visiblement interrompu en pleins ébats. Le garçon, un être falot et sans importance qui se jeta à terre à la minute où il l'aperçut, lui était inconnu. La jeune femme en revanche... Una Syrion. Le nom de cette catin était resté gravé dans son esprit depuis le jour où une phrase malheureuse lui avait mis la puce à l'oreille sur ses origines. Les Îles Pirates. Tenir un individu capable de conduire les soldats de Lanriel au coeur même du problème que posaient ces hors-la-lois auraient été appréciables et Scarlett avait cherché à l'apprivoiser. La seule réponse de la prostituée ayant été la fuite, l'assassin avait vu ses soupçons confirmés et avait cherché à la retrouver depuis lors. Les probabilités de tomber sur elle par hasard étaient incroyablement faibles, aussi la jeune femme remercia silencieusement Eydis de la chance qui lui était donnée. Tournant son regard vers le compagnon d'Una qui se tordait à ses pieds dans une attitude de vénération soumise proprement écoeurante, Scarlett mit fin à cette comédie. "Cessez de vous traîner dans la boue de cette façon. Je ne supporte pas les vers de terre. Relevez-vous et faites silence. Mieux encore, débarassez mon champ de vision. Je me moque de votre identité ou de celle du Seigneur dont vous cirez les chaussures." Se moquant de savoir si ses consignes étaient appliquées ou non, elle se désintéressa complètement du garçon pour se diriger vers Una. "Demoiselle Syrion, quelle surprise de vous retrouver dans de telles circonstances. Je désespérai de vous revoir un jour. Votre disparition a surpris tout le monde..." Plutôt que de confronter la jeune femme à ses soupçons, Scarlett préféra choisir une autre manoeuvre, expliquant à Aislin et Tanith comment une Blasonnée et une prostituée en étaient venues à se connaître. "Cette demoiselle, Una Syrion, faisait partie des témoins que j'ai interrogé dans le cadre d'une enquête sur un noble dont les ambitions personnelles étaient devenues un peu trop importantes pour son propre bien. Nous avons eu plusieurs entretiens au cours desquelles elle m'a apporté certaines des informations que je désirais. À tel point que je lui ai proposé un poste à mon service. Après quoi elle a disparu. J'ai supputé que notre suspect avait fait disparaître les preuves de son forfait mais j'ai tout de même lancé un avis de recherche sur votre personne par acquis de conscience. Vous serez probablement soulagée d'apprendre que cet homme a eu ce qu'il méritait. Nous avons finalement découverts que non content de fomenter un complot contre le roi, il participait à un vaste réseau de vente d'esclaves... Maintenant que je suis rassurée de vous voir en vie j'aimerais comprendre ce qui vous a poussé à fuir ainsi Cathairfál... Je suis sûre que vous ne verrez pas d'inconvénient à passer la soirée en notre compagnie... Dame Tanith et dame Aislin sont aussi de grandes voyageuses et je suis persuadée que vous aurez de nombreuses choses en commun."

Garder Una sous la main pour pouvoir obtenir d'elle les informations qu'elle souhaitait sans avoir à employer la torture, qu'elle jugeait peu fiable, avait toujours été le but principal de Scarlett. La jeune femme saurait probablement faire le calcul. Et si elle préférait filer à l'anglaise, l'assassin pourrait toujours demander à Aislin de la faire suivre... Dans le fond, cette soirée s'annonçait productive à défaut d'être amusante ou tranquille.
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Aislin Basmath

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MessageSujet: Re: Les feux de Beltane.   Les feux de Beltane. EmptyMer 19 Oct 2011, 16:45


Aislin avait envie de se pincer le nez. Ou de se prendre la tête entre les mains. Elle savait que ses gestes et ses regards trahissaient souvent ses pensées. La rôdeuse n’avait jamais été formée aux intrigues de cour, elle n’avait pas l’habitude de cacher ses sentiments. L’idée que chacune des personnes présentes pouvaient sans doute identifier son malaise accentua son mal être.

Retenant un soupir, Aislin envisagea une seconde l’idée de planter là toutes ces demoiselles qui semblaient partager bien des secrets et de retrouver la trace du charmant éphèbe qui lui faisait les yeux doux un peu plus tôt dans la soirée. Une seconde. Juste avant de vraiment lâcher un gros soupir écœuré et de revenir à la réalité. Scarlett avait-elle vraiment une idée, même vague, de la puissance de la sorcière du Premier Ordre qui leur faisait face ? La rôdeuse l’avait vu venir à bout de l’une des créatures les plus puissantes de tout Lanriel, et cela sans que l’effort ne paraisse vraiment la fatiguer. Une phrase de Tanith ramena brièvement l’attention de Scarlett sur elle. Aislin aurait voulu hausser les épaules, pour signifier que tout ceci ne la perturbait pas, mais la sorcière avait touché un point sensible. La rôdeuse avait du mal à se remettre de cette aventure qui lui avait laissé des séquelles physiques durant plusieurs semaines. Mais au-delà des blessures que lui avait infligé le balrog, c’était surtout l’idée d’avoir été à deux doigts de perdre des proches qui l’avait bouleversé.

Aislin devait être tout à fait honnête avec elle-même. A son âge elle entretenait peu de contact avec ses parents, s’était fait peu d’amis, et n’avait jamais pu fonder de famille avec Accolon comme elle l’avait tant espéré autrefois. D’ailleurs, nul n’avait jamais pu le remplacer dans son cœur non plus. Aislin était presque tout à fait seule, et les seuls êtres proches d’elle avaient, à quelques exceptions près, tous été embarqués dans cette histoire qui avait manqué de finir en eau de boudin. La jeune femme aurait dû être reconnaissante à Tanith, non seulement de l’avoir sauvé, mais également d’avoir permis à ces êtres qu’elle aimait de voir leurs vies épargnées par le feu. Et pourtant… Quelque chose clochait. La sorcière la mettait on ne peut plus mal à l’aise. Et pour aller jusqu’au bout de sa pensée, Aislin n’était pas loin de penser que l’aguichante jeune femme pouvait ne pas être étrangère dans ce fiasco. Elle lui avait semblé connaître un peu trop bien la forteresse pour une chasseuse de reliques. L’excuse elle-même lui avait parût un peu étrange, une sorcière du Premier Ordre qui aurait eu besoin de la chasse aux reliques pour vivre lui semblait sonner faux.

L’arrivée de la prostituée la tira de ses sombres pensées. Le jeune homme avec elle semblait aussi ridicule qu’inintéressant mais Aislin surveilla tout de même son départ du coin de l’œil. Méfiance était mère de sureté, avait coutume de dire sa mère. Et la rôdeuse avait toujours prêté l’oreille aux enseignements de celle-ci. La brune jeune femme en revanche semblait bien plus intelligente. Et plus fière aussi. Aislin sourit discrètement de la voir refuser une révérence à Scarlett, elle-même ne lui en avait jamais fait l’ombre d’une. Son phrasé difficile ainsi que son accent étranger révélèrent à Aislin la région d’où la jeune femme était issue. Elle avait eu l’occasion de l’entendre à maintes reprises dans la bouche de ses contacts. En revanche l’intervention de Scarlett la surprit. Décidément la blasonnée était pleine de ressources, elle semblait à elle seule connaître déjà un certain nombre de personnes issues d’autres classes sociales que la sienne. A se demander pourquoi une telle femme avait besoin d’une rôdeuse comme Aislin dans son réseau professionnel…

Les œillades que la prostituée échangeait avec la sorcière du Premier Ordre lui firent froncer les sourcils. Le fait que Tanith et la dénommée Una Syrion puissent se connaître lui semblait surprenant, mais la soirée avait déjà apporté son lot d’étrangetés en la matière et Aislin commença à se demander si tout ceci était vraiment une coïncidence. Tanith aurait-elle manigancé quelque chose ? Mais dans quel but ? L’idée que quelqu’un lui soit antipathique n’était certainement pas suffisante pour déterminer si la femme en face d’elle portait ses vœux à Eydis ou à son horrible frère. Mais Aislin ne pouvait s’empêcher de voir en Tanith une adoratrice de Mynkor. Sans preuve. Sans le moindre putain de début de preuve. Mais c’était ainsi. Son instinct hurlait à Aislin que la femme était mauvaise. En revanche aucune mauvaise impression ne lui venait quand son regard se portait sur Una, juste une vague sympathie teintée d’admiration à l’égard de cette femme de basse extraction qui se voulait l’égale de l’envoyée du roi.

C’est alors qu’un nouveau son se fit entendre. Un buisson s’agita brièvement. Mais Aislin avait passé sa vie en solitaire sur les chemins, elle savait faire la différence entre un bruissement de pas humain et celui d’un animal, son mode de survie tout entier était basé sur cette capacité. Il y avait quelqu’un. Scarlett n’avait pas semblé remarquer quoi que ce soit et la rôdeuse se questionna. En une telle soirée était-il bien normal de s’alarmer d’un tel bruit ou fallait-il s’en détourner au profit de la conversation qui s’annonçait et supposer qu’il était le fruit de l’accouplement de deux êtres offrant leur hommage à Eydis ? L’indécision la fit grincer des dents mais la rôdeuse ne pouvait lutter contre sa nature et elle fit un pas en direction du bruit suspect. L’idée que la personne qui se cachait là pouvait être liée à l’une d’entre elles ne lui vint pas à l’esprit, le regard de Tanith sur son guerrier lui avait tout à fait échappé…
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Una Syrion

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MessageSujet: Re: Les feux de Beltane.   Les feux de Beltane. EmptyVen 21 Oct 2011, 18:31

Cette soirée prenait une tournure désagréable. Un mince sourire de façade plaqué sur le visage, Una écoutait Scarlett débiter les circonstances de leur rencontre et ce compte-rendu n'avait rien d'agréable à son goût. Ce jour-là, elle avait bien failli commettre l'irréparable. Le chemin des îles pirates étaient un secret bien gardé et le peu d'honneur qu'elle possédait lui commandait de le préserver. La mâchoire serrée dans une feinte docilité, elle se garda bien de couper la blasonnée. L'avantage de son discours est qu'il ne permettait que peu les interruptions. Il était inutile de chercher à justifier son départ et il aurait été hypocrite de remercier Scarlett de Vinter pour l'avis de recherche sur sa tête. Le message était passé. Si la singulière ne pouvait l'avoir sous la main, cela ne l'empêcherait pas de dépêcher quelques oreilles indiscrètes auprès d'elle. Une fâcheuse nouvelle, que voilà. D'autant plus qu'elle n'avait pas fui. Certes, elle n'avait jamais prévu de courir dans les bras gracieux de la jeune femme mais son départ n'était qu'une conséquence logique. Son apprentissage achevé au palais des dessinateurs, son séjour en Lanriel devenait obsolète.

Elle s'agita, mal à l'aise dans sa posture immobile. Elle crevait d'envie de prendre ses jambes à son cou et d'aller quérir le réconfort d'un feu comme d'un homme. Les feux de Beltane n'était pas destinée à ces simagrées. Retenant le soupir qui menaçait ses lèvres, elle porta son attention sur les deux voyageuses nommées. Tanith n'avait manifesté aucun signe qui indiquait qu'elles se connaissaient. Il était courant d'ignorer les catins mais ce comportement était plus attribué aux hommes qu'aux femmes. Cette prudence n'était-elle pas excessive quand même la conseillère du roi admettait leurs entrevues ? Quoiqu'il en soit, Una se le tint pour dit et n'en manifesta pas rancune. L'autre femme attirait davantage son attention. Aislin. Elle se répéta le nom plusieurs fois pour s'en imprégner. Il transpirait chez elle quelque chose que la dessinatrice était bien capable de nommer mais qui incitait à la confiance. Cela arrivait parfois avec les personnes plus âgées qu'elle ou simplement plus érudites. Le pas effectué vers les buissons ne lui avaient pas échappé et cette prudence la conforta dans l'idée que cette Aislin devait être aussi efficace qu'une sorcière de premier ordre pour finir dans l'escorte de Scarlett.

Tout en cherchant à repérer quelque chose dans les buissons, elle se demanda si la blasonnée risquait réellement sa vie dans ce lieu sacré qu'était Tearmainn. Il était évident que malgré ses bonnes manières, la singulière suscitait pas mal d'antipathie mais de là à attenter à sa vie. Ce ne serait que folie. Mâchouillant songeusement sa lèvre inférieure, Una se souvint subitement que sa réponse était attendue et se racla la gorge pour se donner quelques secondes de réflexion. Au fond, peu importait les pourquoi, une seule chose la préoccupait de manière autrement plus prioritaire.

« - Comptez-vous vous m'offrir ma compagnie ? »

L'inconvénient était là. Majeur. Les nombreux points communs qu'elle pouvait partager avec cette petite assemblée étaient bien jolis mais cela ne payerait pas sa soirée. Scarlett de Vinter comprenait-elle que la retenir ici en pareil jour serait comme refuser à son roi de régner ou à une danseuse de danser ? Il n'y avait pas plus propice comme nuit pour une catin et après un tel hiver, cela lui semblait presque un blasphème de se voir mise sur le côté. Eydis s'était montrée suffisamment rancunière pour qu'Una se garde de déplaire à la déesse. Si elle n'était pas des plus pieuses, au moins excellait-elle dans cette célébration. Un peu rembrunie, elle s'empressa toutefois de rajouter un « ma dame » pour la forme. Il était diablement plus aisé de forniquer que de tenir cette conversation. Qu'il lui semblait loin maintenant le jouvenceau qui s'était abreuvé de sa gorge. Son départ n'avait pas trainé après le congé offert. Le soulagement qui l'avait accueilli avait été trop flagrant pour lui reprocher sa fuite. Tout en portant une main à son cou qu'elle frotta avec un brin de nervosité, elle ajouta.

«  C'est que je suis les hommes. J'enlève mieux que j'habille. »

Cette précision, espérait-elle un peu naïvement, suffirait peut-être à Scarlett pour justifier son refus d'être servante. Il lui semblait évident qu'elle était plus apte à défaire un lit qu'à le border. Renoncer à sa liberté de mouvement pour rester claquemurée entre quatre murs ne l'enchantait pas plus. Elle était une dessinatrice, une cartographe même pas la simple fille de joie dont le seul boulot était d'écarter les cuisses. Elle était éprise de grands espaces mais cela, elle le tut naturellement. Elle lança un regard oblique à Tanith comme pour l'inciter à détourner l'attention de sa personne et gratifia chacune d'un sourire on ne peut plus équivoque. Peut-être ne fallait-il que d'une prude dans le lot pour se voir congédier pour sa vulgarité. Cette éventualité la séduisit aussitôt.
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Tanith Ruane

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MessageSujet: Re: Les feux de Beltane.   Les feux de Beltane. EmptyDim 06 Nov 2011, 15:25

◮◮◮

En entendant le froissement des feuilles, la Sorcière présagea le retour du grand gaillard. Pivotant légèrement en direction des buissons, elle croisa les bras sous sa poitrine, adoptant un air renfrogné. Cependant, les hommes d'argents qui émergèrent successivement près du petit rassemblant auquel elle prenait part, lui semblaient plus nombreux... Elle n'avait jamais remarqué autant de gardes aux côtés de dame Scarlett... « Des hommes du Roi », songea Tanith, sans l'ombre d'un doute. Il semblait évident qu'une invitée de la couronne ne voyageait jamais seule et si, la Sorcière et ses compagnons avaient aperçu le convoi royale sur la grand-route plus tôt, elle aurait plutôt pensé que les chevaliers, omis quelques-uns, se seraient mêlés à la fête... Tenaillée de pensées funèbres, elle ne remarqua que quelque seconde plus tard les corps qu'ils tiraient. Un jeune garçon, sans importance, qui implorait mille pardons pour un crime qui lui semblait injustifié. Elle se désintéressait de ceux-là, ils lui étaient intolérables. Tous des pleurnichards, incapables de manier même la plus mince des lames. Elle songea à s’éclipser et à abandonnée ses compagnes pour retourner à la fête, espéré ainsi quelques rencontres plus fortuites. Toutefois, des boucles sombres qu'elle aperçoit du coin de l’œil l'arrête dans sa lancée. Dès lors, une éternité semblait s'écoulée. Les bruits se faisaient plus distincts. La Sorcière du Premier Ordre perçut davantage d'esclaffements, un rugissement impérieux, les gerbes d'éclaboussures du torrent que l'on traversait puis retraversait. Un cheval s'ébroua et un homme jura... enfin elle l'a reconnue. Cette Una, cette femme, cette prostituée qu'elle avait croisé dans la cité. Une femme faible en apparence, mais qui, tout comme elle, avait été choisit par la magie. À son tour, elle était infectée par de terribles pouvoirs comme une malédiction du monde. Tout comme Tanith, ou peut-être plus par son statu de fille de joie que par l'apparition de la magie, elle était pointée du doigt ou exclus des autres. Sans le savoir, elles partageaient peut-être des ambitions communes, cela dit, elles n'avaient jamais eut la chance de discuter bien longtemps pour qu'une quelconque ''alliance'' soit révélée. [...] La voir ainsi captive l'emplissait d'une colère infinie. Soumise à l'autorité d'une femmes en jupons, incapable de se défendre sans la présence de ses chevaliers. Un titre n'est rien dans ce monde, la puissance, cependant, déterminait plus cruellement la hiérarchie entre tous les peuples. Il lui était toujours impossible de comprendre comment les singuliers avaient put garder sous leurs joutes des êtres aussi puissants qu'elle...

La tension devenait presque palpable au sein du petit cercle et c'est avec irritation que l'Héritière congédie du regard le balafré, son homme de main, qui embusqué dans les buissons, s'était invité à la conversation. Par chance, personne ne l'avait remarqué, pas même les gardes lourdement armés. Une bonne chose en somme, sinon, elle aurait dût faire appelle à la magie pour ce sortir de ce faux pas... Tanith détourna le regard, ignorant la jeune femme captive. Et si elle laissait croire qu'elle n'accordait aucun intérêt pour la scène qui se jouait sous ses yeux, elle était, au contraire, bien plus attentive qu'il n'y paraissait. Les bras toujours croisés sous sa poitrine, un nouvel éclat égaya son regard. Beaucoup moins maussade, elle adopta un air malicieux, légèrement teinté de malice. Un regard terriblement dangereux lorsque l'on connaissait ses véritables intentions. « Et en quoi vous concerne-t-elle, ma dame ? Juger par ses vêtements, elle n'est sûrement rien de plus qu'une servante... rien qui puisse vous importunez... » avait-elle suggéré avant que Scarlett ne prenne la parole, chassant le jeunot : « […] Cette demoiselle, Una Syrion, faisait partie des témoins que j'ai interrogé dans le cadre d'une enquête sur un noble dont les ambitions personnelles étaient devenues un peu trop importantes pour son propre bien. Nous avons eu plusieurs entretiens au cours desquelles elle m'a apporté certaines des informations que je désirais. À tel point que je lui ai proposé un poste à mon service. Après quoi elle a disparu. J'ai supputé que notre suspect avait fait disparaître les preuves de son forfait mais j'ai tout de même lancé un avis de recherche sur votre personne par acquis de conscience. Vous serez probablement soulagée d'apprendre que cet homme a eu ce qu'il méritait. Nous avons finalement découverts que non content de fomenter un complot contre le roi, il participait à un vaste réseau de vente d'esclaves... Maintenant que je suis rassurée de vous voir en vie j'aimerais comprendre ce qui vous a poussé à fuir ainsi Cathairfál... Je suis sûre que vous ne verrez pas d'inconvénient à passer la soirée en notre compagnie... Dame Tanith et dame Aislin sont aussi de grandes voyageuses et je suis persuadée que vous aurez de nombreuses choses en commun »

C'est là que Tanith jugea préférable d'intervenir. Jusque là effacée, on en était presque venue à l'oublier. Pourtant, elle n'avait rien perdu des évènements. S'avançant légèrement d'un pas vers l'avant, ses bras glissèrent contre ses hanches et son menton se releva, comme si elle cherchait à démontrer un semblant de supériorité, de détachement peut-être. Quoi qu'il en soit, elle se révélait toujours aussi énigmatique, peu importe la situation face à elle : « Je pense qu'elle était déjà occupée autre part, ma dame... Pourquoi la retenir ? Vous aurez tous le loisir de vous retrouvez plus tard... il s'agit d'une fête, pas de formalité politique... » dit-elle finalement. L'attention de nouveau rivée sur elle, la Sorcière ajouta : « N'est-ce pas le désir de la Déesse que de fêter en son honneur ? », déclara Tanith sans sourire pour une fois. Derrière les mèches noires qui balayaient sa physionomie sombre et osseuse étincelait un regard de fauve affamé. Et au lieu de se rappeler à qui elle avait à faire, la Sorcière persista dans son sarcasme. Son attitude des plus sombre se voulait à la fois provocante ou choquante... C'est alors que, soudainement, l'homme embusqué dans les buissons, celui qu'elle avait congédié, se précipita hors de sa cachette. Tanith tourna rapidement la tête, ses cheveux longs et noirs volant autour de sa tête comme une crinière avant de s'affaisser sur ses épaules. Elle le poignarde d'abord du regard. Cependant, elle repère rapidement d'autres hommes, caché dans la pénombre. Que se passait-il ? Pourquoi ses hommes de main se démasquaient-ils aussi rapidement ? ... L'expression sauvage de Tanith se dissipe subitement, comme si elle venait de recevoir un coup de poignard au ventre, c'est du moins la même sensation qui lui transperce l'estomac : « Impossible ils l'ont retrouvé... » Poussant des exclamations de colère, les autres hommes, chargés de faire diversions, foncèrent vers les gardes de la couronne. Sitôt, Tanith profite de la confusion pour s’éclipser. Elle n'avait jamais pensé retrouvé son camarade à cette fête – quoi que cela n'était pas étonnant.

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Scarlett de Vinter

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MessageSujet: Re: Les feux de Beltane.   Les feux de Beltane. EmptySam 12 Nov 2011, 19:20

Scarlett examinait les possibilités à sa disposition. À Cathairfál, elle était toute puissante ou presque. Ici, si elle demandait à ses hommes de se saisir d'Una, elle entraînerait un incident diplomatique. Les druides étaient particulièrement jaloux de leurs prérogatives et la jeune femme ne comptait pas trop bousculer ces vieux barbons et leurs habitudes. Si elle ne pouvait pas convaincre la catin de la suivre par des arguments convaincants, il lui faudrait la laisser filer... pour le moment. Renoncer, s'occuper de plus gros poissons, attendre son heure en espérant que la prostituée croirait qu'elle avait abandonné. Scarlett avait tout le temps, et les moyens, de tisser sa toile autour de sa proie. Au moins savait-elle désormais qu'Una ne pourrissait pas quelque part dans un fossé. Elle aurait toujours le temps de la rattraper plus tard. "Non demoiselle Una. Non. Je n'ai pas l'intention de m'offrir vos services. Vous pouvez partir. Maintenant que je me suis assurée que vous êtes en vie et que ce noble ne vous a pas fait trancher la gorge dans une ruelle sombre pour jeter votre corps dans une rivière, vous pouvez partir. Profitez bien de votre soirée et faites attention à vous..." Elle marqua une pause, fouillant dans sa bourse un instant avant de renoncer et de la tendre à la prostituée. "Pour votre peine. Et vos renseignements. En espérant que cette somme contribuera à vous faire oublier l’âpreté de mon comportement." Elle venait à peine finir sa phrase qu'un tumulte soudain la fit volter. Les hommes du roi se battaient. Avec une bande de soudards. Parfait! Vraiment parfait. Une soirée comme elle en rêvait depuis longtemps. Être entourée d'ivrognes en pleine fornication et maintenant une bagarre. La bande de mercenaire qui avait chargé pour une raison inconnue avait préjugé de leur capacité à venir à bout d'une bande d'hommes surentraînés et du fait que les druides n'avaient pas prévu ce genre de désagréments. Les rassemblements de ce genre étaient toujours l'occasion de tentatives d'assassinat plus ou moins réfléchies et plus ou moins efficaces. Les assaillants furent promptement massacrés et avant que Scarlett ait pu véritablement savoir ce qui se passait, les corps étaient déjà évacués pour être enterrés dans une fosse loin de la terre sacrée... Elle n'avait pas véritablement prêté attention aux mots de Tanith avant l'assaut et s'apprêtait à lui demander de répéter lorsqu'elle s'aperçut de son absence...

Un sourire cynique apparut sur son visage. C'était la confirmation qu'elle attendait. Qui que fut en réalité cette sorcière, son comportement était suffisamment louche pour qu'elle puisse sereinement lancer à ses trousses non seulement ses propres troupes mais aussi celle du Sanctuaire des Mages. À son retour à Cathairfál, Scarlett aurait une petite discussion avec Jullanar Osgrey et elle ne doutait pas que la jeune femme blonde serait d'accord avec elle. Ce fut à ce moment-là qu'elle avisa un druide qui se dirigeait vers eux, l'air revêche et particulièrement mal embouché. Nul doute qu'elle allait se faire sermonner. Elle se tourna enfin vers Aislin. "Pardonnez-moi de vous avoir retenue, très chère. Je vais vous rendre votre liberté. Si vous avez un message à me faire parvenir, envoyez-moi une missive ou mieux, venez me rendre visite dans ma demeure de la capitale. Je vous y offrirai le gîte et le couvert volontiers. Maintenant je vais aller affronter mon destin." Esquissant une révérence, elle se tourna vers le druide qui arrivait, se portant au devant du vieillard. "Pardonnez-nous pour l'agitation, dame de Vinter. Cela dit, oserais-je vous rappeler que cette fête est destinée à honorer Eydis, pas à discuter politique? Si vous ne trouvez personne à la hauteur de votre rang, je peux vous présenter un certain nombre de jeunes gens..." Surmontant son dégoût, la jeune femme hocha la tête, espérant que la personne à qui elle aurait affaire serait suffisamment raisonnable pour accepter une alternative qui n'impliquerait pas une partie de jambes en l'air...

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Aislin Basmath

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MessageSujet: Re: Les feux de Beltane.   Les feux de Beltane. EmptySam 12 Nov 2011, 21:02


Aislin était perplexe, tout autour d’elle n’était que tension et elle savait que bien des subtilités dans les conversations de ces dames lui échappaient. Quand bien même… Elle haussa les épaules. La subtilité ne l’aurait pas beaucoup aidé dans ses pérégrinations de rôdeuse, au contraire son statut de femme nomade l’avait obligé à sévir en de nombreuses occasions et sans la moindre once de délicatesse justement. Elle souvint de cet homme qui avait pensé son corps en libre-service une soirée particulièrement froide où elle s’était réfugiée dans une auberge pour échapper aux rigueurs de la colère d’Eydis. S’il n’avait pas su entendre ses mots et accepter qu’elle se refuse, la douleur de ses phalanges brisées avait su se montrer plus convaincante.

La dénommée Una se montrait particulièrement discrète et Aislin se sentit proche de cette jeune femme qui, tout comme elle, cherchait simplement à survivre dans l’environnement inhospitalier de Lanriel. Nul doute qu’une prostituée avec un accent étranger devait avoir bien des difficultés à se faire respecter elle aussi, et la rôdeuse se demandait comment l’autre femme pouvait bien se défendre en cas de besoin. Les paroles de Scarlett d’ailleurs semblaient sincères malgré un sens caché qu’elle peinait à décoder. La vie d’Una aurait effectivement pu être écourtée si elle avait été le témoin d’actes répréhensibles et la protection de Scarlett aurait pu être utile. Peut-être pas si utile que ça puisque la prostituée semblait s’en être sortie indemne se rappela-t-elle.

L’attitude de Tanith en revanche lui déplaisait fortement. Le regard de celle-ci semblait la suivre, comme si elle était consciente que la rôdeuse venait de repérer quelque chose dans les fourrés. Elle parlait pourtant comme si elle était parfaitement à l’aise, soucieuse semblait il de mettre Scarlett de Vinter l’exécutrice du roi en défaut. Aislin hésita quelques secondes, elle pensait qu’il devait définitivement y avoir quelqu’un caché dans les buissons, et son instinct lui hurlait que ce quelqu’un avait un rapport avec l’impressionnante sorcière du Premier Ordre… Et Aislin écoutait son instinct, toujours. Cependant elle avait eu un avant-goût de la puissance cataclysmique de Tanith, et elle craignait de lui tourner le dos. Quoi qu’à la réflexion, de face ou de dos elle n’avait aucune chance de lutter si la sorcière décidait d’abréger son existence.

Elle n’eut pas l’occasion de penser plus avant qu’une ribambelle de personnages leur tombèrent dessus. Soldats du roi, soulards inconnus, et un étrange personnage qui semblait connaître Tanith. Aislin tenta de rejoindre la sorcière dans un élan désespéré lorsqu’un homme l’agrippa par le bras. Elle laissa sa tête partir en arrière et sentit contre ses cheveux l’écrasement des cartilages. La rôdeuse se retourna rapidement pour faire face à son assaillant, dégainant au passage son couteau de chasse. Si elle était plus à l’aise dans les combats à distance elle ne s’estimait pas totalement incompétente au corps à corps et elle saurait faire regretter à l’impudent son attitude. Mais l’homme ne semblait plus intéressé par elle, tout occupé qu’il était à épancher son saignement de nez. Les soldats chargés de la protection de Scarlett se chargèrent avec zèle de réprimer l’assaut et Aislin se contenta de toucher l’arrière de sa tête légèrement douloureuse. Elle retira sa main ensanglantée, heureuse de constater qu’il ne s’agissait pas du sien.

La rôdeuse jeta un regard à ses compagnes, curieuse de voir si Una avait profité de l’assaut pour s’éclipser prestement. Tanith n’avait pas hésité à filer, les laissant affronter seules leurs assaillants. Scarlett reprit rapidement la parole, la congédiant à demi-mots, soucieuse sans doute de préserver sa réputation. Aislin hocha prestement la tête et se fondit rapidement dans les ombres, peu désireuse d’être associée de trop près à l’assassin royal. Elle décida rapidement de faire un crochet par la demeure de Vinter lorsqu’elle se rendrait à la capitale afin de retrouver Lundre et Madwyn pour une nouvelle équipée. Elle aurait alors tout loisir de lui raconter les déconvenues de Moragor, et surtout de lui rapporter l’étrange regard de Tanith lorsque l’assaut contre elles avait été donné…

Aislin rejoignit rapidement la cohue, se fondant dans la foule, silhouette invisible, petite femme au milieu du petit peuple. Peut-être aurait-elle la chance de goûter à ce fameux festin finalement ?
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Una Syrion

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MessageSujet: Re: Les feux de Beltane.   Les feux de Beltane. EmptyVen 18 Nov 2011, 18:53

Ses mains s'emparèrent de la bourse prestement et, paradoxalement, avec une certaine retenue. Un instant, Una craignit que le cuir ne la brûle mais le toucher de la peau n'était que tendre sous le doigt. Ses yeux scrutèrent la blasonnée à la recherche du piège avant d'opter pour un remerciement poli qui contrastait avec le sourire cupide qui étirait peu à peu ses lèvres. Ce petit butin valait bien les sueurs froides causées par cette entrevue. En soupesant discrètement le contenu, elle estima que son retour au sérail venait probablement d'être offert. Soigneusement, elle rangea le tout dans son corsage et s'inclina pour signifier sa reconnaissance. Si les nobles de Lanriel était prêt à dépenser autant pour une discussion, il semblait on ne peut plus judicieux de mettre la main sur l'un de ces donateurs pour des tête-à-tête moins formels. Finalement il était regrettable que Scarlett de Vinter n'ait que si peu de gouts pour les plaisirs de la chair... féminine. Sa physionomie ne faisait pas d'elle le danger que rappelait son discours. Pour un peu, Una s'y serait laissée prendre.

Derechef, elle inclina la tête et signala son intention de congé auprès de l'assemblée. Son amorce de départ fut néanmoins stoppé par un excès de testostérone. Sans trop savoir quelle en était l'origine et comment allait se finir ce conflit, elle esquiva un coup perdu avant de réussir à s'écarter de cette pagaille, saine et sauve. Le brusque saut d'adrénaline qui venait de l'assaillir mettait en nage son assurance. D'une œillade rapide, elle vérifia que personne n'était sur ses talons et tenta de reprendre le contrôle de sa respiration. C'était idiot mais elle avait cru que les soldats royaux allaient se jeter sur elle. Au lieu de quoi, ces derniers n'avaient veillé qu'au bien de leur mission: la sécurité d'une conseillère royale. N'étant qu'une enfant pirate, cela ne faisait sans doute pas d'elle un opposant direct au roi mais elle se promit de se renseigner plus sérieusement sur les risques encourus par une personne de sa condition. Peut-être devrait-elle songer à quitter Cathairfàl dans les jours à venir et non les semaines, celle qui l'inquiétait tant venait bien de lui fournir les finances pour une telle entreprise... Cependant une question persistait à la titiller. Pourquoi Tanith et Aislin n'avaient-elles pas cherché à protéger l'assassin royal comme le reste de sa garde ?

« .. et tu sais que... »

Elle sursauta au son de la voix et ses yeux écarquillés dévisagèrent l'inconnu qui l'abordait dans une tirade plus bourdonnante que compréhensible. Sans pouvoir avec certitude resservir le contenu de ce monologue, Una comprit qu'il s'agissait là d'affaires. Plaquant un sourire timide sur son visage encore rouge des émotions passées, elle passa son bras sous celui de l'homme et se laissa mener au travers de la fête. L'inquiétude ne lui allait pas bien. Eydis soit témoin de sa dévotion. Elle honorerait la déesse ce soir et ne se laisserait plus disperser. Un amant lui avait un jour murmurer qu'il y avait un temps pour chaque chose, peut-être était-il temps de vérifier cela. Les feux de Beltane ne déclineraient pas avant plusieurs heures et il était évident qu'il lui faudrait plus d'un homme pour chasser ses préoccupations. Un sourire de louve envahit son visage et elle ne cacha plus son impatience.

(Topic Terminé)
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Eydis

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MessageSujet: Re: Les feux de Beltane.   Les feux de Beltane. EmptyDim 27 Nov 2011, 17:38

Eydis contempla ses enfants avec un sourire aux lèvres, consciente de l'amour qu'elle leur portait malgré leur imperfection manifeste. Ils n'obéissaient pas toujours à ses ordres et pendant un temps, ils s'étaient même détournés d'elle au point de la mettre dans une grande colère. Combien sa rage d'hier lui semblait futile devant ces visages réjouis et l'animation de la soirée. Tous ne sacrifieraient pas au rituel ancestral de Beltane et certains y mettraient sans doute un peu trop d'ardeur pour qu'il s'agisse réellement de l'expression d'une foi sincère mais ce soir la petite déesse n'avait pas envie de s'en soucier. Elle avait adopté une forme humaine mais personne ne lui accordait le moindre intérêt. Elle l'avait décidé ainsi. Sa propre étreinte avec le Dieu Cornu, divinité antique qui n'apparaissait qu'à cette occasion l'avait laissée exsangue et s'unir avec un de ses fidèles ne l'intéressait guère et elle en vint à la conclusion qu'accomplir un tel acte ne serait que l'expression d'un égo surdimensionné. Et elle n'était pas son frère. Elle regarda les adorateurs de Mynkor avec bienveillance. Pauvres petits... Ils n'avaient pas encore compris que son jumeau leur promettait un breuvage qu'ils trouveraient en fin de compte bien amère et difficile à avaler. Enfin. Viendrait le jour où la pitié ne serait plus de mise. Elle l'avait déjà prouvé à une reprise cette année, elle pouvait se montrer particulièrement dure et impitoyable. Si Mynkor, ce miroir obscur de ses propres pouvoirs lançait un nouvel assaut contre Lanriel, elle trouverait elle-même ses champions. Et si il dépassait les bornes alors elle l'anéantirait. Lui, ses fidèles. Elle disperserait leurs cendres au vent et effacerait leur souvenir de la mémoire de ses enfants. Ses enfants. Elle les aimait souriants, heureux, épanouis. Mais même une déesse de son envergure ne pouvait régler les problèmes de tout un continent. Tout juste pouvait-elle leur offrir des moments de répit à l'instar de celui qu'ils vivaient à présent. Elle se servit un verre d'ambroisie... La nuit se faisait vieille. Bientôt l'aube aux doigts roses viendrait caresser le ciel et Beltane serait finie. Un souvenir tout juste dans l'esprit des couples d'un soir qui glissaient doucement dans l'inconscience, épuisés par les excès de la soirée.

Il fallait retourner à la réalité. Retourner à une identité, une existence qu'on appréciait pas forcément. À ses responsabilités. Pour Eydis, cela se résumait à se désincarner, à quitter cette enveloppe humaine pour parcourir de nouveau les terres de Lanriel sous la forme d'une créature intemporelle, intangible et invisible. Cette fête pourtant ne disparaitrait pas. Elle prendrait une nouvelle forme en la personne d'une nouvelle génération de druides qui eux-même un jour viendrait à Tearmain pour célébrer la fête du printemps. Eydis aimait cette image, cette sensation de recommencement, d'immuabilité. Elle lui donnait l'impression de n'être pas si vieille les soirs où elle portait le poids du monde sur ses épaules. Il y aurait d'autres épreuves, d'autres moments de se réjouir aussi. L'histoire de Lanriel s'étendaient sur des siècles de chroniques mais pourtant elle ne faisait que commencer. Et pour le moment, ses enfants allaient dormir et ce soir Eydis veillerait sur leurs songes...
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